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Photo du rédacteurCoralie Marichez

Co au pays des Vikings - Le bilan

S'il y a bien un moment que j'adore et que je déteste à la fois c'est quand arrive la fin d'un voyage et que je me retrouve dans cet entre-deux, de retour dans ma chambre d'enfant à vous écrire le bilan. Entre mes envies de repartir, ma tristesse d'une histoire qui se termine et vos exclamations ou désolations de me savoir déjà en train de préparer mon sac pour la suite, j'ai bien souvent envie de fuir.


Si je suis une grande fan des fins quand elles sont matérielles, (vous devriez voir mon enthousiasme quand je finis mon shampoing ou mon dentifrice et que je peux enfin passer au nouveau qui attend déjà dans le placard depuis 2 semaines) quand il s'agit de mes voyages, de mes relations amoureuses ou même tout simplement d'une soirée, je traverse des émotions complètement à l'opposé. C'est bête, mais j'ai toujours eu du mal à être la première à partir de peur de louper quelque chose d'important, toujours eu du mal à mettre fin à une histoire, de peur de le faire trop tôt et de louper une occasion de la sauver et j'ai toujours du mal à mettre fin à un voyage car j'ai toujours un peu peur de l'après...


Vous me dites souvent toi Coralie l'aventurière, avoir peur ? Et bien oui, même si je suis habituée à partir, croyez-moi, cela ne m'empêche pas d'avoir peur parfois. En fait sans peur, j'n'irais pas bien loin au final.


Cela fait maintenant un peu plus d'une semaine que j'ai officiellement quitté la Norvège. Un retour a priori moins difficile que celui de la Nouvelle-Zélande donc, surement dû au fait que j'ai de vrais projets qui m'attendent... Ces mois chez les vikings n'auront été remplis que de craintes et d'angoisses, certes déclenchées en moi par la disparition de mon papa mais pas que. Si cela m'a parfois donné la sensation d'être mains et pieds liés, en train doucement de sombrer, j'ai aussi finalement trouvé la force d'affronter des parties de moi-mêmes qui m'étaient totalement inconnues. J'ai fait face à la vie étant presque hantée par la mort et j'ai "survécu".


Alors qu'est-ce que m'a apporté cette expérience chez les Vikings ? Qu'est-ce que ce voyage m'a appris sur ma vie de nomade, sur la disparition d'un proche, sur moi-même ? Pourquoi est-ce que dans 2 jours, je reprendrai la route vers l'inconnu ? L'heure est au bilan ! Je vous emmène ?



Évidemment, tout ce que je vous décris ici est entièrement personnel. Il s'agit de mon ressenti, de mon vécu, lié à ma personnalité, ma culture, et à ce contexte de voyage précis (qui était par ailleurs très particulier cette année). Cela ne veut pas dire que ma vérité est la bonne. Je tiens à le repréciser car chacun se fait sa propre expérience d'un pays et je suis sûre que si vous posiez les questions à Ben, il en aurait un tout autre regard et heureusement ! Je ne cherche pas ici à vous convaincre de quoi que ce soit, simplement à vous livrer mon histoire de voyageuse, à vous inspirer en vous offrant un aperçu à travers mes yeux à moi. Je reste toutefois la première à répéter d'aller vous-même faire l'expérience d'un pays et d'une culture avant de les juger, car la meilleure opinion que l'on puisse se faire, est la sienne. Ceci étant dit, voici mon bilan ;)



NORVÈGE


Tout d'abord, la Norvège. Ce pays où la population est soi-disant l'une des plus heureuses au monde... Un pays dit "vert et écolo"... Des Norvégiens à la réputation d'être froids et discrets... Qu'en est-il quand on y vit quelques mois ?

  • LE PAYS est magnifique et je pense que c'est de loin mon coup de cœur en Europe. Montagnes, mer, fjords, rivières, forêt, ... il y en a pour tous les goûts ! Je crois que le fait que les Norvégiens ne soient pas aussi nombreux que les Français, a aussi fait partie de mon épanouissement personnel. (Oui oui, en France, on est définitivement trop nombreux pour moi !)


  • LE CLIMAT ? Un poil trop pluvieux à Voss, parfait aux Lofoten, cela fait tout le charme des paysages. Tout prend des tons plus ou moins dramatiques selon la saison et le décor se transforme même parfois en monde de bisounours quand le soleil s'y mêle. Si j'ai détesté les pluies non-stop à Voss, elles ne m'ont absolument pas dérangée aux Lofoten. Juste une question de paysages je pense. Il fait évidemment plus froid qu'au nord de la France mais j'ai vraiment apprécié à quel point les saisons sont marquées par des couleurs très différentes et contrastées. (Alors avec le Canada qui arrive dans quelques mois, je pense que là-dessus, je peux être rassurée !)


  • LE SOLEIL DE MINUIT ET L'HIVER NOIR : Je n'ai réellement vu ni l'un ni l'autre mais j'ai expérimenté les effets des deux. A Voss, nous avions la pénombre toute la nuit mais pas de nuit noire. Aux Lofoten, quand je suis partie, nous n'avions déjà plus que 5 heures de soleil par jour, ce dernier commençant à descendre vers 15h. Autant en été, c'est facile de calfeutrer ses fenêtres. Autant en hiver, l'organisme est vraiment perdu et à 17h30 j'étais prête à aller me coucher (sans exagérer). C'est particulier et temporairement ça me va. À long terme, je pense que j'aurais plus de mal. Pas étonnant que les îles Lofoten se vident de leurs habitants en hiver ...


  • LES NORVÉGIENS. Ce cliché du norvégien un peu froid est assez faux. Ils sont en réalité très sympathiques. Il est vrai que leur culture, du moins à Voss, fait d'eux des personnes très casanières. Ils adorent sortir pour des activités sportives et c'est peut-être le seul secret pour aller à leur rencontre. (certains sont très fêtards quand l'occasion se présente, mais rares sont les fois où vous êtes invités chez eux). Contrairement à la France, la culture norvégienne n'est pas très orientée chez le "recevoir chez soi" ou les sorties restaurants (peut-être aussi car les restos et l'alcool y sont très chers). Cela semble dépendre évidemment des gens et des régions car aux Lofoten par exemple, tout était un peu différent. La population, isolée, y vit davantage en communauté, et les habitants semblaient toujours plus enjoués à l'idée d'une soirée. En revanche, là où j'étais le plus surprise, c'est la société elle-même, qui semble reposer sur un besoin d'appartenance et d'apparence face aux autres. Au début, je pensais qu'ils arboraient de jolies marques et conduisaient de jolies voitures tout simplement parce qu'ils ont l'argent pour. Mais au final, non. Par exemple, ils sont très portés sur le fait d'avoir le matériel sportif dernier cri et le revendique un peu malgré eux (comparé aux Kiwis, fan eux aussi d'activités Outdoor, mais qui n'accordent peu voire pas d'importance à l'image qu'ils dégagent).


  • L'ORGANISATION NORVÉGIENNE : tout prend du temps. Il faut savoir être patient car la Norvège est un pays où la désorganisation se mêle à la précipitation et à l'attente. Que ce soit au niveau professionnel, administratif ou touristique, cela m'a plus d'une fois mise en situation inconfortable car les informations sont loin d'être faciles à trouver... D'un sens, les Norvégiens sont tellement détendus, qu'ils ne s'inquiéteront pas de vous voir passer quatre fois devant eux quand vous cherchez désespérément le quai du bateau... En fait, je crois que c'est ce sentiment d'indifférence aux autres (qui est plutôt une marque de respect pour les pays scandinaves car ils ne veulent pas pénétrer votre "bulle personnelle" si vous ne les y invitez pas) qui m'a mise mal à l'aise en Norvège, comparé aux kiwis et à leur légendaire bienveillance.


  • L'ECOLOGIE. J'en avais parlé à mon arrivée, je confirme mon ressenti à ce sujet. Tout ici repose sur le fait de paraître écolo alors qu'en creusant dans leur vie quotidienne, on se rend compte de nombreuses aberrations. Par exemple, les légumes importés et emballés individuellement sous plastique ; l'or noir sur lequel repose toute la richesse norvégienne ; les Norvégiens qui roulent en voiture électrique non pas parce que c'est écologique mais parce que cela leur fait économiser de l'argent (et les rend plus riches en quelque sorte) ; les sacs plastiques vendus en quantité à la caisse des supermarchés car peu de Norvégiens viennent avec leurs propres sacs et plus récemment les eaux usées déversées directement dans la mer dans certaines villes des Lofoten... Évidemment, personne n'est parfait et je suis la première à prôner le "chacun fait ce qu'il peut à son niveau" quand il s'agit d'environnement. Ce qui me dérange un peu plus c'est que, des solutions de base existent déjà et qu'elles n'ont pas du tout été mises en place dans ce pays... Il n'y a pas tant que ça d'initiatives de magasins en circuit court, bios, vracs ou zéro déchets par exemple et les magasins de seconde main peu développés. Je me suis même demandée si les Norvégiens ne le font pas car ils s'en moquent ou si quelque chose les bloquent... Je n'ai pas la réponse mais, comparé à d'autres pays, j'ai été assez surprise.


Bon, rassurez-vous, si je me pliais à ce même exercice pour vous dresser un portrait un peu cliché des Français, vous me détesteriez. Je ne critique pas en disant que c'est mieux ailleurs, je réalise juste doucement que le pays idéal où j'aimerais un jour poser mes valises n'existe pas encore.


Verdict ? La Norvège, pour les paysages : j'adopte. Les Lofoten : j'adopte. En revanche, la culture n'est pas assez orientée sur la sociabilité et la rencontre pour moi je crois. Et puis, c'était trop difficile d'y vivre en respectant mes valeurs "écolo", "zéro-déchets", "seconde-main" au quotidien. Il me manquait ce petit plus d'une vie aussi relax et détendue qu'en Nouvelle-Zélande. Bref, je crois que jusqu'à maintenant, les kiwis sont restés favoris bien que les Lofoten aient aussi volé une partie de mon cœur...




BILAN PERSONNEL


Me concernant, beaucoup d'apprentissage durant ces 7 mois chez les vikings et 10 mois de deuil.

  • Premièrement, j'ai découvert que la vie entourée de montagnes sans échappatoire vers la mer ou l'océan, ne me convient que très peu, et que je suis très sensible à mon environnement. Si je me trouve dans un endroit où je ne me sens pas bien, il faut que je sache m'en échapper. Peu importe la situation. C'est bête, mais ça a joué un rôle important ces derniers mois, donc maintenant, je sais.


  • Ensuite la sociabilité. Je peux vivre en ville (moyenne comme Voss ou plus petite) ou isolée en pleine nature comme aux Lofoten, peu m'importe si j'ai de vrais amis avec qui partager mon expérience. Chez Terri, nous vivions dans cette grande famille au quotidien. Chez Ben, nous étions en coloc à 4. Dans le van, j'avais ma cachou. Aux Lofoten, j'étais dans une communauté de voyageurs. À Voss j'ai beaucoup souffert de ne pas avoir d'amis proches avec qui partager plus intimement mon quotidien. J'avais bien mes collègues mais nous ne pouvions profiter de journées ensemble puisque nous n'avions que rarement des journées Off l'un avec l'autre. J'ai manqué de temps et de patience pour construire des relations là où aux Lofoten, les activités sportives et la vie en communauté m'ont ouvert les portes de l'amitié avec de nombreuses personnes. Au final, je pensais qu'avoir Ben avec moi serait suffisant. Mais s'il y a une personne qui a créé mon expatriation en NZ, c'était ma Cachou. Elle était ma copine d'aventure, mon oreille au quotidien, ma meilleure amie sur place, même quand on ne se voyait plus beaucoup vers la fin. Elle a été ma confidente pendant plus d'un an et je crois qu'à notre retour on s'est un peu effacée de notre vie en commun pour tenter de se construire quelque chose chacune de notre côté. Mais au final, elle faisait mon équilibre. Et bien que l'on ait repris nos conversations à rallonge, il faut maintenant que j'apprenne à reconstruire de nouvelles relations quand je voyage pour recréer des repères là où à Voss, je n'y arrivais pas. Maintenant, je sais.


  • Au niveau activités, je crois que j'ai besoin d'un endroit qui m'offre des alternatives en cas de météo capricieuse et des sports de "terrain". En Nouvelle-Zélande, quand il pleuvait, on avait toujours l'option d'aller escalader en salle. En Norvège, c'était plus compliqué puisque à Voss, à part la salle de sports et les rivières, il n'y avait rien. S'il pleuvait : le VTT, la rando et l'escalade étaient à proscrire. Bien que j'aie toujours adoré passer des heures dans l'eau étant enfant, j'ai découvert en Norvège à quel point je suis plus connectée à la terre qu'à l'eau (bien que je sois "Verseau"). Il y a quelque chose dans l'eau qui m'attire et m'effraie (je suis la première à vouloir faire du kayak de mer ou du canyoning et pourtant j'ai peur des vagues pour surfer et des rapides...) J'y ai beaucoup réfléchi ces derniers temps et suis doucement en train de redécouvrir l'origine de tout cela. Mais en attendant, je sais que pour l'instant, je ne peux pas vivre uniquement d'activités aquatiques.


  • Professionnellement parlant j'ai énormément appris ces derniers mois. J'ai adoré mon job à Voss pour le contact avec les voyageurs, pour les discussions et le partage d'aventures. En revanche, j'ai détesté le tourisme pour son côté "surconsommation". J'ai détesté les horaires à rallonge, les weekends de boulot, et le manque de temps pour des activités personnelles. Je préfère travailler et gagner moins mais vivre mieux. Je sais qu'il y a quelque chose qui m'attire dans le partage d'expérience, le retour à soi, la vraie connexion à la nature à travers des aventures partagées. J'ai pris conscience grâce à Furu, que des projets peuvent aussi prendre vie à plusieurs, qu'être voyageur et proche de la trentaine, n'a rien d'exceptionnel. Qu'être entrepreneur ne veut pas dire rester bloqué dans un pays. Que fonder un lieu qui fasse se sentir comme à la maison, tout en s'échappant de temps en temps pour voyager, c'est possible. Que créer un projet inspiré et inspirant pour d'autres voyageurs en quête de sens n'a rien d'inconcevable... C'est bête, mais j'avais besoin de le voir et le vivre pour le comprendre. Maintenant je sais.


  • J'ai compris que pour bien démarrer dans un nouveau pays, il faut que je puisse commencer "sans attaches" en toute liberté de mouvement. Sans un job qui m'empêche de partir si ça ne va pas. Sans un appartement qui me donne le sentiment d'être bloquée et de faire du sur-place. Je m'en doutais un peu avant l'arrivée en Norvège, mais nous n'avions pas trop le choix. Maintenant je sais. (et ce sera un critère d'arrivée pour le Canada !)


  • Enfin, j'ai appris à quel point certaines de mes traditions culturelles m'empêchaient souvent d'avoir l'esprit ouvert dans certains domaines. Je crois qu'après la disparition de mon papa, j'avais trouvé dans la nourriture, une zone de confort, qui me rassurait et que je n'avais pas du tout envie de chambouler. Et puis j'ai toujours eu énormément de principes liés au repas et aux recettes qui bien souvent, créaient la frustration de Ben en cuisine, car j'avais beaucoup de mal à accepter un peu de créativité. Eh oui ! comme quoi on peut être une personne très créative et pourtant avoir des principes très rigides dans certains domaines. Bon en même temps, ce n'est pas pour me créer des excuses mais on doit bien avouer que la nourriture et la table dans notre culture française sont deux domaines commandés par un nombre incalculable de règles, qu'elles soient dites ou non-dites. Bref, après un mois de nourriture entièrement végétarienne à l'auberge, je me suis vue improviser des plats complètement improbables, qui ont parfois remporté un grand succès. Et puis je me suis mise à re-goûter des choses que je pensais ne pas aimer... (d'ailleurs si vous allez en Norvège un jour, goûtez leurs pains à la cannelle, c'est merveilleux !!! j'ai perdu six mois à dire que je n'aimais pas ça alors qu'après un essai aux Lofoten j'en mangeais tout le temps...)


MA VIE DE COUPLE


Si j'ai beaucoup appris sur moi-même cette année en Norvège, j'ai aussi beaucoup appris sur ma place et ma personnalité quand je suis en couple.

  • J'ai découvert ou redécouvert plutôt (car je le savais mais je l'avais oublié) que l'une de mes plus grandes faiblesses (qui peut parfois être une force) dans ma relation de couple, c'est de finir par m'oublier moi-même. J'ai eu tellement peur de perdre Ben cette année, que tous les choix que je faisais étaient pensés en fonction de lui, de ce qu'il penserait de moi, de ses envies, de son confort, de son bonheur. Quand on est arrivés à Voss et que j'ai très vite compris que je ne m'y plairais pas, j'ai voulu rester, au lieu de partir comme il me l'a proposé. Parce que je savais qu'il s'y plairait, qu'il s'était déjà fait des amis et qu'il avait les rivières pour s'amuser. Et puis, j'étais dans une période de ma vie où j'avais besoin de lui comme repère. Je n'aurais jamais été capable de partir seule à ce moment précis. J'avais besoin de traverser ces zones de turbulences en sa présence, peu importe si la ville où l'on était les intensifierait. Maintenant, je sais pour le futur, que pour mon équilibre mental et mon bonheur personnel, il faut que je réussisse à conserver mon individualité au sein de mon couple, pour être heureuse, et avancer. Et de toute façon, c'est le seul et unique secret d'un couple qui dure...


  • En revanche, partager un voyage, une expatriation, une vie de nomade avec son chéri, c'est vraiment une expérience que j'ai apprécié. J'ai bien souvent eu l'impression d'être incomprise car tant qu'on ne l'a pas vécu soi-même on ne peut pas vraiment comprendre toutes ces émotions et sentiments provoqués par l'expatriation, le retour "à la maison", et la vie ailleurs. Pouvoir partager en partie cette expérience (de voyage et de deuil) avec Ben nous a rapprochés et soudés même si cela nous a aussi au final divisé. Et je sais pour le futur, qu'une relation de couple avec quelqu'un qui ne sait pas de quoi je parle, risque d'être compliquée pour moi.


  • Enfin, ma confiance en moi. J'ai passé ma vie à ne pas croire en moi. Jusqu'au jour où j'ai atterri en Nouvelle-Zélande. Je pensais que c'était le pays, la culture, le voyage qui me donnaient cette force. Mais j'ai découvert récemment, après la rupture avec Ben, que c'était mon célibat... Depuis mes 16 ans j'ai enchainé les relations de couple. La seule année où j'étais célibataire, a été celle de la Nouvelle-Zélande. (jusqu'à la rencontre avec Ben et encore, car nous avions une grande indépendance l'un vis-à-vis de l'autre). J'ai compris que l'une de mes faiblesses dans mes relations amoureuses est de porter tout mon amour sur autrui, au point de m'oublier moi-même et de finir par ne me voir qu'à travers les yeux des autres. À peine séparée de Ben, il m'a fallu rebondir et là, bizarrement, j'n'ai plus eu de mal à croire en mes projets. Je ne dis pas qu'il s'agit uniquement de ma relation de couple, il y a aussi le fait d'avoir "redémarré" à zéro, aux Lofoten, ce qui m'a permise d'être un "nouveau moi". Mais quand je me retrouve livrée à moi-même dans une situation que je juge complexe ou effrayante, je me lance. Car je n'ai pas d'autre choix ni d'autres personnes que moi, pour décider. Je crois que sur la fin de la NZ, j'arrivais à trouver mon équilibre entre Ben et moi car j'avais déjà mes marques dans le pays quand je l'ai rencontré. Le problème cette année, il fallait que l'on se crée nos propres repères alors que j'étais intérieurement complètement perdue. Je me suis reposée sur ses repères à lui et à notre couple, sans en créer aucun pour moi-même. Et puis quand on perd quelqu'un subitement, on perd un peu confiance en la vie, alors pourquoi croire en soi quand tout ce en quoi l'on croyait s'effondre... Bref, maintenant que j'ai retrouvé un peu de ma personne et que je sais à nouveau qui je suis, j'ai conscience que ma confiance en moi sera un grand projet de vie sur lequel il me faudra travailler non stop dans mes futures relations amoureuses. Peut-être même que je commencerai par là "Salut, moi c'est Coralie, je suis une fille merveilleuse mais je te préviens, avec le temps, je risque de l'oublier alors ça fait partie du package et va falloir l'accepter pendant que de mon côté j'y travaillerai."



MES DEUILS


Enfin, si partir en voyage permet souvent de démarrer de nouveaux projets, cela peut aussi parfois permettre de faire le deuil du passé.

  • Partir en Norvège m'a permis de faire le deuil de la Nouvelle-Zélande telle que je l'avais vécu la première fois. Avec Cachou, nos retours à toutes les deux ont été assez difficiles. On s'est souvent écrit secrètement en se disant "viens on plaque tout et on y retourne" mais aujourd'hui je sais que cela n'aurait absolument rien changé. Car quand j'y suis retournée la seconde fois, plus rien n'était pareil. Je ne savais pas dire pourquoi mais j'étais très mal à l'aise. En fait, il me fallait faire le deuil de cette année spéciale que j'avais passé pour laisser place à de nouveaux projets. Le problème, au fond de moi, c'est que je n'arrivais pas à profiter du présent puisque je cherchais à vivre ces états émotionnels du passé. Et toute cette transition de vie à Voss n'était que le reflet amer de ce manque de la NZ. Je crois aujourd'hui avoir réussi à accepter que cette expérience soit finie, mais que cela ne m'empêche pas d'en vivre d'autres, différentes mais tout aussi puissantes. Je ne vais pas vous mentir, je rêve toujours d'y retourner. Mais si j'y retourne un jour ce ne sera plus en quête de cette vie d'hier, mais pourquoi pas pour y bâtir de nouveaux projets. Il y a quelque chose dans la culture kiwi, les paysages et le climat, qui me plaît. Qui m'épanouit. qui m'apaise. Je m'y sens bien, je m'y sens moi-même. J'ai longtemps refoulé cet amour de la NZ car je savais la peine que cela provoquerait à ma famille de me savoir si loin si un jour je voulais y retourner. Mais si je ne trouve vraiment pas mon bonheur ailleurs, je crois que j'ai accepté l'idée qu'un jour je pourrais y retourner. Bon, rassurez-vous, je pars toujours à Bali, en Patagonie et au Canada ;) Car sans cette expérience de vie en Norvège, j'aurais été incapable de vous dire tout cela. Et plus j'ai de matière à comparer, mieux je sais là où j'ai envie d'aller... Et puis, toutes les personnes à qui j'ai parlé du Canada m'ont dit qu'une fois là-bas, je ne voudrais jamais en repartir... Qui sait, les Canadiens viendront peut-être voler la vedette aux kiwis ?!


  • Le deuil de mon papa. Même si j'ai détesté Voss, je crois que cette ville était un passage obligatoire. Vous m'auriez mise ailleurs je pense que j'aurais vécu à peu près la même expérience. J'avais besoin de me confronter à cette tristesse, à cet inconfort, à cette perte de repères. J'avais besoin de toucher le fond pour pouvoir rebondir et redémarrer. Et c'est ce que j'arrive enfin à faire aujourd'hui. Je suis tellement reconnaissante envers Ben qui m'a tout de même soutenue malgré les difficultés qu'il a eu de me voir sombrer. Sans lui à mes côtés, le chemin aurait encore plus long. Je ne dis pas que je ne traverse plus de vagues négatives parfois, car je crois bien qu'une telle expérience de vie vous laisse une blessure qui ne se fermera jamais vraiment. Mais j'ai appris à les gérer et à les apprécier en quelque sorte. J'ai pris conscience que cet état est temporaire et je me répète que cette émotion, comme toutes les autres, finira par passer. Alors je la prends à bras le corps comme un souvenir de mon papa qu'il a laissé derrière lui. Et puis j'avance.


  • Faire le deuil de soi. J'ai souvent écrit que je m'étais trouvée, retrouvée, sur les chemins de mes voyages. La Norvège m'a permis de réaliser à quel point j'avais tort. On ne se trouve pas vraiment, on ne se retrouve pas non plus, on se crée, jour après jour. J'ai essayé toute cette année de redevenir la Coralie de la NZ, celle que tout le monde y compris moi adorait...Mais j'avais tort. En essayant d'être celle du passé, j'en oubliais de vivre au présent. Des Coralie vous en avez connu un paquet. Celle de Paris, celle d'avant la NZ, celle de la NZ, celle d'avant le décès de mon papa, celle d'après, celle d'avec Ben, celle sans Ben... Elles avaient toutes des qualités, des défauts, des envies, des joies, des peines, des projets... J'étais ce MOI que vous avez connu car je vivais cette expérience de vie à ce moment précis. Mon arrivée aux Lofoten a résonné en moi comme un nouveau départ, une nouvelle page blanche à écrire. Je pouvais à nouveau créer qui je voulais être, tout comme je l'ai fait durant mon année en Nouvelle-Zélande. J'ai réalisé grâce à la Norvège qu'il faut parfois savoir faire le deuil de soi pour avancer et être libre de se créer au présent... Et c'est à ce moment-là que je me suis sentie la plus libre, vivante et la plus "moi". Je ne vais pas le cacher, tout comme pour la confiance en moi, ma personnalité s'efface un peu quand je suis en couple. Car si dans un coin de ma tête j'évolue, j'ai toujours peur qu'en changeant, celui qui m'aimait ne me reconnaisse plus et ne m'aime plus... Alors qu'en fait, si vous êtes en paix avec vous-même, en accord avec vos valeurs et vos projets, bien souvent, les gens autour de vous ne peuvent que vous aimer et vous admirer encore plus... Mais ça, j'ai mis du temps à le comprendre ! Les gens changent, mais nous également. Et parfois, c'est plus dur d'accepter qu'on ait soi-même changé, que d'accepter le changement chez les autres...


Bref, vous l'aurez compris, cette expérience viking, bien qu'elle n'ait pas été toute rose, m'a enseigné tout autant voire plus de leçons de vie que mes 11 mois chez les kiwis. J'ai passé énormément de temps ces dernières semaines à réfléchir à cette année, à cette expérience norvégienne, à cette première expatriation en couple, à ma relation avec Ben, au deuil de mon Papa et à mes voyages...


Et puis j'ai croisé la citation suivante sur une application que j'utilise qui s'appelle "reflectly" (c'est comme un journal intime à compléter au quotidien avec des phrases d'inspirations et des challenges)


"When something bad happens you have 3 choices. You can either let it define you, let it destroy you, or you can let it strengthen you"

("Quand quelque chose de difficile vous arrive, vous avez 3 options : soit vous laissez la situation définir qui vous êtes, soit vous la laisser vous détruire, ou alors vous la laissez vous rendre plus fort")


Je me suis rendu compte que c'est exactement ça. Plus tu prends la vie à bras le corps plus tu en ressors grandi(e)... Même si cela veut dire se confronter à ses démons un peu durs à accepter parfois.


Quand j'étais rentrée la première fois, je vous parlais de ce sentiment de ne plus me sentir "à la maison" en France. J'ai toujours un peu de mal à expliquer ce ressenti, mais c'est comme si tout vous semblait étranger à vous-même. Il faut un temps de réadaptation parfois, de nouveaux projets, pour reconstruire des repères là où vous aviez l'habitude d'en avoir. Mais parfois aussi, vous savez au fond de vous tout simplement que cet endroit n'est plus fait pour vous pour l'instant.


J'adore notre culture et notre pays pour certaines choses qui ont fait et font ma personnalité au quotidien (les paysages, notre vision de l'amitié, nos sorties restos, bars et culturelles, et la nourriture évidemment) mais je la déteste aussi notre vieille France (notre surpopulation, nos esprits parfois fermés à la nouveauté, notre culte du paraître, de l'être et de la perfection, notre culture stressante, notre administration compliquée, et bien d'autres.) J'ai bien conscience que ce mode de vie à la française, ce rythme quotidien, ne me correspondent plus, ne m'épanouissent plus. Et qui plus est, ils reprennent bien souvent le contrôle de ma personne.


C'est aussi pour cela que j'ai envie de reprendre la route du voyage et d'aller vivre ailleurs une fois de plus. Car le voyage vous offre tellement de nouvelles perspectives sur le monde, sur votre vie et sur vous-même.

Et au fond de moi, j'ai bien conscience que cette quête du pays idéal n'a rien de physique. Et que le jour où je viendrais à poser mon sac à dos, cela signifiera alors que j'aurai trouvé en moi, assez de réponses à mes questions pour me sentir partout "comme à la maison"...


En attendant, départ pour Bali et un mois de formation en Yoga prévu dans 2 jours... Alors je vous donne rendez-vous dans un mois pour un article à ce sujet !


Love. Co.


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