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Cela fait maintenant un peu plus de trois semaines que je suis en terre Patagone et on peut dire que mes débuts auront été riches en aventures !
Après un retard sur mon premier vol direction Madrid, une correspondance manquée, une nuit passée à l’hôtel, une autre correspondance manquée et une nuit à dormir sur le sol de l’aéroport de Buenos Aires, j’ai enfin mis les pieds à El Chalten. Un soulagement qui aura été de courte durée puisque deux nuits plus tard, je me réveillais la moitié du visage enflée suite à une réaction allergique à des piqûres de punaises de lit… Entre la fatigue et le contrecoup, mon corps a eu du mal à s’adapter et c’est un peu affaiblie que j’ai entamé la formation. Depuis, ça va mieux, même si nous ne sommes malheureusement pas encore venus à bout de ces maudits insectes et que je suis toujours autant enrhumée. Mais j’ai repris du poil de la bête comme on dit et je tente tant bien que mal d’ignorer les 56 boutons qui me recouvrent le corps quotidiennement.
À part ça, tout va bien ! On vient tout juste de finir le module 2 de randonnée, avec un trek de 4 jours dans des paysages mêlant déserts et glaciers, tous plus fous les uns que les autres. La semaine prochaine, nous entamons le module 2 d’escalade, autant vous dire que je suis plus qu’impatiente… Mais il faudra attendre un peu pour que je vous raconte tout cela, car pour l’instant, je reviens en mots et en images sur ces deux premières semaines de formation. Préparez-vous bien car ça pique un peu les yeux comme on dit, avec au programme : de jolies photos de la ville d’El Chalten, des images de notre salle de classe, des portraits de mes nouveaux copains d’escalade et de randonnée, et des sommets et lacs de montagne à vous faire pleurer.
Bref, encore un article pour vous faire me détester, mais promis, je pense quand même bien à vous de l’autre côté de l’atlantique (ou du pacifique selon où vous êtes ;)) =)
En route !
LA FORMATION
Nous avions tous rendez-vous le 31 janvier à El Chalten pour notre première journée de formation. Je crois que l’on était tous impatients de connaître celles et ceux qui allaient être notre « Outdoor Family » pendant trois mois. C’est donc un peu naturellement que la plupart d’entre nous se sont retrouvés en chemin, que ce soit pour attraper un bus à El Calafate ou une connexion d’avion à Buenos Aires. Une bonne manière de se rencontrer individuellement avant d’entamer ces semaines de vie en communauté.
Nous sommes 11 : 6 filles, 5 garçons dont 4 venus d'Australie, 1 d'Inde, 3 d'Angleterre, 1 du Danemark, 1 d'Irlande, et 1 de France. Plus Logan, notre instructeur/facilitateur de chez Pure Exploration, venu de Nouvelle-Zélande.
Le premier jour, Logan, nous a emmené au sommet de l’une des falaises surplombant la ville. Bien que l’on puisse déjà apercevoir Fitz Roy depuis l’auberge, (cette montagne que l’on voit partout sur les photos de Patagonie), une fois là-haut, la vue était incroyable… C’était la première fois de ma vie que j’avais une vue aussi magnifique depuis ma salle de classe…
Une fois de retour à l’auberge, nous avons passés les trois premiers jours à essayer de se sentir comme à la maison, que ce soit en ville, à l’hostel ou au sein du groupe. Logan a joué un rôle important dans cette introduction puisqu’il nous a offert chaque jour des jeux et activités qui nous ont aidé à construire communication et coordination de groupe. Et puis, une grande partie du programme relève aussi de développement personnel. L’occasion donc de commencer à réfléchir sur nous-même, nos envies, nos besoins… Des moments très riches et créateurs de lien. Parce que nous avons tous une histoire à raconter et si l’on veut passer les 3 prochains mois sans se taper dessus, il va nous falloir être honnête avec le groupe mais aussi et surtout avec nous-mêmes.
EL CHALTEN
El Chalten est une petite ville qui ne vit presque que du tourisme. L’été, la population est d’environ 3000 habitants mais en hiver, elle se divise par trois. Si j’en crois Manuel, l’un de nos guides, c’est suite à des problèmes géo politiques entre l’Argentine et le Chili, se disputant tout deux ces parties de montagnes qui les séparent, que la ville d’El Chalten est née dans les années 1980. Une manière pour les argentins de défendre ce côté du Parc National de Los Glaciares en l’occupant pour de vrai.
Nous sommes situés à 3 heures de route de la ville la plus proche, El Calafate, et vivons un peu coupés du monde. Les magasins sont réalimentés toutes les deux/trois semaines, le distributeur de billet est souvent vide, nous rencontrons plus de touristes que de locaux, le WiFi ne fonctionne que quand la ville est à moitié vide et nous n’avons aucune réception téléphonique. Nous vivons complètement en autarcie dans cette petite bulle de trekkeurs, voyageurs et escaladeurs et je dois dire que j’y prends doucement goût. Surtout que les rues sont remplies de terrasses de bars et restaurants, de petites boutiques locales et de magasins de vêtements de sport… Un paradis pour se sociabiliser et pour les fans d’activités d’extérieur =)
Le seul inconvénient ? Les supermarchés et la nourriture. Le climat est très aride ce qui rend presque impossible les cultures locales. Tout est malheureusement importé, les légumes sont donc fades, sans goûts et probablement sans vitamines. Tout est industriel et emballé sous plastique, qu’ils, par ailleurs, ne recyclent pas. La diversité est faible, ce qui signifie que si nos cuisiniers du jour manquent de créativité, nous finissons souvent par manger les mêmes choses. Et puis, il faut avouer que cuisiner pour 12 personnes chaque midi et chaque soir relève un peu du challenge. Décision de groupe oblige, il nous a fallu nous rabattre sur des plats riches en viande, à mon grand désespoir. Sans compter la quantité de déchets que l’on produit à 12…Un vrai défi quotidien…
LA PREMIERE SEMAINE
Notre premier module de formation se concentrait uniquement sur de la randonnée mais par chance, lors de notre premier weekend, un petit festival d’escalade en bloc (bouldering) était organisé dans la ville. Une opportunité en or pour s’initier à cet art dès notre arrivée ! Ces rochers sont situés à 10 minutes à peine de l’auberge, proche d’une salle de sport, ce qui signifie que dès que nous ne sommes pas « en cours », nous pouvons nous y rendre. Le parfait entrainement pour nos sessions d’escalade traditionnelle.
(Bouldering = technique d’escalade sur des gros rochers ronds, généralement très hauts, qu’il faut escalader sans corde ni matériel excepté les chaussures)
Le lundi, nous avons démarré la première semaine de randonnée. Notre auberge étant situé en plein milieu d’El Chalten, cela signifie que l’on vit au cœur du célèbre Parc National de Los Glaciares (les glaciers). Pas de meilleur endroit pour démarrer ! Après une courte préparation le dimanche, nous avons fait notre première journée de rando avec Esteban, notre guide local. C’est sous la pluie et le ciel gris que nous sommes partis direction le Lago de Torre. Une pause déj’ avec une vue timide sur le glacier mais une bonne première introduction au programme.
Le deuxième jour, nous sommes allés jusqu’à Loma del Pliegue Tumbado, un point de vue à couper le souffle sur notre voisin de tous les jours : Fitz Roy. Une bonne opportunité pour apprendre de nouvelles compétences et pour entendre un peu d’histoire au sujet du parc.
Le mercredi matin, nous avons passés un peu de temps dans ce qu’on appelle « l’école » pour préparer en deux groupes, notre premier trek de deux jours. Un bon moyen de vérifier si l’on a retenu tout ce que l’on a appris jusqu’à maintenant : la lecture et l’orientation d’une carte, le calcul des temps et des distances et le matériel et la nourriture à emmener.
Le mercredi après-midi était dédié à une activité un peu surprise : une balade à cheval dans le désert patagon. Je ne m’étais jamais promenée à cheval dans un décor aussi magique… Une terre sèche et aride, Fitz Roy en arrière plan, avec quelques montagnes, lacs et rivières … Magnifique. Sans compter le fait que partager ce genre de moments tous ensemble la première semaine du programme était définitivement un moment fondateur pour le groupe. On ne garde que de bons souvenirs et fous rires de cette exploration sauvage !!! (bon ok, je dois avouer que je n’étais pas rassurée de galoper au milieu de ce sol complètement instable, sans bombe, sans protection, sans qu’ils n’aient même pris le temps de nous expliquer comment faire haha mais l'important étant qu'on s’en soit tous sortis indemnes !)
Jeudi et Vendredi, nous sommes allés faire notre premier trek avec camping. L’occasion de tester notre matériel, nos chaussures et nos sacs à dos. Bon test aussi pour estimer quel est le poids idéal à porter pour chacun d’entre nous et pour voir s’il on arrive à mettre en pratique tout ce que l’on a appris jusqu’ici. Une fois arrivés au camping, nous avons déposé nos sacs et sommes parties grimper jusqu’au sommet de l’incroyable Laguna de Los Tres. Une randonnée un peu raide et très (voire trop) fréquentée mais une vue au sommet qui une fois de plus m’a laissée sans voix… Il n’y a pas vraiment de mots pour expliquer à quel point je me sentais petite, heureuse et vivante tout là-haut. Notre pause de 30 minutes s’est allongée en une pause d’une heure… C’est pour dire à quel point nous nous y sentions bien au sommet…
Samedi était notre premier jour d’apprentissage en solo. L’occasion pour Logan de nous donner des devoirs : il était temps de commencer à préparer la semaine d’escalade et d’apprendre quelques nœuds. Bon timing aussi pour prendre le temps de s’asseoir et d’écrire sur le papier tout ce que l’on a appris jusqu'à maintenant : comment orienter une carte, comment trouver le nord sans boussole, comment utiliser une boussole, comment préparer son sac quand on est guide sur une journée, comment le préparer pour deux jours de trek, comment lire une carte météo, comment guider un groupe, quel type de nourriture prendre ou ne pas prendre, quelle information donner à son groupe avant, pendant et après une rando, …
Dimanche = jour du repos. Ou presque. C’était notre première journée off mais la plupart d’entre nous sommes allés randonner ou escalader en bloc avant de profiter du soleil autour d’un verre ou d’une (incroyable) glace au Dulce de Leche. Avec ce temps très ensoleillée, difficile d’avoir envie de rester à l’intérieur. Tout à un petit goût d’été et de vacances ici. Apparemment, il ne faut pas que l’on s’y habitue de trop car nous avons été très chanceux… Peu importe, El Chalten nous fait vraiment nous sentir comme à la maison.
LA DEUXIEME SEMAINE
Deuxième semaine, deuxième module : Escalade.
Ayant tous eu une expérience complètement différente de l’escalade par le passé nous avons démarré la formation par reprendre toutes les bases à zéro. Un bon moyen d’assurer notre sécurité pour l’ensemble du programme.
Certains d’entre nous étaient un peu nerveux à l’idée d’entamer les cours mais une chose est sûre, me concernant, j’avais tellement hâte ! Nous avons donc progressé tout au long de la semaine, commençant sur des routes faciles et terminant par des techniques de rappel et d’ancrage au sommet des voies d’escalade.
J’ai eu la chance de passer mon premier anniversaire perchée en haut d’un mur et je peux vous dire que c’était l’un des meilleurs de toute ma vie... J’ai d’ailleurs décidé d’en faire une nouvelle tradition ! Le 12 au soir, nous sommes allés prendre un verre tous ensemble. C’était chouette, on a bien ri. Moi qui appréhendais un peu de passer cette journée avec une petite troupe d’inconnus, j’ai passé un merveilleux douze février =)
El Chalten est définitivement l'un de mes paradis sur terre pour l’escalade. La ville est entourée de plusieurs murs de tous niveaux accessibles à seulement quelques minutes de marche. Sur cinq jours, nous avons déjà exploré 4 endroits différents. Si les montagnes de Voss avaient tendance à m’oppresser, celles-ci, m’attirent !! Finalement, ces murs environnants ne sont un problème pour moi que si je ne peux les escalader…
Une fois cette semaine terminée, j’avais le cœur un peu triste de me dire que j’allais devoir attendre 9 jours avant de pouvoir grimper à nouveau. Mais demain, retour en haut du mur ! C’est drôle comme j’oublie souvent à quel point je me sens bien tout là-haut perchée, à plusieurs mètres du sol, livrée à moi-même. Pas d’autre choix que d’affronter le problème au présent, avec calme, sérénité, concentration, pour trouver la meilleure solution ou combination de mouvement qui va me permettre de continuer à avancer. L’escalade m’enseigne chaque jour force, résistance, patience et challenge. Je ne suis peut-être pas la plus confiante en moi au quotidien, mais sur ces murs, je me lance. J’essaie, j’échoue, je recommence. Je m’y sens dans mon élément et j’y apprends énormément.
C’est aussi un bon moyen pour découvrir les vraies personnalités des gens qui vous entourent. On a tous plus ou moins ce petit masque au quotidien que l’on porte, pour cacher nos blessures, nos sensibilités, nos points de faiblesse… Mais une fois là-haut, il ne reste que vous. On a par exemple dans le groupe des personnes qui paraissent ultra sures d’elles-mêmes, très confiantes, très clown, très bavardes au quotidien… et une fois là-haut, c’est bien souvent le contraire ! Silence, panique, peur, besoin de motivation, d’encouragements, etc… Comme si notre vraie nature était là, juste sous nos yeux…
Et puis je dois avouer que passer mon temps avec des gens qui partagent tous la même passion pour l'escalade et la randonnée ça n'a pas de prix ! cela nous unit tous un peu plus chaque jour :)
ET SINON, COMMENT TU VAS ?
Je dois avouer que les premiers jours ont été difficiles. Passer sa journée couverte de boutons qui vous démangent pendant 20 jours, je dois vous avouer que c’est l’enfer. Cela fait 4 fois que l’on vide notre chambre et la réintègre après qu’ils aient utilisé des fumigènes contre les punaises. Mais en vain. Et puis, jusqu’à la nuit dernière, j’étais la seule à être piquée, ce qui a rendu les décisions plus lentes… On se sent très seule dans ces cas là car on ne veut pas forcer tout un groupe de fille à déménager sous prétexte qu’une seule d’entre nous vit l’enfer. Du coup moralement, j’ai vraiment eu du mal.
Et puis nous avons démarré la formation par la randonnée et mes histoires de souffle de moineau ont vite refait surface. Tout le monde est très endurant dans le groupe et la vitesse de marche a tendance à être assez rapide. Bien que je sois capable de randonner des heures durant sans être fatiguée, s’il y a du dénivelé, je deviens lente puisque je ne peux tout simplement pas respirer aussi facilement que les autres… Alors quand tu te rends compte que tu ralentis les 11 personnes du groupe, que tu es 400 mètres derrière à essayer tant bien que mal de les suivre mais que tu n’y arrives pas, le combat physique devient un énorme combat intérieur… Et encore plus quand il s’agit de la première semaine et que personne ne se connaît. J’ai énormément lutter contre moi-même et ceux qui me connaissent savent à quel point je n’aime pas être la « dernière de classe » mais c’est là où cette formation m’apprend beaucoup quotidiennement sur moi-même. Accepter que je ne puisse pas être aussi performante que je le voudrais et avancer à mon propre rythme. Un peu plus chaque jour !
Heureusement, je dois dire que le module d’escalade est venu me réconforter à temps. J’y suis complètement dans mon élément et je suis en tête de liste dans le groupe fille. Ce qui m’a suffit psychologiquement à me rebooster. Et puis, je suis vraiment chanceuse car notre groupe de nanas est très soudée. Il y a un esprit d’équipe indéniable entre nous, les filles m’ont énormément aidée durant la dernière randonnée, à porter plus de poids dans leurs sacs pour me soulager et me permettre de suivre au même rythme. (car entre temps je me suis aussi blessée le tendon d’achille, ce qui m'empêche de porter trop lourd. Yep, la poisse comme on dit. ) Je leur suis tellement reconnaissante car bien souvent, les groupes de filles se chamaillent et sont très compétitives entre elles, mais le nôtre est juste merveilleux.
Malgré tout, je pense qu’à un moment ou à un autre, l’un des plus grands défis que l’on devra affronter durant ces trois mois sera celui de vivre, manger, dormir et passer quasiment tout notre temps tous ensemble. Par exemple, c’est très dur pour moi pour l’instant de trouver du temps libre pour moi-même, pour écrire ou pour pratiquer mon Yoga. Nos journées sont assez chargées et quand on n’est pas en « cours », on doit cuisiner pour 12 ou préparer quelque chose pour le lendemain, et j’ai beaucoup de mal à dire non aux activités organisées par le groupe. Avoir sa propre routine en voyage est super important, mais dans un groupe ça l’est encore plus. J’ai beau en avoir conscience, cela ne rend pas pour autant l’organisation plus facile. Mais ce n’est que le début, affaire à suivre donc !
Et puis, j'adore notre petit groupe. Nous sommes tous tellement différents, cela rend l'expérience encore plus enrichissante. Ce n'est que du positif entre nous tous depuis le début et les liens se resserrent, des micro-groupes se forment, mais nous passons tous des moments privilégiés les uns avec les autres ce qui nous permet toujours, en cas de coup dur, de nous soutenir, de nous épauler et d'avancer !
Mise à part l’escalade et la randonnée, les exercices de développement personnel nous permettent réellement petit à petit d’observer et comprendre qui l’on est au sein d’un groupe et qui l’on veut être en tant que leader. On a encore beaucoup à découvrir mais ces derniers jours ont été très riches et nous sommes de plus en plus à l’aise les uns avec les autres ce qui nous permet d'être de plus en plus sincère les uns avec les autres mais aussi avec nous-même.
Bref, c’est une vraie aventure à laquelle j’ai pris part, dans tous les sens du terme, et bien que je cours un peu après le temps et le Wifi pour vous écrire, j’ai hâte de vous en dire plus !! A très vite,
Love,
Co.
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