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Photo du rédacteurCoralie Marichez

Un an à l’étranger pour repenser ma vie. Co au pays des kiwis, le bilan.

Je vous l’avais promis, après cette aventure extraordinaire à l’autre bout du monde, l’heure est au bilan. Avant même d’entamer cette année de césure, on peut dire que j’avais déjà la bougeotte. Depuis que j’ai quitté « mon nord », j’ai passé 6 années à Paris, 2 à Lyon, 3 mois de vadrouille en Europe, 2 mois de fille au pair en Espagne et 10 mois en Nouvelle-Zélande… J’ai fait 5 années d’études dont 2 formations différentes, 3 ans de boulot fixe, 1 an et demi de freelance, une série de petits jobs et de volontariat et j’ai des amis maintenant répartis sur 3 continents et dans 7 pays différents… A vous entendre, ça devrait me suffire. Et pourtant… « Tu vas pas déjà repartir quand même ? t’es pas bien là ? Tu ne veux pas rester un peu ? », « Ah si vous saviez… » Mais voilà. Finalement la conversation s’arrête bien souvent là. « Ce serait trop long de tout vous expliquer. Et puis vous ne comprendriez pas… » J’ai longtemps partagé cet avis, jusqu’au jour où j’ai croisé le commentaire d’une maman affirmant :

« le voyage m’a volé ma fille. »

Je me suis alors promise que le jour où j’aurais moi-même des réponses à ses questions, je prendrais le temps de les écrire, de les partager, pour que toutes les mamans qui me lisent, (mais aussi les papas, les grands-parents, les frères, les sœurs, les amis, …) puissent un peu mieux nous comprendre, nous, voyageurs insatiables ou expatriés en quête d’une autre vie…10 mois plus tard, je tiens ma promesse et vous dresse, tant bien que mal et à travers mon histoire, le portrait d’une génération qui a trouvé son bonheur aux antipodes de la vôtre…


PARTIR


Ça commence par un « je pense partir voyager quelques semaines » et puis ça finit par une année en Nouvelle-Zélande. On m’avait dit : « C’est facile de fuir, mais quand tu reviendras, tes problèmes ils n’auront pas disparus eux. » Mais alors qu’est-ce qui m’a réellement poussée à partir ? Pendant un peu plus d’un an j’ai noté, observé, analysé mes envies, mes idées et celles de tous ceux croisés sur les routes pour tenter de les comprendre. Et depuis que je suis rentrée, je n’ai qu’une idée en tête : tenter de vous expliquer pourquoi vivre aussi loin m’a rendue aussi heureuse.


Pourquoi ma génération ne rêve-t-elle que de voyage ?

Personnellement, le voyage est née de cette impression d’avoir grandit entre deux mondes, celui imaginé pour nous, par nos parents, une génération qui a été portée par les révolutions, les progrès et la mondialisation, et celui d’un monde en dettes, humaines, écologiques, sociales… pour une planète sur laquelle on va devoir vivre encore quelques temps. Alors quand il a fallu grandir et se faire sa place, je me suis sentie tiraillée entre l’envie de plaire à mes parents et de leur offrir la fille avec la vie qu’ils avaient imaginé pour elle ou celle d’aller me confronter au monde pour découvrir la fille que j’avais l’impression de pouvoir devenir. J’aurais pu continuer ce parcours « parfait » que j’enchainais depuis l’enfance mais le matin de mes 25 ans, je me suis réveillée la boule au ventre, avec la peur que ma vie, la mienne, celle pour laquelle j’aurais choisi toutes les composantes et les valeurs, me passe sous le nez. Et c’est là en quelque sorte, que j’ai démarré ce que j’ai appelé ma crise des 25 ans.


Ma crise des 25 ans.

25 ans. Ni 20. Ni 30. Je me sentais comme enfermée dans une société que je n’avais pas choisie. Coincée dans un entre deux. Un entre-deux âges, un entre-deux mondes. Et finalement, avec le recul, un entre-deux moi. Plus je prenais conscience de la réalité qui m’entourait, plus j’entamais ma navigation à contre-courant. Toute la beauté du monde que l’on tentait de m’offrir depuis ma naissance se mettait à rencontrer toute l’horreur d’un autre monde que je commençais à peine à comprendre. J’avais envie d’agir, de me sentir utile, de changer les choses mais j’étais coincée dans des cases que la vie, la société et le système avaient tracé pour moi. Alors j’ai entamé la bataille, contre vents et marais, remis en cause les valeurs et les idées que l’on a essayé de m’inculquer, fait face aux atrocités de ce monde que beaucoup d’autres préfèrent ignorer. Mais, malgré mes efforts, je n’arrivais pas à sortir de cette boîte de vie que l’on avait construite pour moi. J’avais peur de me confronter aux regards des autres, de mes proches, de ma famille. « Oh non, tu ne vas pas quitter ton travail pour partir. Tu as de la chance, t’as un copain, un appart, un super boulot. Il y en a plein des gens qui rêveraient d’avoir la vie que tu as. » Oui mais voilà. Moi cette vie là, j’n’en rêvais plus. Alors j’ai erré dans ma vie pendant quelques mois, sans savoir comment en sortir, jusqu’au jour où l’univers est venu me donner un coup de pouce.


Le déclic.

Je rêvais de partir car j’avais l’impression que le voyage me donnerait la seule excuse valable aux yeux de mon entourage pour finalement tout quitter. Mais faut-il encore avoir le courage de le faire. Je me suis cachée derrière des excuses pendant plusieurs mois jusqu’à ce que la vie me les retire. Plus de job, plus de mec, plus d’appart’, j’n’avais plus grand chose à répondre quand on me disait « qu’est-ce qui te retient pour voyager si tu en as toujours rêvé ? » C’est vrai ça. Qu’est-ce qui me retenait ? C’était enfin le bon moment pour partir, tout quitter, sans que personne ne me disent : « mais enfin, tu ne vas pas faire ça maintenant ?! ». Alors, 1 an et demi après et pour calmer la tempête en moi qui s’était déclenchée le matin de mes 25 ans, je suis partie.


Les premiers voyages.

Je suis partie une première semaine à Barcelone, seule, puis 10 jours en Irlande, 7 jours aux Pays-Bas et un retour pour 2 mois et demi en Espagne. J’ai découvert le voyage en sac à dos et en solo. J’ai rencontré des gens formidables tout comme j’ai croisé la route de grands abrutis. J’ai observé les autres « être » pour mieux comprendre qui j’étais. Chaque nouvelle ville était l’opportunité pour moi de choisir qui je voulais être aux yeux des autres. Et sans le savoir, je débutais la meilleure thérapie de ma vie.



LE VOYAGE COMME THERAPIE


Quand Cachou m’a proposé de partir avec elle en Nouvelle-Zélande, j’ai hésité. C’est con mais c’était son voyage. Elle le préparait depuis des mois, et moi j’allais juste sauter sur l’occasion pour m’envoler au bout du monde ?! Finalement oui, c’est ce que j’ai fait. Mais je me suis promise que si je partais, c’était pour mieux revenir. Depuis quelques semaines, j’avais déjà eu un avant-goût de la vie de voyageurs ou d’expatriés. Mais j’avais le sentiment que je trouverais dans ce grand voyage un peu plus que ce que j’avais déjà exploré. Et j’étais loin de m’imaginer à quel point j’avais raison. Aujourd’hui je le clame haut et fort :


Voyager m’a sauvée.

Je me suis guérie de cette crise des 25 ans en allant me confronter à d’autres mondes, d’autres gens, d’autres manières de penser et de vivre. Je n’étais plus coincée dans la vie que la société avait imaginée pour moi, je pouvais être qui j’avais envie d’être quand j’en avais envie. Je n’avais plus personne pour me juger mis à part moi. Si un beau matin je me réveillais avec l’envie de jouer les aventurières, je pouvais l’être. Si je voulais être la fêtarde d’un soir, je le pouvais. J’avais toutes les cartes en main. Et moi seule les dirigeais. J’ai joué à la voyageuse, la citadine, la fille ultra-sociable, la discrète, la nomade, la paysanne, la presque-végétarienne ou encore l’écolo. J’ai expérimenté des métiers, des modes de vie. J’ai rencontré des gens aux antipodes les uns des autres. J’ai fait tout un choix de vie presque sans contraintes sociales, et c’est en ça que le voyage m’a sauvée.


J’ai quitter mes repères pour ouvrir mon regard sur le monde et sur les autres

J’ai affronté le quotidien en ne pouvant me référer qu’à moi-même

J’étais ma propre ennemie, je suis devenue ma meilleure alliée

J’ai passé du temps avec les autres et me suis rencontrée en chemin

Je n’ai vécu que dans l’instant présent et découvert le bonheur dans de petits riens

J’étais perdue dans mes choix, je me suis forgée une personnalité.

J’ai transformé l’ordinaire de mon quotidien, en source de bonheur singulier


Alors non, pour être heureux, nous ne sommes pas tous obligés de trouver un bon métier, qui paie bien, et que l’on fera toute notre vie. Non, pour être heureux, nous ne sommes pas obligés de devenir propriétaire d’une maison avec un jardin ou d’un appartement parisien. Non, pour être heureux, nous ne sommes pas obligés d’avoir envie de fonder une famille là, sur le champ.


Oui, nous pouvons être heureux en changeant de boulot tous les trois mois. Oui, nous pouvons être heureux en devenant boulanger alors que l’on a fait des études de droit. Oui, nous pouvons être heureux en changeant de pays tous les mois. Oui nous pouvons être heureux. Oui nous voulons être heureux.


Alors pardon mais oui, je me suis presque sentie plus heureuse en 1 an que ces 27 dernières années. Non pas parce que j’étais loin de vous, oh ça non… mais parce que j’ai tout simplement repris le contrôle de ma vie. Et même si l’on peut parfois trouver notre bonheur aux antipodes du vôtre, cela ne nous empêche pas d’être triste aussi. De détester ces dizaines, centaines, milliers de kilomètres entre vous et nous. De haïr le fait de ne pas pouvoir rentrer un soir pour dîner avec vous avant de gentiment retourner à nos vies. De savoir que vous êtes à un repas de famille, tous ensemble, et que nous ba on n’est pas là. Vous savez, nous aussi on pleure parfois quand on sait que la situation que l’on a choisit, pour nos vies, n’est pas celle que vous auriez choisie pour vos vies. Et c’est pas tous les jours facile de se réveiller en se disant que notre bonheur de voyager ou de vivre à l’étranger est parfois responsable de votre tristesse quotidienne.


Mais voilà. Voyager, vivre à l’étranger, c’est s’enrichir jour après jour de gens, de pensées, de modes de vie, de cultures différentes de celles que l’on a toujours connues. Et croyez-moi, même si cela me briserait autant le cœur que je l’ai peut-être fait en partant, si un jour j’ai des enfants, je les mettrai dans un avion pour les pousser à aller voir ailleurs. Et je leur dirais « Va, vis et reviens ».


VA, VIS, ET REVIENS.


Cela fait plus d’un an maintenant que j’ai pris l’avion pour le pays des kiwis et un peu plus d’un mois que je suis rentrée en France, à vivre chez mes parents. On dit toujours qu’il est très dur de partir, mais je peux vous assurer qu’il est encore plus dur de revenir. Depuis mon retour, vous m’avez toutes et tous poser au moins une fois la question « Ba alors, tu vas faire quoi maintenant ? » avec la profonde envie de m’entendre dire « J’vais me chercher un boulot, me trouver un appart, m’installer en ville, me trouver un nouveau mec et faire ma petite vie posée près de chez vous ». Mais moi, au départ, j’avais juste envie de vous répondre : « J’en sais strictement rien, si ça ne tenait qu’à moi je remonterais dans un avion demain ». Car ma vie, pour l’instant, je ne peux pas la projeter ici, alors qu’à l’étranger, elle me donne plein d’idées.


Un an de vie au bout du monde, un an de voyage, c’est court et c’est long. Suffisamment pour commencer quelque chose, mais pas assez pour l’approfondir. Et c’est avec ce sentiment que je suis rentrée en France. Avec de nombreuses réponses à mes questions, mais avec aussi encore de nombreux doutes que j’étais en train d’analyser, d’explorer, là-bas et que je me suis retrouvée à stopper net à peine rentrée sur le territoire français. Vous pourriez me dire « oui mais tu pourrais très bien garder ce mode de vie et t’essayer à quelque chose ici, avec toutes les valeurs qui te tiennent à cœur maintenant ». Oui c’est vrai, et pour certains c’est le cas. Mais le bilan pour moi il est plutôt bancale.


Je me suis préparée à ce retour du mieux que j’ai pu pendant des semaines et des semaines, mais une fois que le cœur s’en est mêlé, cela s’annonçait d’avance un peu plus compliqué.


J’ai tellement évolué et grandit en 12 mois, qu’il a fallu prendre sur moi, les premiers jours, pour ne pas vous destabiliser d’être aujourd’hui aussi déterminée dans certaines de mes idées. Car la Coralie que vous avez laissé à l’aéroport et celle que vous avez récupéré le 8 août dernier ne sont plus totalement les mêmes. Et finalement, si vous m’attendiez les bras ouverts, j’avais très peur d’entrer en contradiction avec l’image que vous aviez de moi, vieille d’un an. Rentrer a donc été assez difficile au départ. Tiraillée entre le bonheur de vous retrouver et la tristesse de ce et ceux que j’avais laissé derrière moi.


Enfin, le plus déconcertant quand on rentre après un an, c’est ce sentiment d’être une étrangère dans son propre pays. Tout nous paraît loin, distant, flottant. C’est très dur de reprendre ses marques, surtout quand aucune vie ne nous attend. Pas de boulot, pas d’appart’, des amis un peu éparpillés aux 4 coins de l’hexagone ou de l’Europe… Alors quand vous m’avez tous plus ou moins dit : « Oh la la tu dois être contente d’être rentrée à la maison !! » j’aurais aimé vous répondre : « Ba ouais mais en fait, ma maison à moi, est-ce qu’elle est vraiment encore là ? »


HOME SWEET HOME ?


Il existe une expression en anglais qui dit « Home is where the heart is » signifiant que notre maison se trouve là où notre cœur se trouve. C’est un peu ça le sentiment que j’ai eu en rentrant en France. L’impression d’être de retour à la maison sans vraiment me sentir à la maison.

Comme si la mienne était devenue immatérielle. Ou comme si elle se trouvait là où les personnes que j’aime le plus se trouvent. Et finalement, quoi que je décide pour la suite, je devrais toujours faire des choix.


J’ai beaucoup appris sur moi en un an et si je ne sais pas encore exactement le type de vie que je veux avoir, je sais exactement le type de vie que je ne veux plus. J’ai envie de me lever le matin avec un sentiment de légèreté, comme si chaque jour était une nouvelle opportunité. J’ai envie de me réveiller le matin auprès de celui qui m’inspire au quotidien, me soutient dans mes projets et me rend meilleure chaque jour. J’ai envie de me lever le matin dans un autre pays que le mien, pour aller dehors et m’extasier face à un petit rien. J’ai envie de me lever le matin et de faire le métier que j’aime, même si cela implique d’être loin.


Alors tant pis s’il faudra faire des compromis, tant pis si cela signifie qu’il faudra choisir, mais pour ces prochains mois, ma maison à moi, elle n’est plus vraiment là.


WHAT’S NEXT ? ET APRÈS ?


Ces prochains mois donc, j’envisage tout simplement de repartir sur les routes pour d’autres aventures. Je ne sais pas exactement quand, comment et pour combien de temps mais je sais que je serai plus heureuse, là, quelque part, sur cette planète. Pour l’anecdote, c’était pour éviter ce genre de situation que je m’étais faite 2 promesses avant de partir :

  • La première, de rentrer vivre en France ou en Europe après la Nouvelle-Zélande pour ne pas imposer de distance à ma famille.

  • La seconde, de ne pas tomber amoureuse durant ce voyage, pour ne pas compliquer la situation.

Mais parfois la vie vous emmène exactement là où vous ne vouliez pas. Ou plutôt, là où, au fond de vous, vous vouliez aller. Si la distance n’a pas toujours été facile, j’ai appris une chose cette année, c’est qu’il y a un âge auquel il faut arrêter de faire sa vie en fonction des autres et commencer à la faire pour soi. Certains parents m’ont dit que c’était de l’égoïsme. Mais garder ses enfants pour soi, alors que cela les rend malheureux, n’en serait-il pas ?


Aujourd’hui je suis heureuse d’avoir échoué dans ce jeu de la promesse. J’ai trouvé comment vivre une vie qui me plaise, qui fasse mon bonheur jour après jour, et je pense que ça, c’est le plus beau des cadeaux que ce voyage m’ait fait. Je continuerai surement chaque jour à me demander si mon bonheur fait le bonheur de mes parents, de ma famille, de mes amis, ou si la distance remportera toujours la bataille. Mais peu importe. Je me suis découvert des projets personnels et professionnels qui me poussent à tenter l’aventure de l’autre côté du continent cette fois, avec le Canada en ligne de mire. L’envie de continuer à pousser un peu plus loin cette passion du voyage, tout en la conciliant avec cette envie de « sauver le monde ».


Et pour ce qui est de l’amour, je pourrais vous en écrire trois pages, mais par pudeur et par égoïsme, je ne vous en livrerai que quelques mots. La plupart d’entre vous le savent, je suis partie le cœur en peine. Je reviens aujourd’hui le cœur pansé par cette expérience et le cœur comblé par une personne extraordinaire. J’ai la chance d’être accompagnée et soutenue sur mes projets au quotidien mais aussi sur des projets communs que nous entamons donc maintenant à 2. Cela ne faisait pas partie de nos plans, mais parfois l’amour est une évidence et il est une évidence. Alors, attendez vous à voir ou revoir sa bouille (ou ses fesses) dans les mois à venir. Car vous pourrez certainement continuer à me lire, en vadrouille, ici et là, quelque part sur cette planète. Je ne sais pas encore la forme exacte que prendront tous ces projets, mais j’espère cette fois, m’engager pour de petits combats que vous pourrez peut-être partager avec moi.


J’adresse donc ce message et ce bilan personnel à toutes les mamans, (papas, grands-parents, frères, sœurs, amis, …) qui restent convaincus que le voyage leur a volé leur fille (fils, frère, sœur, ami, …). Nous ne voyageons pas pour se couper de vous, mais pour s’occuper de nous. Et non vous n’avez pas perdu votre fille sous prétexte qu’elle voyage ou qu’elle vit à l’étranger, si vous agrandissez votre regard, vous verrez que vous venez simplement de la rencontrer.


Love. Co.

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