top of page
Photo du rédacteurCoralie Marichez

ROAD-TRIP CHEZ LES CARIBOUS


Encore une histoire que je raconterai autour du feu ou avec un bon verre entre les mains... Une de celles qui commence par un : "Ah oui, comme cette fois là aussi où t'es partie quelques jours en road trip, en 4x4, avec un parfait inconnu". Oui. Je sais... Si j'avais dit ça comme ça, à ma mère, il y a quatre ans, elle aurait probablement sauté au plafond. Et dans sa tête comme dans la vôtre, il y a certainement mille raisons valables de dire non à la possibilité d'embarquer pour un road trip dans la voiture d'un inconnu. Mais avec toutes les expériences vécues ces dernières années, il n'y a aujourd'hui pour moi plus qu'une seule question qui se vaille : "ce road-trip : est-ce que je le sens ? ou je ne le sens pas ?"

Et au vu du titre de cet article, vous vous doutez de ma réponse.


En fait, après mon arrivée à Nelson j'ai passé quelques jours en auberge de jeunesse, le temps que ma chambre en coloc' soit disponible. Une période qui m'aura semblé un peu longue, car sans voiture il est assez difficile de partir à l'aventure dans cette région. Qui plus est, avec le coronavirus et la distanciation sociale, la vie en auberge n'est plus vraiment ce qu'elle était. Les rencontres sont au ralenti et les activités au point mort. Par chance, il reste UN espace propice aux échanges : la cuisine.


C'est comme ça que j'ai rencontré Donald, un voyageur de 39 ans, venu tout droit du Nouveau Brunswick, l'autre région francophone du Canada (et oui, il n'y a pas qu'au Québec qu'on parle français ici !)

Lui, il avait pour projets en 2020 de se faire une année en Amérique latine, mais avec le Covid, il s'est retrouvé à voyager avec son 4x4 et sa tente de toit dans son propre pays. C'est après une discussion sur mon arrivée récente au Canada, mes projets de passer l'hiver à Nelson et mes galères pour trouver une voiture qu'il me propose alors de m'emmener en road trip. Je dois avouer qu'au début j'ai hésité. On était jeudi matin, il voulait partir le plus vite possible alors que je devais récupérer mes clés de maison et rencontrer ma coloc le vendredi soir... Je n'avais donc pas vraiment envie de précipiter les choses et puis, cela peut vous paraître bête, mais tout ce dont je rêve depuis quelques mois ce n'est pas de voyage mais bel et bien d'avoir un nouveau chez moi, à moi. Alors entre road trip ou emménagement dans ma nouvelle maison, la question était bien réelle. Et puis, je dois aussi avouer que, j'ai beau m'être déjà embarquée dans des aventures avec des inconnus, partir seule et passer H24 avec quelqu'un que je ne connaissais pas, c'était une grande première.


Histoire de sentir les choses un peu mieux et de me faire une opinion, je lui ai donc proposé qu'on aille d'abord explorer le sentier qu'il avait en tête, à proximité de Nelson, juste le temps de faire plus ample connaissance. L'occasion pour moi de commencer à cocher des cases de ma nouvelle "Bucket List Canadienne" ! (Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais en arrivant en Nouvelle-Zélande, j'avais fait une liste des choses que je voulais faire avant de partir. Et bien, c'est chose faite à nouveau pour le Canada, avec cette fois au moins 2 ans pour la réaliser...) Première case donc : première sortie en 4x4 sur une route alternant gravier, terre, boue, neige et verglas... Définitivement une autre manière de partir à l'aventure !



C'était ma première fois en dehors de la ville de Nelson depuis mon arrivée donc je dois avouer que j'avais hâte de voir ce qu'il y avait au-delà du fameux pont BOB. Nous sommes allés dans le parc du Glacier Kokanee et en l'espace de vingt minutes nous sommes passés de routes aux couleurs d'automne à des paysages complètement hivernaux. C'était magique. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre quand on est parti de l'auberge alors la surprise était bien réelle. Sur le retour, nous avons fait un petit détour le long du lac Kootenay, qui, avouons-le, ressemble davantage à un fjord. Pour tout vous dire, il fait 104 km de long, 3 à 5 km de large et il est entouré de sommets allant jusqu'à 2700 m d'altitude... Il y a de nombreux grands lacs dans la région des Kootenay, généralement issus de l'époque glaciaire et cela me fait beaucoup sourire, car ils me rappellent énormément la région de Voss, là où nous vivions l'an passé en Norvège. Je n'avais vraiment aucune idée de ce à quoi ressemblerait cette partie de la Colombie-Britannique avant d'y mettre les pieds et l'avantage quand on ne sait pas, c'est qu'on n'a aucune attente et qu'on ne peut pas être déçu !


Après cette petite escapade de 3h, j'étais beaucoup plus confiante et plutôt motivée à l'idée d'explorer les environs. J'ai vite pris conscience aussi que c'était surement la seule opportunité que j'aurais avant l'hiver d'aller visiter un peu les parcs nationaux et qui plus est, en compagnie d'un "local". C'est donc tout naturellement, que le samedi matin, je me lançais dans l'aventure avec Donald, en direction du Parc National des Kootenays !


Au total, nous avons parcourus plus de 1000 km en l'espace de 5 jours (!!!!), de quoi me donner un vrai bel aperçu du meilleur des Rocheuses Canadiennes et des parcs alentour.


JOUR 1 : Nelson - Canal Flats


Après une traversée en ferry, nous avons longé un autre bras du lac Kootenay en direction de Creston, plus au sud. J'y ai découvert de nombreuses plages aux couleurs de cartes postales, des maisons de rêve au bord de l'eau et quelques villes et villages à l'américaine. J'ai passé beaucoup de temps à m'imaginer la région en été. Les sommets très sauvages, les plages idylliques, la nature, la couleur bleue de l'eau... Je comprends un peu mieux maintenant pourquoi tout le monde parle des Kootenays. Et j'avais comme l'impression que je ne vais pas y rester que pour l'hiver...



Nous avons ensuite conduit jusqu'à Canal Flats, pour aller s'installer là où Donald avait campé l'été dernier, en camping sauvage, au bord de l'eau, sur le lit de la rivière pour être plus précise. Par chance, la plage était couverte de bois flotté : parfait pour faire un feu de camp et se réchauffer et parfait aussi pour cuisiner puisque les températures négatives ne sont rarement copines avec les bouteilles de gaz de camping... Au moment d'aller me coucher, je dois avouer que j'avais un peu peur. Entre le fait que nous étions à 20 minutes en 4x4 de la route la plus proche, la météo qui annonçait un petit -10°C et les animaux sauvages de la région (Coucou les ours!) j'appréhendais un peu cette première nuit dehors. Tout cela, sans compter la tempête de vent monstrueuse qui a duré toute la nuit et qui menaçait chaque seconde d'arracher la toile de tente...

Pour un baptême du camping sauvage au Canada, c'était un beau baptême...


Au petit matin, malgré mes 3 ou 4 heures de sommeil au compteur, c'est le sourire aux lèvres que je me réveillais prête à reprendre la route direction Lussier !




JOUR 2 : Lussier Hot-Spring - Parc National de Banff


Après la nuit assez mouvementée que je venais de passer, je dois avouer que j'étais contente qu'on aille se prendre un bon petit-déjeuner avant d'aller se réchauffer dans les sources naturelles d'eaux chaudes de Lussier, au sein du Parc National de Whiteswan. Faire trempette au milieu de cette nature canadienne, je vous jure que ça n'a pas de prix ! C'était l'occasion aussi pour moi de découvrir les différents paysages de la région avant de reprendre la route quelques heures plus tard en direction de Banff, village au cœur des Rocheuses Canadiennes, célèbre pour ses activités sportives en été comme en hiver.



J'avais hâte de prendre la route au cœur des Rocheuses car j'en avais beaucoup entendu parler. Imaginez une route large comme une autoroute, et pourtant, tout autour de vous ne se trouvent que les montagnes et la nature sauvage. C'était incroyable. Bien que nous soyons arrivés un peu tard et qu'il faisait déjà noir, j'ai pu immortaliser quelques-uns des paysages à travers la vitre. Une chose est sûre, il y a des dizaines de randonnées dans le coin qui me feront forcément revenir!!!




JOUR 3 : Banff - Lake Louise - Golden


Au matin du 3ème jour nous sommes allés nous balader dans le village de Banff, qui a été jusqu'à maintenant, l'un de mes préférés en Colombie-Britannique. Peut-être parce qu'il me rappelait gentiment nos belles stations de ski en France ou tout simplement parce qu'il semble plus animé ou plus touristique que d'autres endroits par lesquels nous sommes passés. Une fois de plus, cela m'a fait sourire... J'ai beau "fuir" notre Europe, mes goûts, en matière de vie urbaine, en reviennent toujours à mes bonnes vieilles habitudes de Française...


Nous avons ensuite repris la route direction le Lac Louise. Jusque là je n'avais absolument rien planifié du road trip, je n'avais fait aucune recherche ni même "googler" les différents lieux dans lesquels nous irions. La seule chose dont je m'étais occupée la veille, c'était de me renseigner sur les petits détours entre Banff et Golden pour organiser quelques arrêts dans notre journée. Quand j'eus enfin trouvé deux détours dont un pour observer des chutes immenses et l'autre pour une balade au cœur d'une gorge étroite à l'eau turquoise, j'étais tout impatiente... Un état qui n'aura pas duré longtemps puisque, malheureusement, nous étions 10 jours trop tard sur le calendrier, le parc avait fermé l'accès à la plupart des routes, pour cause de risques d'avalanches... C'est donc avec une Coralie plutôt frustrée et déçue (vous la connaissez ? haha) que l'on a poursuivi notre route en direction du Lac Louise.

Je connaissais déjà ce lieu, car il apparait souvent sur les photos des blogs de voyage ou des magazines. C'est ce lac d'un bleu pur et profond, entouré de montagnes et pics, souvent encore enneigés, sur lequel de nombreux voyageurs prennent leur cliché souvenir à bord d'un canoë en été. C'est un endroit très touristique donc autant vous dire que je n'étais pas plus enthousiaste que cela à l'idée de le découvrir. Sauf que. MAGIE. Avec les températures assez froides des derniers jours nous avons découvert un lac complètement gelé ! Par chance, les premiers flocons n'étaient pas encore tombés, ce qui nous a permis de profiter de toute l'étendue du lac sous nos pieds.

Je ne saurais décrire fidèlement la surprise et la sensation au moment où j'ai commencé à marcher sur cette glace épaisse, mais qui paraissait pourtant si fragile. Je crois même avoir eu le vertige, quand après quelques dizaines de mètres, je me suis rendu compte que je pouvais voir le fond, là, 3 ou 4 mètres en dessous de mes pieds. Tout semblait comme figé ou emprisonné. J'étais comme une gamine à qui on donnait des cadeaux au matin de Noël. J'ai souvent vu dans les films les acteurs aller faire du patin à glace sur des lacs gelés. Mais jamais oh non jamais je n'aurais pensé un jour être témoin d'un endroit aussi magique. Tout cela, sans vous parler des sons qui dansaient au vent, valsant d'une montagne à l'autre. Le bruit et les échos des craquements de la glace, des vagues sur les parties encore vivantes du lac, celui du palet de Hockey glissant d'un bâton à l'autre et la musique créée par les ricochets de la glace que lançaient les enfants au loin... C'était incroyable, j'étais sans mots, là le sourire un peu niais figé sur mes lèvres. "Pincez-moi, je rêve". Nous étions là, dehors, en plein air. Pourtant, ces bruits me rappelaient l'écho profond de l'océan. Vous savez, ce silence assourdissant, rythmé par les cris stridents et presque électroniques des baleines et dauphins au loin. J'étais plantée là, mais les sons m'avaient emmenée bien plus loin.


C'était de loin ma plus belle surprise et le moment le plus fort de ce road trip. Rêve et réalité ne faisait plus qu'un. Je me sentais vivre. Je me sentais bien.



Après une heure à jouer aux grands enfants sur la glace, nous avons repris la route vers Golden, où nous prévoyions de passer la nuit. En chemin, nous improvisons un détour par le Natural Bridge (Pont Naturel) du Parc National de Yoho. Nous n'avions aucune idée de ce que nous allions trouver, mais nous avions un peu de temps devant nous alors pourquoi ne pas s'aventurer. Verdict ? Deuxième meilleur souvenir de ce road trip... Il s'agissait, comme son nom l'indique, d'un pont naturel en pierre, bloquant la rivière dans sa hauteur et créant ainsi une étroite gorge pour permettre à l'eau de se déverser quelques mètres plus bas. Sauf que, une fois de plus, au vu des températures plutôt froides auxquelles nous faisions face, une partie de la rivière et des chutes avait gelé ! C'était sublime... J'en ai vu des cascades gelées dans ma vie mais celle-ci était vraiment singulière. La glace avait ici le pouvoir de transposer le bruit, le déchainement et la vitesse d'une eau en mouvement tout en offrant pourtant une image complètement figée, immobile et silencieuse... Mère Nature a vraiment un pouvoir inégalable quand on apprend à l'observer...



Une fois arrivés sur Golden, nous avons passé la nuit dans un motel qui m'aura valu un bon nombre de sourires. En bonne française, les motels moi je ne connais pas vraiment. Alors, quand j'ai vu la façade du nôtre, j'ai beaucoup ri. J'avais l'impression de sortir tout droit d'un film ou d'une série télé à l'américaine. Sauf que la plupart du temps, dans ce genre de scénario, ces lieux servent de cachette aux délinquants ou aux criminels en fuite ou pire, sont le théâtre de meutres en tout genre... De quoi nourrir mon imaginaire juste avant d'aller me coucher (comme quoi il n'y a pas que les feux de camp pour raconter des histoires qui font peur). Une chose est sûre, au réveil, j'étais bien contente d'être en vie hahahahaha.



JOUR 4 : Golden - Revelstoke


Au matin du quatrième jour, j'avais envie de passer un peu de temps seule et surtout de pouvoir flâner un peu en centre-ville. Donald avait un rendez-vous prévu pour le petit-déjeuner, c'était donc parfait. Après une grosse heure de balade et d'essayage de vêtements "outdoor" en tout genre, je suis allée me poser dans un café, en attendant que mon chauffeur de l'extrême soit de nouveau prêt. Je dois dire que j'avais hâte d'aller visiter Revelstoke, notre prochain arrêt. C'était LA destination en compétition avec Nelson, lorsque j'ai atterri à Vancouver.



Vers 14h, nous prenons donc enfin la seule et unique route qui relie Golden à Revelstoke, mais à 15h, nous étions à l'arrêt. Suite à un accident un peu plus loin, l'ensemble du trafic était interrompu. Sauf que, d'une heure d'attente, nous sommes passés à 2, puis 3, puis 5, puis 7, puis 8... C'était la journée la moins productive de tout le road-trip... A 19h30, puisque la route était toujours annoncée comme fermée, je convaincs mon chauffeur de faire demi-tour et d'aller prendre le dîner en ville. Nous étions à 40 min de Golden, 1h10 de Revelstoke, mais l'attente dans le froid commençait à peser lourd et je sentais le désespoir de Donald grandir à mesure que la nuit se faisait de plus en plus noire. C'est parce que nous avions déjà payé notre hôtel sur Revelstoke que nous ne pouvions pas décider de simplement retourner dormir sur Golden sinon je pense que nous aurions changé nos plans.


22h30, au milieu de centaines de voitures et camions qui eux aussi ont été bloqués là toute la journée, nous reprenions enfin la route pour Revelstoke.



JOUR 5 : Revelstoke - Halfway Hot Springs - Nakusp - Nelson.


Jour 5, dernier jour de road trip. Nous étions maintenant le 11 novembre et malheureusement pour moi, puisque nous étions arrivés la veille à minuit, je n'ai pas eu l'occasion de découvrir la ville dans son quotidien normal. En ce jour férié ici aussi, tout ou presque était fermé. Pas grand monde à l'horizon, difficile de me faire un avis sur cet endroit pourtant tant vénéré par les fans de Outdoor. J'ai tout de même parcouru les rues afin d'en découvrir, depuis les vitrines, un village plutôt mignon, aux boutiques très diversifiées. Par chance, les cafés étaient eux restés ouverts. L'occasion pour moi d'aller chez "Baguette", le café français du coin, en attendant de reprendre la route avec mon coéquipier direction le sud.


Revelstoke avait l'air assez jeune et dynamique, mais ce sont surtout les montagnes autour qui avaient l'air incroyables. Je pense que c'est cela qui fait vibrer les gens de cet endroit. Et plus on s'enfonçait dans la vallée, plus je comprenais pourquoi... Il y a tant d'activités à faire dans le coin... Été comme hiver...


Nous sommes ensuite allés reprendre un Ferry, au niveau de Shelter Bay et en attendant le bateau, nous sommes allés explorer les bords du lac qui fut, la troisième belle surprise de ce voyage !


En chemin pour Nelson, dernier arrêt prévu aux Halfway Hot Springs, d'autres sources d'eau chaude naturelle... Avec les paysages blancs des jours précédents, j'avais hâte. Pouvoir me baigner dans des eaux naturellement chaudes, avec pour décor la neige et les sapins canadiens... le rêve.

C'est un endroit très fréquenté et par chance, la route pour y accéder n'est envisageable qu'avec un bon 4x4 (ou une bonne voiture et un bon chauffeur ;)). Vous vous doutez bien que je n'y serais jamais allée seule... De quoi être une fois de plus très reconnaissante envers mon pilote de road trip pour cette dernière découverte riche en émotions !



Après 2h de trempette, il était temps de reprendre la route direction Nelson. Un dernier trajet qui, je dois l'avouer, m'aura paru interminable. L'idée que la fin de ce road trip soit si proche laissait place à une extrême impatience de ma part, d'aller enfin m'installer dans mon nouveau chez moi.



BILAN DE ROAD TRIP


Je suis encore toute éblouie par ce que je viens de vivre : le Lac Louise sur lequel j'ai tenté, telle une baleine, de glisser face caméra ; cette rivière et cascade complètement gelées, dans le parc Yoho ; le pouvoir incroyable d'un 4x4 dans des routes sur lesquelles je ne pensais même pas qu'un véhicule puisse passer, l'odeur du repas cuit sur la braise le premier soir ; la chaleur des sources d'eau chaude versus mes pieds dans la neige ; sans compter le nombre incalculable de "QUOIIIII???" que j'ai pu répéter face au français canadien de Donald...


Au final, malgré cette impatience d'emménager sur Nelson, je ne regrette vraiment pas d'être partie en road trip à l'improviste. Cela m'a vraiment permis de goûter au Canada avant que l'hiver ne m'empêche de bouger et je ne peux être que reconnaissante envers mon co-équipier pour toutes ces visites et pour toutes les routes qu'il a prises, même verglacées ou enneigées, juste pour me montrer du paysage. Quelle chance aussi, d'avoir l'occasion de comparer Nelson à d'autres destinations que j'avais en tête juste avant de m'y installer pour l'hiver. Je n'aurais pas pu avoir de meilleure opportunité que celle-ci pour me sentir complètement en accord avec mes choix ; mieux, je n'aurais pas pu être davantage convaincue d'avoir atterri exactement au bon endroit.


MON AMOUR NAISSANT POUR NELSON


Il y a une atmosphère dans cette petite ville que je n'ai retrouvé ailleurs durant le road trip. Quelque chose qui la rend à mi-chemin entre tout ce que j'aime : une ville pleine de bars, restaurants, boutiques et magasins de seconde-main. Une ville très dynamique, très hippie et très artistique aussi. Et des gens à mi-chemin entre les fans d'activités sportives (été comme hiver), les artistes, les locaux, les jeunes, les voyageurs, les hippies, les yogies et les foodies, ... Les lacs qui entourent la région, les sommets qui ne demandent qu'à être escaladés ou à être dévalés l'hiver en ski. La salle d'escalade toujours blindée qui m'attire encore et toujours. Et les nombreuses pistes de VTT qui me font de l'œil pour l'été prochain... Sans parler des 2 boulangeries, de la charcuterie et des 2 fromageries françaises qui parsèment la ville... Même en Nouvelle-Zélande, je n'avais pas trouvé ce parfait compromis alors, autant vous dire que, la prise de conscience progressive durant le road trip m'a vite donné plus que jamais l'envie de rentrer pour démarrer ce nouveau chapitre de ma vie.


Cela fait maintenant une semaine que j'ai emmenagé avec Kristy, ma nouvelle coloc. Comme moi, elle a 29 ans et est passionnée par les activités Outdoor (dont l'escalade 0=)). Elle vit dans l'appartement au-dessus de la maison de son frère avec son énorme chien que j'adore, Oatis. Elle est née à Nelson, a vécu dans d'autres villes quelques temps et cela fait maintenant plus d'un an et demi qu'elle est de retour dans la région.


J'ai passé mes premiers jours à transformer ma chambre pour la rendre à mon image et je dois dire que j'y ai pris énormément de plaisir. Même si je suis loin d'avoir pu acheter tout ce que je souhaitais, je crois que cela faisait TRÈS longtemps que j'attendais ce moment. Au final, depuis Paris, je n'ai jamais eu un espace à moi pour de vrai : en Nouvelle-Zélande, nous vivions dans la chambre des Wwoofers chez Terri ; puis j'ai emménagé dans la chambre de Ben ; en Norvège, c'était meublé à l'image de notre propriétaire, Kristin ; et à chacun de mes retours en France, je n'ai fait que retrouver ma chambre d'enfance. Alors, ce sentiment d'avoir enfin un espace à moi, est quelque chose dont j'avais sincèrement extrêmement besoin...


Et depuis, je dois dire que cela fait une semaine que je rayonne un peu intérieurement. Je me sens bien dans cette ville et dans ma nouvelle maison, je m'entends super bien avec ma coloc, je rencontre de plus en plus de gens, alors je me sens un peu pousser des ailes même si je tente, tant bien que mal, de garder les pieds sur terre. Depuis 2 ou 3 ans que vous me lisez, vous m'avez un peu vu passer par tous les états, toutes les Coralie et toutes les émotions. Et celle du moment c'est un peu la grande rêveuse. Je suis tellement contente de tout ce qui se goupille au fur et à mesure dans ma vie que j'ai parfois du mal à redescendre de mon petit nuage... Pire j'ai un peu peur de la chute en plein vol.


Bien sûr, j'ai toujours ces moments où soudainement je me sens seule, où j'aimerais avoir un mec (ça c'est le retour de la Coralie qui n'aime pas être célibataire et qui se bat avec l'autre version d'elle-même qui au contraire adore ça) ou ces moments où mes amis et ma famille me manquent, surtout dans ce contexte un peu stressant de coronavirus. Mais je fais avec ! J'ai connu des vagues bien plus dures et celles-ci sont complètement normales lors d'une nouvelle expatriation.


Je suis tellement contente aussi finalement que le français soit une deuxième langue officielle ici. Bien que je sois dans la partie anglophone du pays, toutes les démarches administratives peuvent être traduites sur demande et faire ses courses en serait presque un plaisir puisque tous les packagings sont bilingues ! (ne vous y méprenez pas, je déteste toujours autant faire les courses ;))


Je dois avouer quand même que je continue à fuir le français canadien. Quand j'ai l'option de l'anglais avec quelqu'un, je force un peu les choses. J'ai tout de même fait face à ma peur de ne pas les comprendre et je finis en effet par m'habituer à leur accent, mais je dois quand même avouer que je me retrouve dans la même fatigue mentale que lors de mes premiers mois en Nouvelle-Zélande. En effet, une conversation avec un francophone du Québec ou des régions maritimes peut me demander beaucoup d'efforts de concentration pour suivre la discussion et j'avoue avoir souvent envie de prendre l'option de facilité. Leurs expressions et leur vocabulaire sont géniaux certes, mais mon cœur lui reste tellement attaché à l'anglais... Une autre manière de voir les choses : c'est une bonne nouvelle en soit, car cela veut quand même dire que j'en ai fait du chemin depuis le jour où c'était l'anglais au quotidien qui me fatiguait !


2019 aura été une année bien compliquée et 2020 aurait pu l'être. Mais, plus j'avance vers la fin de cette année et plus je me dis que l'Univers m'aura un peu épargnée ces douze derniers mois... Plus on me demande comment j'ai fait pour en arriver là en pleine pandémie et plus je prends conscience des gens merveilleux qui m'ont soutenue, entourée, épaulée et aidée depuis janvier. Que ce soit la tribu en Patagonie, ou ma Kiwi Family, et tout particulièrement Terri, Aunty Fat, les parents de Ben, Jessi ou Ben lui-même qui ont eu des rôles pivots dans cette année un peu particulière. Que ce soit ma maman, toujours fidèle au poste, mes amis et à ma famille à mon retour en France comme à chacun de mes retours. Ou que ce soit toutes ces nouvelles personnes qui m'épaulent depuis mon arrivée chez les Caribous : Lucie et David envers qui je suis mille fois reconnaissante, Kristy, qui même si cela ne fait qu'une semaine, joue déjà un rôle énorme dans le fait que je me sente hyper bien ici et Gordo, évidemment qui a été d'un soutien sans faille avec son papa.


Alors certes, je vis des expériences de dingue et prends des photos "de ouf". Certes je vis une vie de rêve dans des pays magiques. Mais une fois de plus, la chose pour laquelle je suis la plus reconnaissante aujourd'hui, c'est de vous avoir vous, famille, amis et proches, aux quatres coins de la planète. Vous faites de ma vie ce rêve que je vis éveillée, car vous êtes ma force et vous êtes mon fil rouge. Vous me donnez des raisons de me lever le matin, même quand cela veut dire me lever à des milliers de km de vous... Vous me mettriez sur cette magnifique planète, seule, je peux vous dire que je ne saurais absolument pas comment l'apprécier sans ce plaisir partagé.


Alors, MERCI. Plein de love depuis les Caribous et je vous laisse sur des photos d'une rando parcouru en début de mois, sur la colline face à Nelson.


Love. Co.




70 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page