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Photo du rédacteurCoralie Marichez

"Sur les routes" - Une semaine dans les Rocheuses

"Il y a quelque chose dans le voyage et les road trips qui me fait me sentir libre. Libre d'être moi. Libre de vivre. Chaque fois que je me retrouve sur les routes, je me reconnecte instinctivement avec moi-même.

Le nomadisme donne à mes pensées le pouvoir d'avancer. Elles bougent avec moi, elles évoluent au fur et à mesure que je parcours du terrain. Le mouvement physique nourrit cette progression mentale que rien d'autre ne m'apporte. Quand je vis une vie de sédentaire, je me sens souvent comme enfermée, bloquée. J'y manque de liberté. Sur les routes, les aventures, quelles qu'elles soient, m'apportent un sentiment de paix. Sur les routes, ma solitude ne me dérange pas. Bien au contraire. Mon hypersensibilité devient un atout. Mes différences sont acclamées par les autres. Sur les routes, je vis et je rêve, éveillée. Sur les routes, je me sens être. Sur les routes."


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Le mois dernier, après mon retour de Quadra Island, j'ai décidé de prendre la route pour les Rocheuses canadiennes. Les Rocheuses, ce sont ces paysages de dingue auxquels vous pensez sûrement quand on vous parle du Canada. Les lacs bleus émeraudes, les pics et sommets abruptes, la vie sauvage et ces villes ou villages sophistiqués. Vous aviez déjà aperçu quelques photos de mes précédentes visites de Banff et Lake Louise mais toujours en hiver. Cette fois, ce sont des couleurs à mi-chemin entre l'été et l'automne que je vous partage.


Une semaine d'aventures, de randonnées, de découverte de l'ailleurs. Des sommets a seulement 5h30 de la maison et la réalisation que dans cette vie à nouveau, tout semble possible.

Je vous emmène ?



AVENTURE #1 - CANMORE > BARRIER LAKE > KANANASKIS LAKES > SPRAY LAKE > CANMORE


Alors que j'espérais esquiver la fumée très épaisse qui avait envahit Nelson le matin de mon départ, c'est

avec le même décor qu'il m'aura fallu passer ma première journée dans les montagnes. Réveil matinal, dans le brouillard, en direction de Barrier Lake, pour une courte randonnée avec vue sur ce réservoir. Si je ne suis d'habitude vraiment pas fan de la fumée provoquée par les feux de forêts, je dois avouer que ce matin là, la brume semblait donner un peu plus de caractère à cette aventure.

Au départ, l'objectif était d'aller randonner dans le Kananaskis National Park mais au vu de la qualité de l'air et de mon asthme, j'me suis donnée une journée pour le parcourir, à bord de ma voiture. Cela m'aura rappelé bien des souvenirs de Nouvelle-Zélande avec ma Cachou, à parcourir ces paysages et à m'extasier, cette fois seule, face à ces sommets le long des routes. Je n'aurais pas pu rêver mieux : c'était une parfaite mise en condition pour cette semaine qui s'annonçait riche en émotions.



AVENTURE #2 - LAKE LOUISE > DEVIL'S THUMB > BIG BEEHIVE


Le deuxième jour, malgré une météo peu prometteuse, je décidais de partir en direction de Lake Louise pour une randonnée que j'avais depuis longtemps en tête : Devil's Thumb.


Après 30 minutes de trajet, je me dépêche de faire mon sac et je me mets en route direction le lac. Et là, déception. Il y avait un brouillard si épais qu'on ne voyait absolument rien. Je dois avouer que j'étais à deux doigts de faire demi-tour et d'annuler ma journée. Mais une petite voix s'est mise à me murmurer que si les nuages étaient si bas ce jour-là, j'arriverais peut-être à passer au-dessus. J'ai donc commencé à grimper, grimper, grimper jusqu'à ce que je perçoive un bout de ciel bleu, puis quelques sommets et un premier lac.


J'ai poursuivis la grimpe jusqu'au sommet de Devil's Thumb pour une vue, certes, dissimulée par les nuages, mais tout de même à couper le souffle. J'ai attendu une heure au sommet dans l'espoir de percevoir un peu de turquoise du Lac Louise mais en vain.


Puisque j'étais là et que j'attendais patiemment que le soleil chasse les nuages à mesure que la journée se réchauffait, je décidais d'entreprendre un second sommet, plus petit cette fois, le Big Beehive.


Même histoire, j'ai attendu quelques longues minutes dans l'espoir d'avoir une vue plus dégagée et c'est au moment où j'atteignais la fin de la rando que les nuages avaient enfin disparus... De quoi me laisser repartir un peu bredouille mais tout de même super contente d'avoir battu la pluie annoncée sur toutes les applis météos.


Avant de rentrer sur Banff, je m'imprègne une dernière fois de ces paysages et me demande : "Peut-on un jour se lasser de cette couleur ?". Je ne sais pas vous mais pour moi, ce turquoise a quelque chose de magique. Face à ce lac, mes pensées font des ricochets. Elles flottent quelques secondes et s'estompent au large. C'est presque irréel de faire face à tant d'intensité et de beauté. Il n'y a rien de plus apaisant pour l'esprit.




AVENTURE #3 - KANANASKIS NATIONAL PARK > RAWSON LAKE > SARRAIL RIDGE


Jour 3 : Après la magnifique journée de la veille et mon coup de cœur du jour précédent, j'étais super motivée à l'idée de retourner dans le parc de Kananaskis. Cette fois, pour une randonnée jusqu'à Rawson Lake puis Sarrail Ridge.


La première étape étant assez fréquentée, le chemin était super balisé. Aucun soucis donc pour atteindre ce lac, qui m'aura offert l'un des plus beaux effets miroirs jamais observé. Je me souviens encore du calme qui avait envahit les montagnes ce jour-là. Je n'avais croisé la route de personne et j'avais cet endroit tout à moi. Mis à part le cris des Pikas* que j'entendais au loin, c'était si silencieux. Tellement, que je me sentais gênée par le bruit de mes pas sur les cailloux. J'avais l'impression de perturber les montagnes et la vie sauvage et de rompre ce moment si magique...

* Un pika est un petit mammifère de la famille des lapins, qui ressemble un peu à une souris et vit dans les roches.



Après quelques minutes à apprécier le paysage, je décidais de poursuivre ma route pour faire une boucle passant par l'arrête "Sarrail Ridge". Alors que je grimpais à flan de montagne sur un terrain très pentu et plutôt glissant, je me répétais sans cesse "Tu peux le faire. Continue. Un pas après l'autre. Et ne tombe pas" Non seulement l'inclinaison était si forte que je galérais avec mon asthme, mais l'idée d'une cheville foulée, seule sur cette montagne, n'avait rien de rassurant. Je crois que c'est là où j'me suis dit que j'aurais bien aimé avoir un "hiking buddy", pour une fois.


Ce que je ne savais pas encore, c'est que ce n'était que le début de cette aventure...


Une fois au sommet, ou du moins, ce que je pensais être le sommet, je me pose pour prendre mon lunch. Je passe 20 minutes à discuter avec un petit "chipmunk" venu voler quelques miettes de mon sandwich avant de percevoir une silhouette en haut du pic à ma droite. Je regarde alors la carte et effectivement, je n'étais pas encore arrivée.


J'observe une coureuse s'aventurer sur ce mur, qui ressemblait plus à de l'escalade qu'à un chemin de randonnée puis je me lance. "Après tout, si elles l'ont fait, pourquoi pas moi." Je me retrouve alors moi aussi à grimper, à main nu. C'était le deuxième regret de la journée. Car non seulement le chemin n'était plus du tout balisé, mais la montée fut elle, encore plus difficile.


Une fois le pic atteint, la vue est si magnifique que j'en oublie vite mes péripéties. La poussée d'adrénaline me fait sourire et respirer comme jamais. Je prends un selfie, je marche le long de l'arrête, j'en prends plein la vue et je respire de grandes bouffées d'air frais et de liberté avant de me diriger vers la dernière partie de la rando.


Ce devait être une descente dans la forêt, a priori plus facile que la montée. Le problème c'est que, le sentier semblait un peu flou dès le sommet. Convaincue qu'une fois dans les arbres, je trouverais le chemin, je continue ma descente. "Ça ne peut pas être pire que de l'autre côté," me dis-je...


Au final, j'ai passé plus d'une heure, (ressentie 3) à tenter de me frayer un passage a travers arbres morts, sol très mou et branches cassées. Je n'ai jamais vraiment paniqué mais je dois quand même avouer que j'avais bien conscience que la situation était loin d'être idéale... Surtout après avoir croisé quelques empreintes d'animaux, du genre de celles que l'on ne veut pas voir au Canada.



"y'a un animal, c'est sûr y'a un animal. - arrête j'ai peur. - Hello ?! Y'a quelqu'un ?"


C'est avec un grand soulagement que j'entendis ces mots au loin. Tel un animal sauvage, guidée par leurs voix, je bondis alors comme sortie de nulle part et trouvait enfin la sortie de cette jungle canadienne. De quoi effrayer puis rassurer ce couple de touristes qui se souviendra certainement de cette histoire aussi longtemps que moi...


Au final, avec du recul, j'ai fait tout ce que j'avais en mon pouvoir pour effectuer cette randonnée le jour J. J'avais préparé le terrain, j'avais la carte et le GPS actif, et j'ai pris autant de précautions possibles à chaque moment un peu tordu par lesquels je suis passée. L'information qui m'a manquée c'est le fait que le sentier n'est pas entretenu et n'existe plus vraiment malgré son tracé sur de nombreuses applis de randonnées. Ce qui veut donc dire que dans ces cas-là, un partenaire d'aventure est plus que conseillé. Leçon retenue :)



AVENTURE #5 - ESCALADE A BANFF


Après mes aventures de la journée, je devais aller faire de l'escalade avec Annie, qui est l'une des raisons pour lesquelles je suis venue à Banff en septembre. Si vous me suivez depuis longtemps, vous avez déjà vu passer sa bouille sur mes photos de Patagonie. Elle faisait la même formation que moi en Argentine et vit maintenant ici dans les Rocheuses.


Elle m'a donc emmenée à 5 min en voiture du centre-ville pour 2 heures d'escalade avec une vue de dingue. Le coucher de soleil était magnifique et histoire de parfaire la journée, nous nous sommes retrouvées à finir la session dans la pénombre, ce qui aura rendu ce moment encore plus exceptionnel.


De quoi ajouter quelques nouveaux souvenirs mémorables de mes aventures avec Annie, comme au bon vieux temps !




AVENTURE #6 - GOAT CREEK TRAIL


Après mes péripéties du jeudi, j'étais bien contente d'aller randonner avec un petit groupe de copains le samedi matin. Nous espérions peut-être croiser quelques mélèzes aux couleurs d'automne mais en vain. Aucun regret car les montagnes étaient majestueuses, comme partout dans les Rocheuses. Et puis, j'aurais eu l'occasion de rencontrer ma première copine d'asthme d'effort, Maddy ! Partager nos histoires d'aventures et de poumons en galère m'aura enfin permise de ne plus me sentir seule avec mon souffle de moineau et ça, ça n'a pas de prix !



AVENTURE #7 MORRAINE LAKE > SENTINEL PASS


Dernier jour, bouquet final : Lac Morraine.


Cela fait des années que je rêve d'aller voir ce lac que vous avez surement déjà croisé sur des cartes postales ou des brochures du Canada. C'est l'un des plus fréquenté et il est quasi impossible d'y accéder et de s'y garer en période estivale. C'est donc après une nuit assez courte, un réveil à 3h du matin pour battre la foule et une seconde nuit passée dans la voiture jusqu'à 6h30 sur le parking, que le spectacle a enfin pu commencer.


C'était l'un des plus beaux levers de soleil que j'ai jamais vu. Le seul hic, c'est le nombre de touristes présents eux aussi pour assister au même show. Et je dois tout de même avouer que cela enlève une bonne partie du caractère assez exceptionnel de cet endroit.


Nous avons ensuite poursuivi la journée en direction du col Sentinel, une randonnée moyenne mais elles aussi très fréquentée. Malgré le sentiment parfois d'autoroute, j'ai passé une merveilleuse dernière journée, dans ces paysages tous plus incroyables les uns que les autres. C'était vraiment une belle manière de finir ce road trip.



LE BILAN ?


En dehors des randonnées et aventures que j'ai pu faire durant cette semaine dans les Rocheuses, je dois quand même vous partager mon coup de cœur pour la ville de Canmore. Si Banff a ce côté trop touristique et sophistiqué qui lui donne un air de Disneyland, Canmore aura eu de quoi me charmer. Bien qu'elle soit située juste à la sortie du parc national, elle se trouve tout de même encore en plein milieu de sommets majestueux. La vallée y est large, beaucoup plus qu'à Nelson où je bataille constamment avec un sentiment de claustrophobie. La ville est plate (adieu les pentes raides de Nelson), ce qui favorise le déplacement à vélo. Elle est également traversée par une rivière d'un bleu aussi turquoise que les lacs et la nature fait partie même du centre-ville. Le tout, dans un décor très montagnard avec des chalets tous plus luxueux les uns que les autres... Autant vous dire que j'étais vraiment envoutée par cet endroit.


Si je ne peux pas changer de province à l'heure actuelle à cause de ma demande de résidence permanente, Canmore aura eu au moins le don de ré-ouvrir mon esprit et de raviver mes croyances : dans ce monde, tout est possible.

Au final, je suis tellement contente d'avoir pu prendre ces quelques mois off pour vivre tout simplement. C'est dans ce genre de moment que j'me rends compte de la beauté des paysages qui m'entourent mais aussi de la générosité des gens en général. J'ai l'impression d'avoir vécu tellement plus ces 4 derniers mois que ces deux dernières années au Canada. Si parfois je suis prise de panique parce que mon quotidien ne ressemble en rien à celui des autres, quand je repense à ces photos, à ces aventures, à toutes ces découvertes, ces rencontres, et quand je réalise tout le chemin que j'ai parcouru en moi, depuis 5 ans, c'est là que je me dis qu'en fait, c'est ça, le sens de la vie. Et je vous jure que ça, ça n'a pas de prix...


A très vite.

Love. Co.

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