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Et de deux mois au pays des vikings. Deux.
Dans l'article précédent, j'évoquais avec vous notre arrivée en Norvège, notre nouveau chez nous et nos premières découvertes. Ce mois-ci, c'est la tête pleine de nouvelles petites aventures que je vous écris.
Au programme : camping dans les fjords par -3°C, costumes traditionnels pour la fête nationale norvégienne, rencontre avec Black Betty, la nouvelle acolyte de nos road-trips et tour d'horizon de ma semaine de formation chez Outdoor Norway. Allez hop, en route !
IMMERSION DANS LES FJORDS
Si avril a été synonyme de confinement dans l'appartement, Mai m'a offert beaucoup plus d'opportunités d'évasion. Bien que la ville où l'on vit, Voss, soit en plein cœur de la région des fjords, sans voiture, cela s'avère toujours un peu compliqué pour profiter pleinement des environs. Par chance, quelques lignes de bus relient les grands axes principaux et certaines des randonnées les plus emblématiques sont alors accessibles depuis ces petites bourgades touristiques. C'est donc ainsi, que nous sommes partis à l'aventure dans la région de Flåm, à la découverte de Aurlandsfjord.
Flåm est un village qui m'a laissée perplexe. C'est un peu le "Disneyland" des fjords. Ces bâtiments colorés, faussement vieillots et traditionnels récréent l'esprit viking que les touristes sont venus chercher. Bars, boutiques et centre d'information font la vie du "centre-ville". Difficile de distinguer le vrai du faux dans cet univers pourtant doucement attractif.
Après 10 minutes à pavaner dans les rues et à organiser nos deux jours avec l'aide de l'office du tourisme, changement de plan : suite à des glissements de terrain, impossible d'accéder au point de départ de la rando planifiée. Au lieu d'effectuer une longue marche avec camping le long du chemin, nous divisons alors notre découverte des environs en deux étapes.
Pour la première : rendez-vous à Brekkefossen, une cascade située à 30 min à pied depuis le centre de Flåm. L'occasion de s'échapper un peu de la foule et de découvrir la vallée située à l'arrière du Fjord.
Deuxième étape : direction le bourg d'Otternes pour démarrer l'ascension vers Hodvungo, un plateau avec vue sur Aurlandsfjord.
La rando démarre par une balade assez incroyable le long du fjord puis se prolonge sur des routes et sentiers de montagne. Les maisons qui forment le micro-village d'Otternes sont le parfait exemple de l'architecture traditionnelle norvégienne. Le genre de cabines de montagnes dont vous rêvez quand vous pensez à la Norvège.
Après quelques heures de marche, il était temps de trouver un emplacement pour poser la tente. Il existe une loi en Norvège (en Suède aussi d'ailleurs) qui vous donne le droit à la nature. Cela signifie que vous pouvez camper n'importe où, sous certaines conditions (respecter la nature, ne pas s'introduire dans un terrain délimité par une clôture, s'installer à plus de 150m d'une habitation occupée, hors du champ de vision des habitants, etc...) Toutefois, camper dans les fjords peut relever du challenge pour trouver une surface à peu près plate et déboisée. Après une heure de grimpette, à chercher désespérément le spot idéal, nous nous sommes finalement contentés d'un sol un peu bancal mais avec vue incroyable sur la mer et les montagnes.
Evidemment, nous n'étions pas équipés pour des températures scandinaves. Mais l'envie incontenable de camper de ces dernières semaines était plus forte que tout. C'est parée de toutes les couches de vêtements possibles et disponibles dans ma garde-robe que je suis partie à l'aventure. Et je ne vais pas vous mentir, je n'ai que très peu dormi. Entre mes grelottements et le noir presque inexistant, la nuit fut très mouvementée. Au final j'ai passé la nuit avec : 2 sous pulls techniques, un pull polaire, une micro-doudoune, un manteau, une écharpe, un col, un bonnet, des gants, des collants en tissu thermique, un legging, un pantalon et deux paires de chaussettes en laine... Sans compter la couche de duvet prévu pour des températures avoisinant les 10°C par dessus le tout. Oui oui, même avec tout ça, j'avais froid. :D
Une nuit a -3°C dont je me souviendrais toute ma vie !
Réveillés par la lumière et le froid donc, nous avons repris la route très tôt au petit matin, afin de poursuivre l'ascension vers le plateau. Arrivés au sommet, c'est bel et bien une vue magnifique sur le fjord que nous avons trouvé, mais aussi un micro village de cabanes colorées. C'était magique.
Au départ nous avions prévu de prendre un petit déjeuner avec vue mais au vu des températures toujours aussi négatives, c'était presque impossible. Presque, mais pas totalement. En arrivant, nous avions aperçu un brasero, disposé là, au milieu de ces petites maisonnettes. Après quelques minutes à supplier Ben pour que l'on fasse un feu, il a finit par accepter et nous nous sommes débrouillés (enfin, il, plus que moi) pour trouver quelques bouts de bois inflammables. Bon, ce n'était pas sans peine, mais il a finit par gagner ! ouff !, enfin de quoi me réchauffer et l'occasion d'improviser un "breakfast" cuit au feu de bois. Merci qui ? Merci Kiwi !!!
C'est un peu frustrés que nous avions débuté cette randonnée, puisque nous voulions à l'origine partir pour deux jours de marche.
Certes, nous n'avons pas grimpé des heures et des heures à n'en plus pouvoir, mais ce coucher de soleil irréel sur le fjord, ce tapis de mousse en guise de matelas, le chant des oiseaux au petit matin, le vent qui me glace le visage une fois tout là-haut, cette vue à couper le souffle, l'odeur du bacon qui grille sur le feu de bois et la chaleur qui finalement s'infiltre en moi... C'est finalement pour ce genre de moments, complètement inattendus et improvisés que je me dit que parfois, la vie ou l'univers ne font pas si mal les choses...
COSTUMES ET TRADITIONS
Le 17 mai dernier, nous avons eu la chance d'assister à la fête nationale norvégienne. Un esprit bon enfant pour un pays dont les habitants se veulent pourtant discrets le reste de l'année. A cette occasion, les norvégiens sortent les drapeaux et arborent les costumes traditionnels propres à leurs régions pour un défilé, en bandes, dans les rues des centre-villes.
Ainsi, les clubs de sport, les écoles, les fanfares, ... s'associent pour créer une parade haute en musique et en couleurs. C'est jour de fête mais également jour de chance surtout pour les enfants, puisque chaque année, la tradition leur donne le droit de manger autant de glaces qu'ils le souhaitent, leurs parents ne pouvant leur refuser. Ces derniers ne sont pas en reste puisqu'ils passeraient leur journée à s'enfiler des hot-dog, avant de se retrouver en famille ou entre amis, autour de quelques bouteilles et d'une bonne tablée.
Ce 17 mai signe également la fin d'un marathon de fêtes pour les lycéens norvégiens en dernière année d'études (l'équivalent de l'année du baccalauréat pour nous). Si les français célèbrent leur diplôme uniquement après avoir reçu les résultats, les norvégiens eux, s'en réjouissent bien avant même de débuter leurs examens.
Ici, ils sont appelés "Russ". Durant 4 à 6 semaines, on ne voit qu'eux. Dès la fin des cours courant avril et ce jusqu'au jour de la constitution norvégienne, ils envahissent les rues, vêtus de leurs salopettes colorées.
La couleur la plus répandue est le rouge qui correspond aux études générales. Le bleu correspondrait aux écoles de commerces, le noir aux études professionnelles, le vert aux études agricoles et le blanc aux études de médecine. C'est une tradition qui dure depuis 1905 et un rite de passage immanquable pour ces lycéens en passe de devenir "adulte".
Depuis quelques années, ils ont élevés cette tradition à un niveau supérieur puisqu'ils économisent durant plusieurs mois voire années pour s'offrir des vans aux couleurs de leurs écoles. Entièrement équipés, ces mini-bus leurs servent de transports, de logement, de bar mobile, de boîte de nuit ambulante, incluant ainsi lits superposés, tables, chaises, lumières et systèmes de sonorisation, ...
Durant un mois donc, nous les avons vu errer dans les rues ou au volant de leurs bolides, parfois studieux, parfois ivres. L'une d'entre elle me racontait que cette forme de bizutage peut malheureusement aller très loin (ils se font asperger d'alcool, doivent réaliser des défis stupides ou finissent même ligotés à des poteaux...) Toutefois, si les débordements ne se font plus très rares dans les grandes villes, à Voss l'esprit est resté bon enfant. Pour vous dire, un soir, nous avions un bus de "Russ" garés en plein milieu du rond-point près de chez nous, brandissant un panneau qui disait quelque chose du genre "A chaque coup de klaxon, on boit une gorgée". Et bien je peux vous dire que tout les véhicules qui passaient s'en sont bien amusés ...
Un marathon bien arrosé donc qui se termine en beauté le 17 mai, signant ainsi la fin des festivités et le début de leurs exams !
BLACK BETTY
Comme expliqué un peu plus haut, sans voiture, la région est très compliquée à explorer. Après un mois à faire germer l'idée dans la tête de Ben, nous voilà les heureux propriétaires de Black Betty, la nouvelle acolyte de nos prochains road-trips.
En moins de trois semaines, nous avons déjà parcouru plusieurs dizaines de kilomètres en quête d'aventures et de découvertes. Nous avons eu la joie de rouler dans des paysages tout aussi incroyables que ceux de la Nouvelle-Zélande et de partir à la rencontre d'une nature et d'une vie sauvage plus qu'éblouissante.
C'est un peu à ce moment là que je me suis vraiment rendue compte de la beauté de la région dans laquelle on est et de la chance que l'on avait d'avoir atterrit là finalement. C'est bête, mais j'avais vraiment besoin de reprendre la route pour m'en rendre compte, me sentir libre et recommencer doucement à vivre.
Concernant les routes, je savais les Norvégiens maîtres dans l'art de creuser les montagnes mais je crois que je ne m'étais pas assez préparée ! Entre Bergen et Voss, soit 1h30 de route, il doit y avoir un peu plus de 30 tunnels, longs de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres ! Pour vous dire, un peu plus bas, vers Hardangerfjord, ils ont même construit un rond-point, en plein milieu d'un tunnel, et donc d'une montagne... Oui Oui...
OUTDOOR NORWAY
Ce mois-ci j'ai enfin pu rencontrer les membres de mon équipe au boulot et commencer doucement le travail. J'ai passé quelques heures sous la tente à gérer les locations, les réservations pour les tours et surtout à créer des supports graphiques pour la saison.
L'équipe est très cosmopolite puisque composée de Marcio, le boss, brésilien ; de quatre guides, Claire, qui vient d'Ecosse, Claudio, d'Italie, Sindre, de Norvège, Jasper du Danemark et enfin d'une seconde coordinatrice des réservations, Solvei, née en Norvège mais qui a vécu aux USA jusqu'à il y a deux ans. Une petite troupe bien sympathique donc et de nouveaux compagnons toujours partants pour aller à l'aventure !
Au vu de la météo très hivernale de ces trois dernières semaines, nous n'avons pas eu beaucoup de visite. J'ai toutefois eu la chance d'assister à une semaine de formation, à l'origine plutôt destinée pour les guides. L'occasion de m'essayer à de nouvelles pratiques sportives et de me découvrir de nouvelles passions.
Premier jour, c'était Canoë sur la rivière. C'était super chouette malgré ma crainte des rapides. Marcio est un très bon coach et a su construire en moi la confiance dont j'avais besoin pour apprendre et m'amuser en même temps.
Les deux jours suivants, c'était MOUNTAIN Bike, une version premium du VTT de montagne. Ben avait bien essayé de m'emmener quelques fois en Nouvelle-Zélande mais je dois avouer que, venant de notre cher plat pays, j'avais très peur de souffrir de ces montées et descentes à répétition. Mais en fait, pas du tout. J'ai ADORÉ.
Le premier jour, nous étions en forêt, sur des sentiers étroits, parfois pentus, parfois plats et à rouler par dessus les racines des arbres. Rien de trop compliqué, une route adaptée aux débutants comme moi.
Deuxième jour, direction la colline. Malgré un tour réservé aux niveaux intermédiaires voire expérimentés, Marcio a finalement accepté que je les accompagne. (j'avais tellement adoré la veille que j'étais ultra-motivée à enchainer avec une seconde journée) Cela aura demandé un peu d'adaptation notamment sur les parties les plus techniques, (le chemin alternant entre montée et pente raide, obstacles à éviter, arbres à surmonter, petits ponts de bois à traverser...) mais j'ai, une fois de plus, adoré. Certes il m'a fallu pousser mon vélo deux ou trois fois, marcher sur quelques parties impossible à franchir pour moi, et tomber à quelques reprises, mais quel sentiment de liberté ! Ça faisait longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir dans une activité !! D'ailleurs, depuis, dès que le soleil pointe le bout de son nez, je n'ai qu'une envie : remonter sur un vélo et repartir à l'aventure !
Troisième jour, direction le fjord avec une visite express du Village de Vikings, situé à Gudvangen. Petit saut dans le passé pour comprendre un peu mieux le style de vie et les traditions des ces ancêtres. C'était sympa car gratuit mais je ne sais pas si je recommenderai d'en payer le prix. Nous y étions mi-mai, ce qui signifie que c'était encore la basse saison. Il n'y avait pas beaucoup d'artisans présents dans le village pour nous expliquer leurs techniques. En été, l'expérience doit être complètement différente.
Deuxième étape de la journée, Næroyfjørd (celui sur lequel j'avais déjà fait du Standup Paddle le mois dernier). Cette fois-ci, c'est kayak de mer, en duo avec Claire. Au départ partis pour une simple activité sur l'eau, c'est un véritable voyage dans les nuages que nous avons effectué ! Avec la pluie des heures précédentes, le paysage s'était transformé en décor de théâtre, dissimulé sous un épais brouillard, créant cette atmosphère mystique et volatile propre aux fjords.
Quatrième jour, randonnée au Mount Oksen. La plus belle que j'ai réalisée jusqu'à maintenant en Norvège. La montée est assez raide, mais la vue à l'arrivée, vaut tous les efforts du monde.
Une randonnée entre terre, mer et ciel...
Et peu importe s'il ne fait que 2°C une fois au sommet, car où que vous regardiez, vous êtes entourés de fjords, de tous les côtés.
Cinquième et dernier jour : Stand Up Paddle sur la rivière.
Dans ce genre de formation intensive accéléré, normalement vous passez 80% de votre temps sur la planche, 20% dans l'eau. Pour ma part, c'était plutôt un 30% / 70%. J'ai nagé des dizaines de fois, j'ai perdu ma planche, ma pagaie, j'ai atterri du mauvais côté de la rivière, j'ai haï Marcio de m'avoir emmenée jusque là, j'étais à deux doigts de sortir de l'eau et traverser le centre-ville avec ma planche à la main pour m'éviter de continuer... Mais après coup, je dois bien avouer que je me suis tout de même amusée. De précieux souvenirs qui entrainent généralement des crises de fou-rires avec Claire et Marcio quand on évoque mon expérience du dernier jour de formation. Haha.
Bon il faut quand même dire que Marcio m'a avoué un peu plus tard nous avoir poussé dans des niveaux complexes avec la planche, pour connaître nos limites et pousser la formation un peu plus loin pour les guides. Bon ba, là, c'est bon du coup, mes limites, on les connait !
ET SINON ?
Bon et sinon, après deux mois chez les vikings, je peux d'ores et déjà vous confirmer que j'aime beaucoup ce pays, surtout pour les paysages et les activités qui en découlent. A ma grande surprise, c'est parfois même plus impressionnant que la Nouvelle-Zélande. J'ai encore un peu de mal avec le style de vie des Norvégiens pour l'instant mais je m'habitude doucement à la vie ici. Les journées se rallongent, le soleil ne se couche pratiquement plus, cela va nous faire bizarre d'ici quelques jours. Nous ne sommes pas dans la région du soleil de minuit, mais nous devrions connaître des nuits très courtes voire "éclairées" d'ici peu. De quoi rendre compliquer l'heure du coucher me concernant puisqu'à 22h il fait clair comme à 17h en plein été. Bon c'est pas grave vous me direz, je profiterai des journées sans soleil de l'hiver pour me rattraper. Ah oui car, même si les choses avancent pour nous, il y a de fortes chances que l'on se décide à rester en Norvège pour une saison hivernale... En principe plus au nord encore, histoire d'expérimenter l'hiver dans le noir le plus complet :)
Concernant mon quotidien, ça va mieux. Étant donné que j'adore mon job, que j'apprends énormément de la part de Marcio sur le fait de gérer un business dans le tourisme et que travailler dans cet univers est bien souvent riche de rencontres toutes plus intéressantes les unes que les autres, j'ai retrouvé l'envie et le plaisir de faire des choses. Qui plus est, avec des collègues aussi chouettes, la saison devrait bien se dérouler.
Me concernant, je continue le Yoga et tente de prendre soin de moi. Je surfe sur les vagues positives quand elles sont là et j'apprends à accepter les négatives quand elles prennent possession de moi. Ce n'est pas tous les jours facile mais je crois que l'univers essaie de m'envoyer quelques signaux d'espoirs pour la suite alors je reprends les projets doucement là où je les avais abandonné. D'ailleurs, je peux d'ores et déjà vous annoncer qu'il y aura bel et bien une saison de Co au pays des Caribous puisque j'ai finalement reçu mon visa pour le Canada... On attend celui de Ben et Champagne ! (enfin ce sera mousseux acheté au Duty Free car ici ça coûte beaucoup trop cher haha)
Voilà, je crois que je vais m'arrêter pour ce mois-ci.
Je risque d'avoir pas mal de choses à vous montrer le mois prochain puisque je suis actuellement en train d'explorer la région avec les parents de Ben qui sont venus nous rendre visite pour quelques jours. Je peux d'ores et déjà vous dire que mes photos risquent de "faire mal aux yeux" :)
Une pensée pour mon papounet qui me lira peut-être de l'au-delà...
Je vous écris vite,
Love. Co.
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