Il y a quelques jours, nous passions officiellement le cap des un mois de road trip aux USA. Je vous avais laissé mi-juin à Page, où nous prenions quelques jours pour ralentir après l'effervescence des visites en plein cœur des canyons. C'est donc au même endroit que je reprends le déroulé de nos aventures en terres américaines. Au programme : des couleurs rouges et orangées, de la verdure, des paysages à vous faire rêver d'Afrique, l'océan, la brume, un sentiment de Bretagne ou de Nouvelle Zélande, la folie de Vegas, les plages de Los Angeles et de Malibu, la Valley de la mort, un village danois au milieu de la Californie et mes 3 gros coups de cœur : Antelope Canyon x, Zion National Park & Bryce Canyon. Alors, je vous emmène ? En route !
PAGE & ANTELOPE CANYON X
Page est connu pour deux choses : d'une part son lac au milieu de ce canyon doré et l'accès au célèbre Antelope Canyon.
La visite de ce dernier, sacré pour la communauté des Navajos, ne peut se faire que de manière guidée. Malgré le nombre incalculable de touristes, les prix s'envolent. Nous avions entendu dire que la partie X du Canyon était moins fréquentée car un peu plus éloignée, plus abordable et que les décors étaient tout aussi magiques. Nous avions donc opté pour cette alternative. Et quelle chance nous avons eu...
Non seulement, en effet, il n'y avait pas trop de monde, mais en plus, nous avons eu le meilleur des guides possibles. Ce fut pour moi l'expérience de connexion et d'échanges la plus riche et profonde de ce voyage mais aussi l'expérience la plus intense en matière de sensations.
Van, notre guide donc, était issu de la communauté des Navajos, ce peuple autochtone originaire de cette région des Etats-Unis. C'était aussi le plus ancien de tous, les autres guides croisés pendant la visite se référaient sans cesse à lui pour les questions des visiteurs. Une vraie chance donc.
Déjà que ce lieu est naturellement magique de par sa découpe, ses couleurs, ses jeux de lumières et sa résonance, Van le rendait encore plus surnaturel de par le partage de sa culture, de sa langue, de ses traditions, mais aussi de par sa générosité et ses animations photos pour les touristes, comme nous.
Malgré tout le respect que j'avais pour le caractère un peu secret et protecteur que les Navajos ont pour leur culture (et en reprenant l'histoire on comprend pourquoi), je ne pouvais m'empêcher de lui poser des questions toutes les 2 minutes. Chanceuses une fois de plus, il se faisait un réel plaisir d'échanger et de partager quelques anecdotes avec nous, dans la limite du secret de son peuple. Chasse à l'ancienne pour coincer les antilopes dans les canyons, ou marches cérémoniales au son des flûtes pour entrer en harmonie avec la nature, ces partages ont fait de ce moment une expérience unique que je n'oublierai jamais.
ZION NATIONAL PARK
Après toutes ces couleurs oranges, quel plaisir de débarquer, à l'aube, au Zion National Park. Entre montagnes rocheuses et arbres aux allures de Safari, ce parc me donna le sentiment, le temps d'une journée, d'avoir atterri en Afrique. Chaque fois que mon regard se posait au loin, j'espérais observer giraffes, antilopes et éléphants. Mais non, nous étions bel et bien toujours aux Etats-Unis.
L'un des inconvénients de ce parc, c'était le monde en ce dimanche de juin. A croire que les Américains aiment s'embarquer dans les parcs nationaux le weekend. M'enfin, je les comprends bien, avec des paysages aussi incroyables, il faudrait être fou pour ne pas le faire.
Sur le chemin du retour direction Bryce Canyon, nous avons fait la découverte d'un tunnel à l'allure des entrailles d'un Dragon. De quoi capturer ce moment rapidement avant de reprendre la route en direction du dernier canyon...
BRYCE CANYON
Après un autre réveil très matinal pour arriver à l'aube, nous profitions de l'aurore et de ses couleurs flamboyantes. Cet endroit fut lui aussi l'une des expériences les plus magiques de ce voyage. Ce théâtre de silhouette à ciel ouvert, ces hommes à chapeaux, ces chateaux imaginaires surplombant la colline, ces dunes de roches et de sable, furent responsables de nombreux "wow" et de nombreuses histoires fictives. C'était comme si nous mettions les pieds dans un décor de film fantastique. Tellement surnaturel que parfois, l'idée qu'un décor pareil existe me donnait l'impression d'être dans un autre type de Disneyland que les américains auraient pu construire. Mais non, Bryce Canyon est bien l'œuvre de la nature, seule. Un cadre tellement engageant et prenant qu'il nous permettra de nombreuses discussions en toute intimité et vulnérabilité avec ma couz d'amour, l'occasion de nous découvrir ou re-découvrir une fois de plus à travers les yeux de l'autre. Un moment précieux.
LAS VEGAS
Après la folie de ces paysages, nous prenions la route direction d'autres grandeurs, certes plus artificielles mais toutes aussi hautes en couleurs : LAS VEGAS.
Si vous m'aviez dit que je mettrai un jour les pieds à Vegas, je ne vous aurai absolument pas cru. Et pourtant! Cette cité, construite en plein désert, est un vrai parc d'attraction à ciel ouvert pour adultes. Si les hôtels et casinos jonchent les rues, cette ville ne dort jamais. Et il faudrait certainement plusieurs jours pour en faire vraiment le tour. Petit Paris, Venise, le Caire, New York, les casinos, les lieux à thèmes, le cirque, c'est faire un grand voyage que de passer une nuit à Vegas.
L'argent, sans surprise, est l'élément central de tout : que ce soit pour le mettre dans les machines à sous, pour un tour de grande roue, une tyrolienne en pleine rue ou pour le coincer dans le slip d'un strip teaser ou d'une policière en string au milieu des allées, il y en a vraiment pour tous les goûts.
Nous avons passé la fin d'après-midi et la soirée à déambuler sur le strip, cette célèbre avenue aux milles couleurs.
Moi qui pensait qu'on aurait fait durer l'expérience tant qu'on y était, à 21h, je commençais déjà à bailler... Il faut dire que cet afflux de lumières, ce brouhaha de musiques et de sons s'entremêlant dans les rues, les cris, l'euphorie générale, auront vite eu raison de mon hyper sensibilité. J'étais complètement épuisée. Quel plaisir de retrouver ce grand lit d'hôtel que nous avions réservé en fin de soirée. Sans compter les deux douches chaudes pour se remettre à flot.
DEATH VALLEY NATIONAL PARK
Avant de quitter les terres intérieures et de se diriger sur la côte, il nous restait un parc à faire : la Vallée de la mort ou Death Valley National Park. Rien que le nom me mettait en ambiance, moi qui avait eu du mal jusqu'à maintenant à supporter les 35°C des parcs précédents. J'avais tellement peur qu'avec cette chaleur, le van ou moi rencontrerions des problèmes que ma condition pour la traverser était d'y aller tard le soir et très tôt le matin.
Nous avons dormi dans un camping abandonné, juste à l'entrée du parc. Une expérience assez particulière au milieu de ce désert vide. Au petit matin, nous avons pris la route de Zabriski Point, pour l'un des plus beaux levers de soleil de ce voyage. Quelques dizaines de photos plus tard, nous entamions le reste des visites : lac salé, routes infinies, roches de couleur arc-en-ciel, dunes de sable en plein désert... L'endroit était vide de touristes et bien que les chaleurs n'étaient pas aussi insupportables que prévu, nous sortions tout de même de manière un peu express de cet endroit au nom qui tue.
LOS ANGELES
LA MER. L'OCEAN. Cette virée dans l'intérieur des Etats-Unis ne m'aura jamais fait autant penser à la mer. Pas plus intéressées que cela par les visites de studios de tournage (trop chers) et par le panneau Hollywood, nous avons concentré notre visite de Los Angeles par la visite de Venice Beach et de Santa Monica. La Board Walk se trouve dans un quartier très populaire mêlant touristes, locaux, riches et marginaux. Ce mélange, ce brouhaha et ce désordre m'aura laissée un peu tendue. La balade du côté du célèbre "Santa Monica Pier", ce ponton en bois à l'allure d'un parc d'attraction à ciel ouvert, aura été plus agréable. De quoi marcher le long de la plage et "zieuter" les maîtres nageurs en maillot rouge... Et oui c'est bien là qu'une partie de la série Alerte à Malibu a été tourné!
ON THE COAST
MORRO ROCK - RUGGED POINT - ELEPHANT SEALS POINT - SOLVANG - SANTA BARBARA
Après l'effervescence des villes et des parcs, nous avons pris la route de la côte californienne pour remonter doucement en direction de San Francisco. De quoi ralentir le rythme de manière assez prononcée et de retrouver des plaisirs simples comme celui de s'asseoir au bord de l'eau et d'observer les loutres de mer s'amuser, les phoques s'enlacer, les écureuils et autres "prairie dog" s'approcher avec curiosité...
Les paysages n'ont depuis fait que nous surprendre. Parfois j'ai l'impression de reprendre la route de la Nouvelle-Zélande, d'autre fois, celle de la Bretagne, jusqu'à ces villes, Solvang, comme tout droit venu du Danemark et Santa Barbara aux allures de ville espagnole ou d'Amérique du sud. Ce voyage n'a décidément plus aucunes frontières...
Santa Barbara aura tout de même fait chavirer mon cœur le temps d'une journée, avec son architecture espagnole, ses boutiques un peu chic, sa Gelato a l'italienne à tomber par terre, ce mélange de cultures et de peuples et la langue espagnole plus présente que l'anglais. Un vrai voyage au milieu du voyage.
PINNACLES NATIONAL PARK
Si nous planifions à l'origine de remonter toute la côte, la fermeture d'une partie de la Highway #1 nous aura forcée à faire un détour. L'occasion donc de s'arrêter au Pinnacles National Park le temps d'une randonnée assez surprenante. Nous retrouvions les silhouettes des roches des canyons, mais dans un univers colorés plus neutre et avec beaucoup de verdure. Entre grottes, sommets et lac, la randonnée que nous avions choisie nous aura permises de faire le tour complet du parc en moins de 5h.
MONTEREY et ses environs.
Une chose à laquelle nous ne nous attendions pas à notre arrivée près de Monterey, c'est ce brouillard épais et ce vent prononcé et quotidien tous deux venus de la mer. De quoi rendre les journées assez fraiches... à tel point que je ne me suis baignée qu'une seule fois depuis le début de cette remontée côtière.
Si Mily semble réclamer le soleil un peu plus que moi, je me suis fait un plaisir de parcourir ces paysages aux allures de Bretagne et d'Irlande. Il y a quelque chose de magique pour moi dans ce brouillard, presque comme-ci ce manque de profondeur visuel me plongeait dans les gouffres d'une introspection encore plus grande... Un peu comme-ci les mystères et les secrets que ce doux brouillard cache ne demandaient qu'à être révélés !
CE VOYAGE INTÉRIEUR
Au moment où je vous écris, nous sommes à Santa Cruz, où nous avions décidé de passer quelques jours en attendant la fête nationale du 4 juillet. Nous sommes dans un café et aujourd'hui je dois dire que la vue est pas mal... C'est une série de surfeurs solitaires, bien sympathique à regarder qui ne cesse de s'asseoir à la table juste derrière la vitre. Cela renforce un peu les clichés sur les californiens, c'est certain. Mais là n'est pas le sujet, revenons-en à cet article... Ces trois dernières semaines ont une fois de plus été riches en apprentissage.
Non seulement j'ai pris conscience que mes peurs au niveau mécanique me rendent complètement hypo-car-driaque si je puis dire (entendez donc hypocondriaque de la voiture)
Tout ce temps passé dans ces parcs naturels et villes artificielles m'a aussi permise de comprendre un peu mieux mon désir et besoin d'authenticité... Quand on vient d'un pays aussi vieux que la France, l'Amérique du Nord peut parfois sembler un peu comme sans racines. Vivre au milieu d'un désert à coup de climatisation et de produits importés, ça n'a vraiment aucun sens pour moi... En d'autre mots, si la terre sur laquelle je me trouve n'est pas viable de manière naturelle (climat, température et agriculture) alors je n'ai rien à faire là. C'est radical mais plus j'avance, plus c'est une évidence.
Le nouveau rythme que l'on a pris m'a aussi permise de me rendre compte de ces temps plus "slow" dont j'ai besoin, malgré mon hyper-activité physique et cérébrale. (Mily pourra le confirmer)
Ce temps passé près de l'océan est lui aussi tellement important. Si vous me suivez depuis quelques années sur ce blog, vous vous souviendrez qu'après mon passage à Voss en Norvège, puis aux Lofoten Islands, je m'étais promise de rester proche de l'Océan. A l'époque, j'étais à 2h30 de route de la mer. Aujourd'hui, en vivant à Nelson, je suis à plus de 8h de route... De quoi me faire repenser ma localisation pour le futur.
Retrouver l'espagnol comme langue. Un plaisir que j'avais oublié.
Et tous les apprentissages avec Mily. Partager un voyage avec quelqu'un d'aussi proche de moi, qui fasse partie de ma vie depuis si longtemps, qui soit de la famille, c'est là, la plus belle des leçons de vie. Je me redécouvre chaque jour à travers ces yeux. Ce portrait de moi qu'elle dresse parfois me surprend, m'étonne. Je me re-découvre autrement. J'apprends encore davantage à m'accepter. Je comprends que notre ressemblance et nos différences me permettent aussi d'être moins dure avec moi-même. Je me vois en elle comme une image de passé. Et parfois je vois en elle, ce futur pour moi. C'est assez magique comme situation bien que, avouons-le, il y a des moments où c'est loin d'être facile. Mais je crois que ce voyage là, je n'aurais pu le faire avec personne d'autre qu'elle.
Je vous écris dans quelques semaines avec le reste du voyage.
Je vous embrasse,
plein d'amour,
Co.
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