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Photo du rédacteurCoralie Marichez

6 SEMAINES EN PATAGONIE – LE BILAN ANTICIPÉ


Note : j’ai écrit cet article il y a 20 jours, mais puisque j’étais bloquée en confinement sans internet, je ne pouvais pas le partager. Depuis j'ai retrouvé le WIFI, donc me voici, avec un peu de retard ! :)


Cela aura donc fait un peu plus d’un mois passé en terre Patagone et quelle aventure….

Il m’a fallu plusieurs jours pour réaliser un peu tout ce qui s’est passé, et comment on en est venus à devoir tous se séparer en l’espace de 48h. Mais, malgré les leçons que ce COVID-19 est en train de tous nous enseigner, j’avais vraiment envie de prendre le temps de vous raconter un peu plus cette expérience et de partager avec vous les centaines de photos que j’ai encore dans mes dossiers.

Dans mon dernier article j’évoquais nos deux premières semaines de randonnée et d’escalade mais qu’avons-nous fait ensuite ? Nous sommes partis 4 jours explorer l’une des vallées voisines, nous avons participé à notre deuxième module d’escalade et commencer à jouer les guides pour nos compères, nous avons réalisé notre stage de premiers secours de montagne et nous avons terminé par une dernière rando de 4 jours, au cœur du parc national.

Alors, le village d’el Chalten, les gens rencontrés et ces six semaines d’expérience méritaient un dernier article car ils font pour sûr parti de ces voyages qui ont changé ma vie. Je vous emmène ? En route...


SEMAINE 3 – RANDONNEE DE 4 JOURS

Lors de notre deuxième module de randonnée, nous sommes partis à l’aventure un peu plus loin dans la vallée voisine, pour explorer de nouveaux horizons et apprendre les règles de base quand on est guide sur de nouveaux types de terrain. Cette fois-ci, nous étions tous en groupe de 3, responsable et guide du groupe durant une journée. Je faisais partie du premier groupe. Nous avons démarré sous la pluie et dans le froid, à travers la forêt patagonne en direction de notre premier camping / refuge : Piedra del Fraile. A l’origine, nous devions arriver pour le déjeuner, monter le campement, déposer nos gros sacs et notre matériel, et repartir randonner jusqu’au sommet de, apparemment, l’une des plus belles vues des alentours. Mais, malgré notre très fort désir d’emmener le groupe tout là-haut, parfois, il faut savoir changer ses plans pour des raisons de sécurité. C’était super intéressant pour nous car il nous a fallu analyser la situation, prendre une décision en tant que guides, la référer au groupe tout en étant assez convaincants, écouter les réactions des uns et des autres et tenter du mieux que possible de convaincre l’ensemble que ce n’était pas raisonnable et que ça ne valait vraiment pas le risque d’envisager l’ascension par ce temps-là.

« Bon, et bien le pic ce n’est pas pour cette fois ! »


Nous avons donc passé l’après-midi au refuge, qui plus est, était inattendu et incroyable. Bien que nous campions à l’extérieur, les gardiens laissent tout le monde utiliser leur petit « café » pour se réchauffer. L’occasion pour Logan, notre instructeur, de nous enseigner quelques compétences supplémentaires et de jouer à quelques jeux de société.



Les deux jours suivants, nous avons changé de « guides » et nous sommes allés plus loin dans la vallée. Nous avons exploré de nouvelles régions, traversé des vues incroyables sur Fitz Roy, que nous considérions par ailleurs comme un membre à part entière de notre groupe (ba oui, où que l’on aille, il était toujours là en toile de fond !)

Nous avons passé la nuit sur la « Playita » du Lago Electrico. Il s’agit d’un camping officiel, mais sans aucune installation. Eau couleur turquoise, montagnes rocheuses, loin de tout signe de civilisation, presque perdus au milieu de nulle part. Le rêve !


Nous avons vérifié nos compétences en matière de lecture de carte topographique et d’utilisation de boussole, nous avons appris comment traverser (beaucoup) de rivières, dont une avec de l’eau jusqu’à la taille, nous avons appris comment préparer notre sac, comment randonner sur un sol rocailleux avec risques de chutes de pierres…. et nous nous sommes baignés dans des lacs d’eau glacée !

Cette activité, dont j’étais si fan en NZ il y a deux ans avec Ben, a repris possession de moi dans les lacs patagons. Nous savions à quel point ce peut être bon pour le corps et pour l’esprit et s’immerger en équipe a rendu la décision bien plus facile… J’aurais du mal à expliquer exactement comment on se sent après une immersion comme celle-là. Toutes les cellules de votre peau se mettent à brûler à peine sorti de l’eau. C’est un peu comme-ci votre corps tout entier se mettait à combattre le monde pour vous. Ça vous fait vous sentir fort, puissant et résistant. Et c’est encore plus fun quand vous pouvez le partager avec d’autres !




Dernier jour, grosse journée. Nous devions rentrer jusqu’à El Chalten, par une rando de 25km. Si certains d’entre nous commençaient vraiment à être fatigués, d’autres encourageaient les autres à continuer à avancer. C’était chouette de voir le groupe agir en équipe.




Si vous aviez demandé au groupe quelle serait la première chose qu’ils feraient une fois de retour au village, je suis quasiment sûre qu’ils vous auraient répondu « prendre une douche ». Mais pour Ronnie, Logan et moi, c’était le parfait moment pour une glace ! C’est donc avec nos sacs sur le dos, et nos corps tout poussiéreux que nous nous sommes rendus directement chez le meilleur glacier de la ville pour une incroyable glace au Dulce de Leche ! (pour quelqu’un qui n’aimait pas les glaces, ici, mon rythme est d’au moins 1 fois par semaine haha)


 

SEMAINE 4 – ESCALADE.

La semaine suivante nous entamions le second module d’escalade. J’avais tellement hâte et j’étais surprise aussi de voir que je n’étais pas la seule enthousiaste à l’idée de reprendre cette activité !

Pour la plupart d’entre nous, l’objectif de la semaine était d’obtenir l’autorisation d’escalader seuls sur les weekends. A la suite d’un petit exam prouvant à Manuel et Logan que nous étions complètement autonomes et que nous connaissions toutes les règles de sécurité, nous avons (presque tous) obtenu le graal.

Nous avons été chanceux une fois de plus avec la météo puisqu’il a fait beau toute la semaine et que nous avons pu profiter des murs quotidiennement. Nous avons également commencé à guider certaines parties de la journée, utilisant les membres du groupe comme cobayes. C’était chouette de s’y essayer et de voir si cela nous plait (ou non) d’être un instructeur d’escalade ! Pour ma part j’ai adoré ! comme quoi je dois vraiment apprendre à essayer beaucoup plus de choses avant de dire non ou de juger… Jusque là, j’étais persuadée qu’enseigner l’escalade ne me plairait pas. Mais puisque j’suis une mordue de cette activité, au final, c’est avec grand plaisir que je partage cette passion avec d’autres. Même si cela veut dire apprendre à être patiente car quand on enseigne, on passe quasiment tout son temps sur le sol ! Mais vous pourriez me laisser en haut ou en bas du mur, avec de nouvelles personnes tous les jours, je crois que je serais l’une des plus heureuses sur cette planète.



 

SEMAINE 5 – WAFA – Premiers secours en montagne.

Les premiers secours. Le stage que l’on a effectué s’appelle WAFA pour Wilderness Advanced First aid, ce qui signifie pour les non anglophones que c’est une formation avancée aux premiers secours dans des situations dites « sauvages » (en gros, avec accès difficile à des secours habituels type Ambulance SMUR, Pompiers).

Je ne vais pas le cacher ça a été une semaine assez difficile pour moi. Je n’ai jamais été un caractère qui sache prendre des décisions rapides et efficaces quand je sais que la vie de quelqu’un est en danger et quand toute la responsabilité repose sur moi. De plus, je crois avoir encore plus de mal depuis le décès de mon papa. Quand j’étais en Norvège l’année passée, j’avais eu le cas d’un homme qui était en train de se noyer pas très loin de la tente. Une personne avait accouru vers moi pour me demander d’appeler les secours mais dans la panique je n’avais même pas réussi à appeler. La seule chose que j’avais pu faire c’était de courir vers quelqu’un d’autre avec mon téléphone pour le supplier lui d’appeler.

Donc ce stage de premiers secours, j’avais vraiment envie de m’y confronter.

Aussi parce que je sais que selon moi, le meilleur moyen de vivre avec ses peurs, c’est bel et bien de les affronter… J’avais déjà effectué un stage vraiment basique de premiers secours en France quand j’avais 18 ans avec la protection civile mais ce WAFA est bien plus complet. (de toute façon, beaucoup de choses ont changé depuis 10 ans).

L’objectif ? nous rendre autonome en tant que guides, dans l’attente de l’arrivée de secours plus compétents. Cela va donc d’une petite coupure ou d’une cheville foulée à une blessure à la tête ou un trou dans la poitrine. Et l’attente des secours peut aller de quelques minutes à plusieurs jours, selon l’activité et l’endroit où vous vous trouvez… Par exemple, à El Chalten, il est impossible d’envoyer un Hélicoptère car le vent est constamment trop fort. Tous les secours sont donc envoyés… à pied !



Après 5 jours de formation, je me sens certes beaucoup plus compétente pour réagir en cas d’urgence mais encore loin d’être confiante... Je pense que je suis l’une des seules à avoir passé mon temps à demander « et si dans la panique, on ne sait plus trop quoi faire, on fait quoi ? » ou « Est-ce que quelqu’un peut nous attaquer en justice parce qu’on n’a pas fait assez pour la victime ? ». L’important, selon mon instructeur, c’est de suivre le protocole, de juger la situation par soi-même, et de faire ce que l’on peut, avec les informations que l’on a.

La question maintenant est de savoir comment être plus confiante en moi dans ce domaine ? Et généralement, il n’y a qu’une manière : la pratique. Si je décide de devenir guide donc, je pense que faire du volontariat avec les secouristes sera une décision clé. Ils recherchent toujours des volontaires et les accompagner me permettraient surement de mémoriser le tout directement sur le terrain.

Bref, une chose est sûre, je ne suis pas faite pour être médecin, pompiers ou secouristes mais ça, je le savais déjà ! 0:)


 

LE BREAK – Nos 5 jours de « vacances » entre semaine 5 et semaine 6

Entre la semaine 5 et la semaine 6 nous avions 5 jours de pause, pour respirer un peu. A l’origine, nous voulions partir en road trip avec Ronnie, l’une de mes copines ici dans le groupe. Mais au final, nous avions décidé de rester à El Chalten pour profiter des murs d’escalades et pour éviter de dépenser trop d’argent.

C’est durant ces quelques jours que nous avons rencontrés une poignée de locaux qui nous ont ouvert les portes de la vie version argentine. J’ai eu l’occasion en l’espace de 5 soirées, de découvrir davantage le mode de vie des locaux, qu’en 5 semaines. Nous sommes allés dans notre endroit préféré pour participer à une danse folklore qui s’appelle « Chacadera » jusqu’au petit matin. Nous sommes allés passer une soirée chez nos nouveaux potes argentins et avons assistés à une « jam session » improvisée (ou un bœuf musical comme on dit en français). J’ai pu participer à un asado, ou un barbecue argentin, organisé pour la soirée de départ d’un des locaux, le tout en musique autour du feu. J’ai pu aller escalader avec les copains. J’ai eu l’occasion de faire ce qu’on appelle une grande voie, en escalade, qui consiste en un mur divisé en plusieurs « longueurs » de corde, et vous grimpez, en plusieurs fois, avec des points relais, jusqu’à atteindre le sommet.

Et j’en passe.

Ce fut en quelques sortes les 5 jours les plus intenses en termes de vie locale et ceux qui m’ont donné l’envie définitivement, d’un jour retourner en argentine.



 

SEMAINE 6 – Randonnée – EL circuito Huemul.

Lors de cette semaine numéro six, nous sommes partis faire la célèbre randonnée du Huemul, ou comme elle se nomme localement : « El circuito Huemul ». C’était l’un des moments phares que l’on attendait tous et sans le savoir, cela aura été notre dernière semaine tous ensemble. Il s’agit d’une boucle d’environ 60 km qui traversent des paysages à vous couper le souffle jusqu’à cette mer de glace qui recouvre une grande partie de la Patagonie (Chili et Argentine).

C’était juste grandiose.

Le premier jour,

nous avons traversés des paysages plutôt similaires à ceux que nous avions déjà croisés dans les environs. C’est-à-dire, magnifiques évidemment, mais moins spectaculaires que la suite. Contrairement aux premières randonnées, j’avais le sentiment que nous partagions beaucoup plus de moments de complicité au sein du groupe. Nous commencions enfin à être à l’aise avec nos rôles de guides, ce qui nous laissait davantage d’opportunités pour s’amuser tout simplement. Une fois arrivés au camping, certains se sont occupés du repas, pendant que d’autres exploraient les environs. Une première nuit de repos avant d’entamer la deuxième grosse journée pour laquelle, j’allais être guide.


Jour 2.

Nous avons démarré par une petite activité de groupe histoire de se réveiller et de se mettre en condition pour l’ascension qui nous attendait. Le hasard a fait que nous avions pioché l’une des plus dures journées à guider. Après 45 minutes de marche, nous faisions face à notre premier challenge : traverser la rivière. Nous savions que nous allions devoir nous confronter à cette situation et une fois le meilleur emplacement trouvé, nous avons briefé nos camarades pour assurer notre sécurité lors de la traversée. Si, par chance, ce jour-là le niveau était assez bas, la rivière couvrait une surface assez large et sa température était glacée… Les premières secondes sont supportables. Le reste, est une question de force mentale. L’avantage avec cette chaine, c’est que nous avançons tous ensemble. Ceux qui auraient tendance à vouloir quitter le navire sont alors « portés », « encouragés » à continuer par les autres. Je ne sentais plus mes pieds, je n’avais aucune idée de ce sur quoi je marchais, et la douleur, que je ne saurais décrire, provoquait chez nous des rires incontrôlables, des cris, des pleurs et des silences. Nous ne faisions qu’un et nous étions plus fort que jamais. Une fois de l’autre côté de la rive, nous avons brisé la chaine pour tenter, tant bien que mal de se réchauffer. Nous avions beau être redevenu des individus, nous savions, au travers nos échanges de regard, que si l’un d’entre nous, à l’instant présent, avait besoin d’aide, nous étions là les uns pour les autres.

C’est bête, mais ces traversées de rivière sont pour moi l’un de mes meilleurs souvenirs de toute cette formation. L’esprit d’équipe, le fait qu’on soit tous lié les uns aux autres, et la preuve physique, que l’action ou les décisions de l’un d’entre nous impacteraient la situation des autres, incarnent pour moi, à petite échelle, ce que nous devrions apprendre de ce monde. Nous sommes tous reliés. Vos décisions, vos actions ont un impact à toute échelle. Et ensemble, on est plus forts.



Suite de la journée, avec la traversée d’un glacier. C’était plutôt inattendu et je me suis retrouvée à diriger le groupe sur toute cette partie avec l’aide de Valeria, notre guide officielle. C’était tellement magique.



Place ensuite à l’ascension pour atteindre « el paso del viento » qui était notre col du jour. J’appréhendais beaucoup car avec mon souffle de moineau et nos sacs à dos un peu lourds, j’avais peur d’être à la traine et de me confronter à nouveau à des démons plutôt mentaux que physiques. Mais à ma grande surprise, je faisais partie du groupe du milieu. Comme quoi, tout est une question de force mentale… Car quand je suis la dernière et que je me vois comme un « boulet » qui ralentit le groupe, j’approche l’hyperventilation ou la crise d’asthme… Quant au contraire, je me vois avancer, doucement mais surement, je respire, à mon rythme et je continue à monter sans trop de peine…

Bref, une fois au sommet, la découverte. J’ai d’abord cru que c’était un lac. Puis la mer. Mais non, tout ce blanc bleuté face à moi, n’est autre qu’une petite partie du glacier qui recouvre la Patagonie… Et encore, il a bien fondu ces derniers millénaires…

C’était dingue… Nous sommes restés plusieurs minutes à prendre des photos, mais le vent, (d’où le nom du col Paso del Viento) nous a fait reprendre la route.

Une fois arrivés au camping, temps pour nous de débriefer de la journée, de se retrouver autour d’un bon dîner et d’aller se coucher car demain, une autre grosse journée nous attendait.

JOUR 3 :

la descente. Après toute cette altitude engendrée par la rando de la veille, nous devions maintenant redescendre pour rejoindre le lac, de l’autre côté du Paso del Huemul.

Après quatre heures de marche sur un terrain plutôt plat, la pause déj s’imposait. Encore quelques efforts de montée pour atteindre le col et à nous la descente raide jusqu’au camping ! C’est sur un terrain glissant, accidenté, sur lequel, le moindre faux pas, peut vous causer de graves blessures que nous avons passé les trois heures suivantes. Ce qui était assez stressant au départ, est devenu, au fil du temps, presqu’un « jeu » pour nous, comptant ainsi le nombre de fois où nous sommes tombés sur les fesses et le nombre de petits cris poussés à chaque faux-pas manqué. « On s’amuse comme on peut ».


Une fois arrivés au camping, la surprise. C’est la vue sur l’un des bras du glacier se jetant dans le lac, que l’on peut observer depuis nos tentes. Magique.



JOUR 4

dernier jour. Réveil matinal avec un magnifique lever de soleil. L’occasion d’immortaliser une fois de plus notre petit groupe en photos. La rando se poursuit donc avec une journée très facile, à travers champs, plages et vallée avec pour moment phare, la traversée de la rivière en tirolienne. L’occasion de rire tous ensemble une fois de plus avant de rejoindre le parking, où notre navette nous attendrait pour nous ramener « à la maison ».


Sur la route du retour, j’en profite pour immortaliser ce qui sera ma dernière photo de Fitz Roy. À ce moment-même nous ignorions totalement ce qui était en train de se passer dans le monde avec le Coronavirus… Nous étions encore tous émerveillés par les images qui nous restaient en mémoire de ces dernières heures et étions loin de nous imaginer ce qui allait se passer pour nous en l’espace de quelques heures.


Alors, malgré la fatigue, nous sommes rentrés, nous avons débriefés en groupe et nous sommes rués vers notre traditionnel marchand de glace pour tenir notre promesse d’après rando : manger une glace au Dulce de Leche. C’est assises à la table du café que nous avons enfin connectés nos téléphones. Ronnie, Annie et moi. Toutes les trois stupéfaites de commencer à lire ce qui était en train de se passer en Europe. La suite, vous la connaissez, je vous l’ai raconté sur l’autre article de mon arrivée en Nouvelle-Zélande. Mais pour le résumer ici, en 3 jours nous sommes passés de « ok, on reste là, tout va bien en Argentine » à « rentrez chez vous le plus vite possible ».

Par chance, en attendant le verdict de Pure Exploration au sujet de notre formation, nous sommes allées escalader une dernière fois avec Annie et Ronnie. Une dernière qui restera probablement gravée dans mon esprit à tout jamais.



 

BON ET SINON LE BILAN ?

EL CHALTEN et LA VIE LOCALE


C’est drôle car quand je m’imaginais la vie à El Chalten, j’avais peur de m’ennuyer au bout de quelques semaines. Après tout, nous allions toujours dans le même parc national, nous explorions à peu près les mêmes murs d’escalades et nous connaissions toutes les rues du village par cœur. Mais en fait ça aura été tout le contraire. L’idée d’explorer à fond la zone dans laquelle nous vivions, d’en tirer le meilleur, et de le vivre comme une locale et non comme une touriste m’a rendue épanouie chaque jour. Je crois, que c’est ce que je préfère dans ma vie de voyageuse. Je hais le voyage quand il n’a pour but que de consommer les lieux touristiques. Au contraire, plus je peux rester longtemps dans un endroit unique, sans bouger, et goûter à la vie comme une locale, plus je m’épanouis. Vous allez me dire, c’est ce qui s’est passé à Voss, en Norvège, et pourtant j’ai détesté ? Oui mais. El Chalten, c’était mon petit paradis de l’escalade. Avec une vie de village, des restaurants, des bars, des terrasses bondés de gens quand le soleil pointait le bout de son nez, des boutiques locales, des randos, des activités en pleine nature partout autour et j’en passe.

De ce fait, vivre à El Chalten pour 6 semaines, c’était ajouter une expérience à la liste de mes expatriations, et me permettre une fois de plus, de comprendre un peu mieux ces endroits qui me rendent heureuse et pourquoi, et ceux qui au contraire, m’étouffent.

Je suis certes tombée amoureuse de ce village au bout du monde, mais aussi de la culture locale, de leurs dîners très tardifs, de leurs états d’esprit très relax, de leurs passions pour la musique et pour les arts en général, de leur mode de vie à la cool, de leurs paysages incroyables, de leurs culture du partage… Et je suis sûre qu’il y a encore beaucoup que je n’ai pas eu le temps de découvrir.


LA FORMATION

Comme pour le Yoga, être capable d’apprendre quelque chose de complètement différent, et de se retrouver à nouveau dans la position de l’élève, m’a tellement fait de bien. C’est le cœur un peu lourd que l’on a dû accepter que tout cela se termine et que nous n’obtiendrions donc pas ces fameux certificats… Mais, j’ai beaucoup appris, en escalade, en randonnée, en premiers secours bien sûr, mais aussi et surtout à mon sujet. J’ai passé beaucoup de temps à m’observer moi-même agir, réagir, au sein du groupe. A essayer de comprendre la place que je prends ou celle que je laisse quand il s’agit de vivre en communauté. A ce rôle de leader, que j’avais quitté depuis mon statut de chef de projet, que j’ai naturellement retrouvé parfois lors de décisions de groupe. Ce rôle que j’ai aussi volontairement abandonné parfois, un peu lâchement, parce que les décisions de groupe devenaient tendues et que je n’ai aujourd’hui plus la force de m’y confronter. Et puis, mon plaisir à partager mes passions, à enseigner un peu de Yoga à mes camarades d’aventures. L’envie d’aller plus loin dans cette pratique de l’escalade, et mon épanouissement total à chaque fois que je me retrouve en haut d’un mur. Et puis, cette drôle d’histoire qui résonnait en moi pendant toute la formation. Quand je travaillais sur Paris dans l’événementiel, j’avais tendance à détester les agences qui proposaient des activités pour les entreprises qui avaient l’allure pour moi d’activités de colonie de vacances pour adultes. J’avais d’ailleurs pour habitude de dire, un peu négativement que ce qu’ils faisaient n’était que du BAFA pour adultes et qu’il y avait bien plus à faire, en matière de créativité. Et bien, c’est l’arroseur arrosé puisque durant 6 semaines, nous étions ceux pratiquant ces activités de « BAFA pour adultes ».

A la différence que, cette fois, c’est dans un contexte de nature, coupés du monde, que nous les pratiquions. Et que les élèves étaient tous là, dans un but de se questionner sur leur vie, sur leurs choix, sur leurs professions. Le retour au jeu, même à 30 ans, nous a bien souvent permis de nous dégourdir les jambes, de nous réveiller, de nous confronter à des problèmes en tant qu’équipe, de nous aventurer dans des sujets que nous n’osions pas aborder entre nous, et de nous poser des questions personnelles aussi sur notre place au sein du groupe. Toutes ces activités ont eu le don de construire notre petite famille. Et toutes ces activités nous ont permises de partager joies et peines, tous ensemble.


Allier tous ces outils de développement personnel, toutes ces activités qui vous permettent de repousser vos limites et tous ces jeux de groupe ont fait de cette formation une retraite pour le corps et pour l’esprit. Et je crois, que c’est l’une des plus grandes leçons que je continue d’apprendre sur ma manière de voir les choses.On a souvent des idées préconçues sur des sujets, qui pourtant, une fois abordés sous un tout autre angle, avec un tout autre regard, prennent sens et vous apportent beaucoup plus de valeurs que ce que vous croyiez. Cela me ramène aux mêmes types de conclusions qu’à chacun de mes voyages. Si je ne suis pas encore parvenue à ouvrir mon esprit instinctivement et librement sur mes jugements, je suis très heureuse aujourd’hui d’être capable d’aborder des situations que j’aurais jugé par le passé honteuses ou stupides avec beaucoup plus d’ouverture d’esprit. Je tente au maximum dans ma vie de tous les jours de dire oui. D’essayer les choses avant même d’écouter cette petite voix qui dit « c’est nul, c’est pas pour toi ». Car bien souvent, cette petite voix a tort. Et derrière chaque pays, chaque activité, chaque personne que j’aurais jugé, avant même de connaître, j’ai découvert et appris un tas de leçons, sur moi, sur ce monde, et sur les autres. Et sans cette ouverture d’esprit que je me force d’adopter à chacune de mes expatriations, je serais passée à côté de bien des rencontres qui ont jusqu’ici changer ma vie… Il y a une légende en Patagonie qui dit que si l’on a goûté au fruit de sa célèbre baie « El Calafate », nous y reviendrons forcément un jour. Au vu de la couleur bleutée que j’avais sur les lèvres à chacune de nos randonnées, je peux d’ores et déjà vous dire, qu’un jour, j’y retournerai… Love. Co.


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