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Photo du rédacteurCoralie Marichez

Quarantaine chez les Kiwis - J2/14



Jour 2 de ma quarantaine de deux semaines que m’impose ce foutu COVID-19.


Je me suis réveillée ce matin en panique et pendant quelques secondes, l’esprit complètement perdu. Où suis-je ? Et puis j’ai doucement réalisé. Non ce n’est pas un rêve. J’ai bel et bien de nouveau mis les pieds en Nouvelle Zélande. Drôle de situation quand on sait que c’est avec ce même sentiment de panique et de précipitation que j’avais dû la quitter l’an passé…

Beaucoup m’ont demandé : « Mais qu’est-ce que tu fous de nouveau chez les kiwis ?! » Et je dois avouer, que j’ai mis un peu de temps à pouvoir moi-même me l’expliquer.

Samedi 14 mars, alors que nous venions à peine de rentrer d’une randonnée de 4 jours coupés du monde dans les montagnes patagones, nous avons découvert, avec surprise, l’ampleur des dégâts causés par le coronavirus en seulement quelques heures sur l’ensemble de la planète. Notre réaction à tous ? « WHAT THE F***K !».


Et puis, c’est une marée d’émotions qui s’est emparée de moi. La stupéfaction puis l’effarement. Mais que se passe-t-il. Vient ensuite la peur et le déni. « Moi je reste ici, c’est pas grave, on est perdus au fin fond du monde, on s’en sortira, on sera bien. » Jusqu’à ce que la panique s’en mêle à l’annonce du départ anticipé de trois de nos camarades. « Ont-elles raison de tout quitter et de partir maintenant ? Qu’est-ce que je dois faire ? est-ce que j’ai le temps d’attendre ? Où vais-je aller ? » Et puis l’attente. Insoutenable. Chaque minute devient décisive sur le sort de notre formation, sur notre sort à nous. « Va-t-on devoir tout arrêter ? L’Argentine va-t-elle être épargnée ? sommes-nous en train de tout perdre ? » On y croit, on a de l’espoir, on se sentirait presque protégés dans nos montagnes. Et puis le verdict. « Game over. » « Prenez des billets dès ce soir, rentrez chez vous au plus vite ». C’est l’ordre qui nous a ainsi été donné. Le début d’une angoisse qui pour moi, n’avez jamais été aussi forte.


« Rentrez chez vous ». Tous se précipitent sur leurs ordinateurs et téléphones pour réserver ce billet qui les ramèneraient à la maison. Mais pour moi, cette phrase ne s’arrête pas de résonner. « Rentrez chez vous ». Chez moi. Mais c’est où chez moi ? « Rentrez chez vous ». La France ? Ce pays que j’aime mais que je fuis depuis 3 ans car je n’arrive plus à y trouver mes marques ? « Rentrez chez vous ». Ce pays qui orne mon passeport d’un ruban bleu blanc rouge que j’adore et que je déteste quand il devient discriminatoire ? « Rentrez chez vous ». Mais rentrer en France, là maintenant, ça veut dire entrer en zone rouge. « Rentrez chez vous ». Me confiner avec ma mère pour une durée indéterminée dans une maison que j’adore mais qui n’est pas la mienne. « Rentrez chez vous ». Rentrer sans pouvoir ne serait-ce que voir mes amis, ma famille, qui sont, à l’heure actuelle, les seules raisons qui me font rentrer. « Rentrez chez vous ». Mais où vais-je aller ? où vais-je aller ? « Rentrez chez vous ». Ok, peut-être que je peux rester ici et attendre que ça se passe ? « Rentrez chez vous ». Ou peut-être que je peux simplement aller quelque part ailleurs en Europe, j’ai des amis partout, je devrais trouver. « Rentrez chez vous ». Chaque heure la situation évolue. « Rentrez chez vous ». Je n’ai pas le temps de réfléchir je ne sais pas je ne sais pas « Rentrez chez vous ». Les frontières de l’Europe sont maintenant fermées. Merde, c’est raté. « Rentrez chez vous ». Ok, quel pays a encore ses frontières ouvertes ? « Rentrez chez vous ». Le Canada ? « Rentrez chez vous ». Le Pérou ? « Rentrez chez vous ». La Nouvelle-Zélande ? « Rentrez chez vous ». « Rentrez chez vous ». « Rentrez chez vous ». Vite, quel pays ? quel billet ? quel prix ? La France ? 2500 euros. C’est le prix pour « Rentrez chez vous ». La Nouvelle-Zélande ? 1200 euros. « Rentrez chez vous ». Allo les copains c’est la merde. « Rentrez chez vous ». Ok, j’essaie la Nouvelle-Zélande. « Rentrez chez vous ». Les heures défilent, les situations évoluent. « Rentrez chez vous ». S’il te plait univers, laisse-moi gagner cette course contre la montre de frontières qui se ferment à moi à chaque instant. « Rentrez chez vous ».


24 heures de voyage plus tard, avec un premier vol surbookée dans lequel j’ai failli ne pas embarquer, après m’être bataillée avec la nana du check in à l’aéroport de Buenos Aires, car je n’avais pas reçu de confirmation pour mon visa et qu’elle ne voulait pas non plus me laisser embarquer, après avoir appris, pendant le vol, que la Nouvelle-Zélande venait tout juste de fermer ses frontières à tous les non-résidents sans être sûre que cela me concernerait, j’ai finalement poser les pieds sur le sol néo-zélandais et c’est le cœur soulagé, quelques larmes sur les joues que j’ai enfin passé la frontière…


Depuis, je suis en isolement pour 14 jours au nord de la Nouvelle-Zélande dans un endroit de rêve pour toute idée de quarantaine. Je suis seule là-haut mais je suis extrêmement bien entourée par mes amis kiwis qui attendent impatiemment que je sois déclarée « libre et non contaminée ». Cela me laisse beaucoup de temps pour réfléchir à tout ce que je viens de traverser et à la suite et je peux vous dire que des questions, j’en ai déjà par milliers et je compte bien écrire à ce sujet…


Je vous donne des nouvelles très vite. Love.

Co.

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