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Au moment même où je démarre cet article, je me trouve sur une table de pique-nique, au cœur d’un parc avec vue sur les sommets alentour. Face à moi, il y a le lac, mélange de bleus profonds et de turquoises révélant la clarté de l’eau. De l’autre côté de la rive, quelques maisons et puis la montagne, avec ses arbres de couleurs vertes, oranges et dorées un peu passées. Il semblerait que l’automne n’ait pas encore frappé ce versant de la ville. À ma droite en revanche, se trouvent plusieurs arbres d’un rouge, d’un jaune et d’un vert foudroyants. Ils entrent en échos avec le orange du célèbre pont métallique surnommé BOB par les locaux, que je perçois en arrière-plan. De part et d’autre, le soleil illumine le sable blanc des quelques plages à proximité. Mes doigts sont congelés, mais le soleil réchauffe mon dos. J’ai mon bonnet sur la tête. Et mon téléphone ne fait que vibrer. Il est matin, c’est le soir pour la France. Ce sont des messages en réponses à ceux que j’avais envoyé la veille.
Je me sens chanceuse d’être ici, privilégiée même. Je sais que je ne suis pas arrivée là par hasard et qu’il m’aura fallu remporter quelques batailles, mais une fois de plus, j’ai échappé au confinement et à cette deuxième vague européenne. Tout le monde me dit que j’ai été forte de continuer à suivre mes projets et mes rêves durant cette année de restrictions. Mais pour moi, ce n’est pas de la force, plutôt de la facilité. C’est comme-ci j’avais choisi de fuir à 2 reprises la crise alors que vous qui me lisez, depuis vos maisons de confinés, vous êtes bien plus forts. Vous n’avez pas beaucoup d’options certes, mais vous vous y tenez et vous improvisez. Vous vous adaptez. Alors, en ce début d’article, mes pensées vont pour vous, pour mes amis et ma famille. Une pensée spéciale pour mes grands-mères et surtout pour ma maman qui va à nouveau se retrouver seule, livrée à elle-même, avec son petit commerce fermé pendant que les géants continuent de régner sur le monde. Un sentiment d’injustice que je partage depuis ma terre lointaine. Et quelques leçons de vie que l’on est je l’espère tous en train de retenir.
Il n’y a malheureusement pas grand-chose que je puisse faire depuis ce banc, mais je peux continuer à écrire, à vous partager mes récits, mes photos et je l’espère continuer à vous offrir quelques bouffées d’air frais depuis vos canapés.
Je vous dédie donc cet article et vous raconte mes premiers jours en terre des caribous. Je vous emmène à Vancouver où j’ai passé une semaine plutôt tranquille, vacillant entre démarches administratives, repos et visites. Puis, je vous présenterai Nelson, petite ville animée au cœur des montagnes, où je planifie de passer l’hiver. Qui dit nouvelle expatriation, dit nouveaux états d’âmes, nouvelles frayeurs, nouveau temps d’adaptation et nouvelles aventures. Alors je vous embarque avec moi ? En route.
VANCOUVER CITY
À ma grande stupéfaction, j’ai beaucoup apprécié Vancouver. Pour quelqu’un qui déteste habituellement les villes à l’américaine et les grands immeubles, j’étais agréablement surprise de découvrir les nombreux parcs qui parsèment cette métropole. Sans compter la présence de la mer qui m’a beaucoup apaisée dans ces premiers jours toujours un peu stressants.
Au total, j’ai passé 8 jours sur Vancouver, chez Lucie et David qui avaient accepté de m’héberger suite à mes galères de logement. En effet, si le COVID se fait discret dans cette province, il a tout même bien compliqué les choses pour les voyageurs comme moi… J’avais le choix entre des hôtels et airbnb hors de prix ou des auberges de jeunesse en mode agglutinés les uns sur les autres, tout en devant se distancer socialement… (autant vous dire que c’est impossible en dortoirs de 8…)
Du coup, quand Lucie et David m’ont proposé de dormir sur leur canapé, j’étais soulagée. Lucie, je la connais depuis toute petite. Elle vivait dans le hameau voisin du mien quand nous étions enfant. Nous prenions les mêmes bus pour aller aux mêmes écoles, nous suivions des cours de musique au même endroit et elle venait se faire coiffer chez ma mère. Sa maman est une fidèle cliente de la mienne, c’est donc naturellement que j’avais appris son départ pour le Canada il y a maintenant 4 ans. J’avais repris contact avec elle il y a 2 ans pour obtenir un peu d’aide dans mes démarches de demande de visa. Et quand j’ai su que j’avais enfin mes billets je l’ai recontactée.
Je dois avouer que j’étais terrifiée à l’idée de ce voyage solo et des démarches à faire à mon arrivée. C’est bête car j’en ai déjà fait auparavant, mais cette fois, je n’avais ni ma Cachou ni Ben pour partager l’expérience. J’ai bien Gordo, mon pote canadien rencontré en Nouvelle-Zélande, mais puisqu'il n’est pas expatrié ici il n'a jamais dû faire les démarches auxquelles je dois me confronter. Alors je dois dire qu’avoir Lucie et David à mes côtés depuis ce tout début, est la chose la plus précieuse depuis que j'ai mis les pieds en Amérique du Nord.
Non seulement ils m’ont aidée dans toutes mes démarches et continuent de le faire malgré mon départ, mais ils ont aussi joué les guides pour moi ! Ils m’ont ainsi permise de découvrir la ville à travers leurs yeux d’expatriés et je leur en suis du fond du cœur très reconnaissante. Nous avons parcouru de nombreux quartiers, fait de nombreuses balades, ils m’ont accompagnée manger ma première poutine et m’ont emmenée dans un restaurant Vegan à tomber par terre. En bonne française, j’avais très peur de mes clichés sur l’Amérique et je dois avouer que je lutte contre moi-même parfois pour tenter de les ignorer et me faire un avis tout neuf sur le sujet, mais me balader avec eux, c’était une belle manière aussi de discuter de nos ressentis de français. Moi qui avait fui tout contact avec mes compatriotes en Nouvelle-Zélande, je démarre ici en faisant l’inverse. Une jolie symbolique je pense pour me forcer aussi à sortir de mon confort et de mes habitudes.
Quelques jours après mon arrivée ils m’ont emmenée à Stanley Park pour une balade verte en plein cœur du centre-ville. De quoi observer les mixes de cultures et respirer un bon bol d’air frais. Et de quoi capturer, cette fois de façon plus nette, mes copains les écureuils !
Sur le chemin du retour, petit passage par Yaletown, un quartier assez chic, aux bâtiments de briques rouges, qui m’ont rappelé les lofts de toutes ces séries américaines.
Nous avons ensuite pris le Bateau-Bus pour se rendre à Granville Island, une petite île couverte de marchés diverses : art, artisanat, brasserie locale, bars, restaurants, marché de produits frais, marché pour enfants et même des stands de produits français… C’était assez dingue, j’ai beaucoup aimé ! Au final, c’était drôle car j’avais l’impression d’être dans un Luna Park, vous savez ces micro-parc d’attractions où tout semble avoir été créé pour le divertissement… Les couleurs qui arboraient les rues et habillaient les immeubles avaient ce côté vif des fêtes foraines. Je me serai crue dans un village alternatif, mi-hippie, mi-artistique, qui aurait été créé de toute pièce pour les adultes.
Le dimanche, Gordo est venu me chercher pour m’emmener sur l’un des sommets de montagne situé à seulement 20 min en voiture du centre de Vancouver. Une fois tout là-haut, il y avait déjà bien 15 cm de neige au sol. Nous avions prévu une grosse randonnée mais au vu du manque d'équipement de notre part, nous avons improvisé une petite balade sur l'un des sentiers les plus fréquentés. Après 1h de marche, nous pouvions observer Bowen Island et la mer qui, comme en Norvège, s'entrelace ici aussi avec les terres. C’était vraiment chouette d'enfin quitter la ville, de m’immerger dans cette forêt et de découvrir ces paysages en compagnie d’un local !
Gordo m’a ensuite emmenée au sud de Vancouver, tout proche de la frontière avec les US, là où il vivait jusqu'à maintenant avec son père. Après un petit tour en brasserie locale (les Canadiens font beaucoup de bière !), il a joué les guides et m'a emmenée voir la frontière.
Pour une européenne comme moi, c’est assez flippant de voir à quel point deux pays peuvent être aussi strictes sur les limites de territoire. Je ne suis vraiment pas habituée à voir ce genre de « mur » ou de grillage dans ce cas précis, qui interdisent tout passage. Il m’a aussi emmenée sur une plage qui, malgré le manque de frontière physique, est, elle-aussi, sujette à ces limites de territoire. Bon, en rigolant je dois avouer avoir dit à Gordo « si je nage au-delà de la frontière, mais que je dis que j’ai pas fait exprès, est-ce que c’est grave ? ». Je vous la fais courte mais il m’a bien fait comprendre que les Américains ne déconnent pas avec ça… Moi qui rêvais d'aller mettre un pied aux États-Unis tout en ayant un pied au Canada (j'aurais pu être techniquement dans les deux pays à la fois) c'est raté ! Autant vous dire que cela m'a ramenée à une tout autre réalité... Je ne m'étais jamais autant sentie aussi peu bienvenue et mal à l'aise que face à ce grillage... Et au final, moi je vous le dis, c'est vraiment une chance cet espace Schengen en Europe...!!!
Je suis ensuite restée dîner chez le père de Gordo, John, qui m'avait gentiment proposé de venir expérimenter un vrai repas à la canadienne chez eux. Tout comme j'avais pu le vivre en NZ, j'étais ravie d'avoir une fois de plus l'occasion de m'essayer à une coutume locale. Et puis, je lui suis mille fois reconnaissante car c'est aussi en partie grâce à lui que j'ai enfin pu mettre les pieds sur le sol canadien !
Dans les jours qui ont suivi, j’ai continué à parcourir la ville, seule ou avec mes hôtes, me donnant ainsi encore plus l'occasion de m'essayer à leur vie de français expatriés à Vancouver. J’ai eu la chance d’accompagner Lucie au travail toute une après-midi. Elle est « Dog Walker », en français « promeneuse de chiens ». (ouais ça sonne moins bien). C’était sa dernière semaine et j’avais vraiment envie de découvrir ce métier peu connu en France, c'est donc le temps d’une petite promenade avec Yoshi qu'elle m'a expliqué les grandes lignes de son métier. Sincèrement, si j’étais bloquée en grande ville, je crois que c’est un job que je pourrais faire. Parcourir les parcs et les rues avec un chien différent à chaque fois, tenter de les défouler, leur apprendre quelques tours et profiter de toute l’attention qu’ils peuvent parfois nous donner en tant qu’humain, c’est quand même agréable… même si j'avoue que cela veut aussi dire passer tout l’hiver dehors...
Pour mon dernier jour en ville, je suis allée me balader seule dans le quartier de Downtown et de Gastown. David et Lucie m’avaient prévenue : j’y découvrirais sûrement les côtés négatifs de Vancouver et une tout autre réalité, celle de la drogue. Ils m’avaient déconseillée d’aller dans certaines rues mais j’avoue que je me suis un peu laissée guidée par mon envie de flâner et j’n’ai pas vraiment fait attention à là où j’étais. En fait, Gastown est un quartier vraiment beau architecturalement parlant et on y trouve quelques boutiques artistiques vraiment sympa. Le problème c’est qu’il est à la limite des rues où la pauvreté se fait ressentir. Certes, le cannabis est légal au Canada et soyons honnêtes, rares sont les personnes qui considèrent encore cette plante comme une drogue au 21ème siècle. Le problème ici, ce sont les drogues dures dont les opiacés. Le gouvernement a ouvert des salles de shoot, pour « contrôler » la situation, mais si j’en crois Lucie et David, cela a ramené le « problème » directement en plein centre-ville. J’utilise des guillemets ici car c’est vraiment un sujet de fond et je suis loin d’être spécialiste là-dessus. Pour moi, ce n’est pas plus mal que cela se passe en centre-ville car ça pourrait peut-être éveiller les consciences à ce sujet, mais je me suis beaucoup demandée ce qui avait pu amener les gens à sombrer comme cela. Est-ce le système de crédit qui gouverne le pays ? Est-ce le fait qu’il n’y ait pas d’hôpitaux psychiatriques ? Est-ce la vie hors de prix à Vancouver ? Est-ce le système de santé quasi inaccessible ? Ou un mixe de tout ? Je ne sais pas, mais je peux vous dire que cela m’a fait un bien drôle d’effet.
Par le passé, j’ai bien été confrontée à nos SDF parisiens, mais là, c’est un tout autre niveau. Pour vous dire, j’ai eu comme l’impression de traverser plusieurs rues pleines de zombies… Vous savez, ces films de fin du monde, dans les rues américaines avec les grandes tours d’immeubles aux alentours. C’était exactement ça. Tous ces gens, par dizaine et dizaine qui errent, presque sans âmes, au milieu des rues. J’avais peur, j’étais en colère, j’étais mal à l’aise, j’étais choquée, j’étais révoltée. Je ne savais plus vraiment où était ma réalité dans l’histoire mais d’un sens j’étais vraiment ravie d’avoir pris la « mauvaise » route. Je me suis prise de plein fouet toute cette injustice et toute cette fragilité d’un système dans lequel on vit… Et j’ai pris conscience d’un bon nombre de privilèges que j’ai là, aujourd’hui, mais que je n’aurais peut-être plus demain. Et je peux vous dire que je suis sortie de ces rues, le cœur battant à mille à l’heure, écœurée par ce système et apeurée que cela puisse m’arriver à moi aussi…
Au final, Vancouver aura été une expérience très enrichissante. Au départ, je n’y entendais que les sirènes incessantes des ambulances reliant le quartier où l'on vivait à celui de Downtown, mais avec le temps, j’ai appris à apprécier les espaces de verdures, les couleurs automnales incroyables même en centre-ville, l'architecture très éclectique, les quartiers aux allures complètement différentes, les bruits des corbeaux, des moineaux ou encore celui plus étonnant des mouettes longeant la mer. Cette ville est un vrai mixe de culture et dont l’esprit très ouvert rend la vie plus agréable.
Je n’avais même jamais cherché d'images de la ville avant d’atterrir ici et pour tout vous dire, je ne savais même pas que les montagnes étaient si proches et apparaissaient en arrière-plan des buildings. Je dois avouer que cela aura été l’une de mes plus belles surprises !! Qui plus est, malgré ma dernière expérience assez déconcertante, je suis ravie d’avoir pu expérimenter cet endroit dans sa globalité, faisant ainsi la transition progressive vers ma nouvelle vie en Colombie-Britannique.
Exactement 3 semaines jour pour jour après mon arrivée chez les caribous, je profitais d'un dernier dîner avec Lucie et David avant d'entamer au petit matin le chapitre 3 de cette aventure... Départ à 6h30 en bus, en direction de Nelson, une petite ville située à proximité des rockies canadiennes !
DE VANCOUVER A NELSON
Nelson se trouve à 8h de route de Vancouver (mais il faut plutôt en compter 10 en bus) et à 6h de Calgary, la capitale d'Alberta (région limitrophe à la Colombie-Britannique). J’avoue avoir passé pas mal de temps à dormir, j’étais assez fatiguée de la vie citadine et puis, le ciel n'était vraiment pas découvert au début alors c'était quasi impossible de profiter du paysage. Heureusement, à mi-chemin le soleil était de retour. Parfois je souriais à la vue des montagnes mais je dois avouer que j'ai quand même eu un peu peur. C’était beau mais j’avais pas vraiment de coup de cœur en mode « wahoo » comme j’ai pu en avoir par le passé en Nouvelle-Zélande ou en Norvège. Quand cela m’arrive, j’ai toujours un peu d’appréhension : j’ai vu tellement d’endroits grandioses que j’ai toujours peur d’en devenir systématiquement blasée. Et puis, malgré ma détermination à ne pas me laisser envahir par mes clichés américains, quand je voyais les petites ou moyennes villes que l'on traversait, j'ai eu envie de fuir. Je crois qu'au moins, en Nouvelle-Zélande, j'avais la chance de ne pas savoir à quoi m'attendre et de n'avoir aucun cliché en tête avant d'y aller. Ici, j'ai tout à déconstruire pour reconstruire.
Bon, par chance j'avais de quoi me rebooster un peu en chemin puisque j'ai vu des cerfs et bouquetins à plusieurs reprises !
PREMIERS PAS À NELSON
Je suis arrivée vers 16h30 à Nelson, suffisamment tôt pour me chercher un taxi et me rendre à l’auberge de jeunesse. Ici, le Covid étant assez peu présent, les auberges sont ouvertes. La seule contrainte (que j’apprécie) c’est que l'on soit que 2 personnes par dortoir de 8. Cela rend l’expérience un poil plus agréable. C’est un peu bizarre en revanche d’être dans un lieu habituellement riche de rencontres mais de devoir se distancer les uns des autres et d'avoir une présence limitée par pièce. Je psychote un peu parfois à la moindre toux bien sèche de certains des occupants des chambres voisines mais je me protège du mieux que je peux. Ce n’est qu’une situation temporaire puisque le 7 novembre prochain, j’emménagerai en coloc dans la maison qui devrait être, je l’espère, ma « home sweet home » pour l’hiver.
Une fois mes affaires déballées et ma douche prise, je suis allée me balader pour avoir un premier aperçu de cette petite ville dont on m’avait tant parlé et ma première impression fut vraiment positive. Il y a des bâtiments anciens, me rappelant un peu ceux de notre douce France, tout en ayant aussi un côté très canadien (ou américain?). Comparé à la Nouvelle-Zélande, je retrouve ici nos atmosphères de centres-villes européens et la vie locale semble beaucoup tourner autour des bars, restaurants et associations alentours. Ce qui, je ne vous le cache pas, a le don de me réjouir à chacune de mes sorties !
Il paraît que Nelson est très artistique, très culturelle, très hippie aussi, avec de nombreux restaurants, bars et cafés, et une population très mixte, très communautaire et très sympathique. On est en plein dans les montagnes, à deux pas des stations de ski. Il y a trois studios de yoga en ville et en été, il y a beaucoup de pistes de VTT. C’est pour cela que tout le monde me disait que cette ville était le croisement parfait de ce qui fait ma personnalité…
Pour l’instant je passe mon temps plutôt seule à flâner dans les rues, à écrire et à me balader. Je parle de temps en temps à des gens de l’auberge, mais je sais qu’il va me falloir être patiente, car le Covid rend tout de même les choses un poil plus complexes en matière de sociabilité. Mais de ce que l’on en dit, les habitants de Nelson sont très « friendly » donc une fois que j’aurais un job, une coloc et que Gordo sera arrivé lui aussi, je pense que les choses bougeront un peu. (oui oui, il passe l'hiver à Nelson lui aussi, c'est pour ça aussi que j'ai choisi de venir dans cette ville, histoire de démarrer l'expérience avec un ami à mes côtés)
J’ai fait quelques démarches administratives supplémentaires, j’ai dit au revoir à mon joli bout de papier rose pour l’échanger officiellement contre un permis de conduire de Colombie-Britannique. Adieu permis français, je ne le reverrais malheureusement jamais.
Je suis également en plein dans la recherche d’une voiture, qui s’avère un poil plus compliqué que ce que j’avais imaginé. Je regretterais presque parfois de ne pas avoir pris le temps de le faire à Vancouver mais bon, comme j’ai eu une bonne étoile jusqu’à maintenant, je me dis que si une voiture est faite pour moi, elle me tombera dessus au moment venu. Et puis, on m'a pas mal stressée ces derniers jours avec la quantité de neige et de verglas qui recouvre les routes de Nelson apparemment en hiver donc bon, on verra, peut-être que l'option bus sera la meilleure.
Sinon, j’ai trouvé une boulangerie franco-canadienne ainsi qu’une charcuterie bio qui importe les fromages de France et qui fabrique leur charcuterie sur place avec des cochons élevés à la ferme... En bonus, ils font même du pain au levain et des viennoiseries maison, avec de la farine bio et locale ! Autant vous dire que je sais où mon budget risque de passer ces prochains mois et surtout à Noël...
ET SINON COMMENT JE ME SENS ?
J’ai l’impression que depuis que je suis partie de France, j’ai eu comme une bonne étoile au-dessus de ma tête qui, même dans les situations les plus stressantes, m’a permis de tenir bon... Cela me donne la force de me lever le matin et me donne de l’espoir dans toutes les démarches les plus difficiles à faire. J’essaie constamment de positiver et de me dire que peu importe la situation, si elle ne se déroule pas de la manière dont j’aimerais, c’est que quelque chose de mieux encore m’attend au tournant. J’ai le sentiment parfois d'avoir retrouvé foi en la vie, un peu comme celle que je m'étais découverte en Nouvelle-Zélande quand je demandais à l'univers de m'envoyer des signes il y a maintenant 3 ans. Sauf que mon univers ou mon étoile à moi maintenant, c'est mon père.
Ce matin même, Gordo me disait qu'il me trouvait plus épanouie qu'en février dernier quand j'étais allée le voir à Budapest... Et je crois au fond de moi je suis assez d'accord avec lui. J'en ai fait du chemin depuis ce 12 janvier 2019. J'en ai vécu des tempêtes et j'en vivrais encore de nombreuses. Mais au final, c'est ça aussi le deuil. Passer de ces moments complètement douloureux quand on pense à cet être perdu, à ces moments d'acceptation et d'illumination qu'une pensée pour lui peut aussi vous provoquer. C'est comme-ci au lieu de laisser mon cœur pleurer son absence dans la mort, j'avais décidé de lui faire confiance et de le laisser me guider à travers la vie. Un passage comme de l'ombre à la lumière...
Alors oui, j'ai hâte de faire des rencontres, de trouver un boulot, d'emménager dans ma future colocation, de trouver la voiture de mes rêves, mais en attendant je suis ravie d'être ici, je me sens respirer et libre et au fond de moi je sais que je ne me sentirai plus jamais seule... J'ai la chance d'avoir ma maman, ma sœur, ma couz jumelle, ma famille et mes amis en or qui se reconnaîtront ici. Et puis, chaque jour, à chacun de mes pas, j'ai mon papa, là au fond de moi, qui me permet de tenir, de sourire à la vie, de la prendre à bras le corps, même jusque dans les plus petits villages perdus au fin fond du Canada.
Je pense à vous en confinement,
Love depuis mes montagnes,
Co.
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