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Co au pays des vikings - Troisième mois

Photo du rédacteur: Coralie MarichezCoralie Marichez

Cela fait deux semaines que j'essaie de vous écrire cet article et je dois vous avouer que j'ai eu beaucoup de mal. D'où mon silence et mon retard. Depuis le soleil est revenu, le moral va un peu mieux mais j'ai décidé de vous le livrer tel quel car après tout, les hauts, comme les bas, font partie de ce voyage en Norvège :)


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Début juillet, cela faisait trois mois de vie chez les vikings, trois. J’ai pourtant toujours autant ce sentiment d’être arrivée hier… Le temps ici passe vite et lentement à la fois et je crois que la météo de ce mois de juin n’a pas vraiment aidé. 5 jours de soleil sur une période de 30, des températures frôlant la plupart du temps les 10 degrés et de la pluie à n’en plus finir, mon esprit était définitivement resté en hiver… Heureusement que nous avions un programme plutôt chargé car entre la visite des parents de Ben, notre aller-retour express en France et les retrouvailles avec mes copines, nous avons pu, malgré tout, souffler un peu, explorer davantage la région et faire de jolies découvertes.


Un début de mois placé sous le signe du voyage et du réconfort donc mais un retour au quotidien un peu brutal suite à leurs départs respectifs. Je vous en raconte davantage un peu plus bas, alors en route !


 

UN ALLER-RETOUR EXPRESS À PARIS


Après 7 mois d’attente, j’ai finalement été tirée au sort pour ma demande de Visa pour le Canada. Une bien bonne nouvelle puisqu’une fois cette étape complétée, le plus dur était fait. Sauf que, pour terminer mon dossier, il me fallait déposer en personne mes données biométriques. La Norvège n’ayant aucun bureau dédié à ce service, je devais dans tous les cas prendre l’avion pour Stockholm, Berlin, Londres ou ailleurs et au plus vite. Un coup de fil auprès de ma maman et la décision était prise : dans un peu plus d'une semaine, nous passerions la journée à deux à Paris.


A peine trois jours après avoir pris mes billets, c'était au tour de Ben de recevoir le fameux e-mail puis la lettre concernant son visa. Du duo nous sommes donc passés au trio, et hop, nous étions tous les trois réunis à Paris.


Une journée express à gambader dans les rues de la capitale, à se raconter nos nouvelles vies, à manger, à jouer les guides pour Ben, qui n’avait jamais mis les pieds sur le sol parisien, à lui faire découvrir quelques uns de nos clichés à la française et il était déjà temps de reprendre la route. Passer quelques heures, aussi courtes soient-elles, avec ma maman, fut l'un des meilleurs moments de ce mois-ci. Nos derniers instants en France ayant été difficiles, c'était plutôt réconfortant de se retrouver dans un contexte cette fois à mi-chemin entre passé, présent et futur. Car, si beaucoup pense que vivre de voyages et d’aventures ne peut être que source de bonheur, il y a de nombreux moments, dans ma vie de nomade, où je donnerais n’importe quoi pour passer un peu de temps avec ma famille, mes amis, le temps d’une soirée, d’un diner ou d’une journée.

 

DES KIWIS CHEZ LES VIKINGS

A peine le temps de réaliser que ces bons moments venaient de se terminer, que nous enchainions déjà avec l’arrivée des parents de Ben en Norvège. Au vu des circonstances précipitées dans lesquelles nous avions du les quitter en janvier dernier, c’était vraiment chouette de pouvoir passer un peu de temps avec eux et qui plus est, dans cette vie qui est la nôtre en ce moment.

Nous en avons donc profité pour explorer les environs tous ensemble et découvrir un peu plus la région et les fjords alentours. Nous avons vu des centaines de cascades, traversé des paysages tous plus grandioses les uns que les autres, marché au milieu d’une vallée juste pour aller voir un glacier, (Folgefonna, le troisième plus large de Norvège) et nous avons beaucoup roulé... tellement que la voiture a failli y rester...


Quelques minutes de répit en haut d'un col toujours enneigé et nous voilà repartis ! Ouff, merci Black Betty.

Cette visite était aussi l'occasion pour nous de nous échapper un peu de Voss et d'aller voir au-delà des montagnes avoisinantes. Et je dois dire que je n'attendais que ça. Traversées en ferry, visite en bateau, barbecue au feu de bois, cabane avec vue sur le fjord et jeux de société... ça sonne un peu comme un rêve et pourtant, c'est ça la vraie vie.



Après presqu’une semaine d’exploration, c’était déjà tristement l’heure de se quitter. Même si, avec le temps et les voyages j'ai appris à accepter les au revoir, car ils sont bien souvent synonyme de nouvelles aventures à venir, j'appréhendais un peu leur départ cette fois mais...


 

LES RETROUVAILLES AVEC LES COPINES


...une fois de plus, pas le temps de redescendre de mon petit nuage que deux de mes copines atterrissaient sur le sol norvégien.

Eugénie, c’est LA copine qui vivait au dessus de chez moi quand j’habitais à Lyon et qui vit aujourd'hui en Martinique. C’est une amitié qui a surmonté de nombreux obstacles, à commencer par le courage qu’elle a eu de venir taper à ma porte un samedi matin de septembre pour me proposer d’aller visiter un musée. Nous avons des histoires très différentes et semblables à la fois. Parfois, ce sont des semaines de silence qui nous séparent pour finalement, en un coup de fil, se rendre compte que l'on traverse les mêmes questionnements, doutes, émotions, à des endroits complètement différents de la planète. Alors quand elle m'a dit qu'elle ferait le chemin jusqu'à moi pour que l'on puisse enfin se voir, l'excitation était à son comble.


Quant à Solène, elle connaît le sentiment du voyage à l’autre bout du monde puisqu’elle a vécu quelques temps en Australie avant de revenir en France puis finalement poser ses valises à Londres. Je l'ai rencontrée pour le départ d'Eugénie, il y a deux ans et depuis, c'est l'une de mes lectrices les plus fidèles. L'expatriation, la vie de l'autre côté de la planète, la perte d'un proche en voyage, le sentiment d'être loin de sa famille, les petits bonheurs liés à la vie dans un autre pays... ce sont autant de sujets de conversation qui nous animent.


Deux ans sans se voir. Deux ans de vie à résumer sur 4 jours de retrouvailles... Mieux que rien même si beaucoup trop court pour des pipelettes comme nous.


L'itinéraire que j'avais tracé pour elles n'était autre qu'un condensé du "meilleur" de nos visites jusqu'à maintenant. Nous avons donc repris les mêmes routes des Fjords qu’avec les parents de Ben, gravi le même sommet que lors de ma semaine de formation, marché jusqu’au même glacier que quelques jours plus tôt, parcouru les mêmes chemins que lors de nos escapades avec Ben et pourtant, tout semblait comme nouveau et différent.


C’est quand cette magie du voyage s’opère que je me réjouis des choix de vie que j’entreprends. Faire et refaire les mêmes choses, au début, on se dit que c’est barbant. Sauf qu’avec le temps, on apprend à savourer l’instant présent. Les paysages évoluent, les saisons les transforment, la météo les magnifie, les gens avec qui vous partagez ce moment les façonnent… Chaque jour est un nouveau chapitre, la vie en voyage est un éternel recommencement.


On dit souvent que les situations les plus inconfortables lors d'un voyage créent les meilleurs souvenirs. Je vous le confirme. Lors de notre premier jour de visite, la voiture nous a complètement laissé tomber. En panne, nous n'avions pas d'autres moyens de locomotion pour poursuivre nos escapades. Je dois bien avouer que sur le moment j'étais un peu dépitée. Nous avions envisagé de louer une voiture mais le dimanche en Norvège, tout est fermé. Le bus aurait pu être une option, mais sincèrement les transports ici sont beaucoup trop chers. Il nous restait donc une solution : faire du stop.


Dimanche matin, 10h, direction : Gudvangen, à 40 minutes de Voss. Nombre d'auto-stoppeurs : 4. "Ok les gars, on a un problème."


Faire du stop à 2, relève parfois déjà du challenge. Alors trouver une voiture avec 4 places de libre je vous laisse imaginer... On décide de se séparer en deux équipes et là, la magie opère ! Deux voitures à 7 minutes d'intervalle ! Alleluia ! Arrivés à Gudvangen, nous embarquons pour une petite randonnée et un pic pic le long du fjord. On en profite mais on ne traine pas car on sait qu'il va falloir rentrer et trouver à nouveau deux chauffeurs pour nous ramener. La bonne excuse pour les filles qui improvisent quelques pas de danse en bord de route et dégote à nouveau une voiture. Quelques minutes plus tard, nous étions nous aussi en chemin pour Voss. Merci à nos chauffeurs, Merci l'univers.


L'histoire un peu folle de cet autostop à 4 aurait pu s'arrêter là mais non, elle va encore plus loin.

J'ai rencontré un jour quelqu'un qui me disait que quand on voyage, on réalise que 98% des êtres humains sont bienveillants. Si l'on éteint la télé, la radio et que l'on ne se fit qu'à son instinct, on ouvre des portes à des rencontres incroyables que l'on n'est pas prêt d'oublier. Cette expérience en aura été la preuve puisqu'après quelques minutes de discussion au sujet de notre panne, Aleksander, le chauffeur de la voiture dans laquelle se trouvaient les filles, leur proposait tout simplement de nous prêter son 4x4 pour notre dernier jour de visite... Un plein d'essence et venir le récupérer au travail en fin de journée, ce sont les seules conditions qu'il nous demandait... Jusqu'au petit matin j'avais du mal à y croire mais à 9h il était bien là, à nous rejoindre sur le parking d'à côté. C'était inouï et sans le savoir, il a sauvé notre journée !!


Après toutes ces visites, il était malheureusement temps de se dire au revoir.


C’était tellement intense de pouvoir se retrouver, se raconter nos vies, partager de nouvelles expériences et se créer de nouveaux souvenirs ensemble... Ces trois petites parenthèses de début de mois m'auront procuré comme une bouffée d'air frais. J'avais retrouvé ce sentiment de quiétude que je n'avais pas ressenti depuis bien longtemps. Alors évidemment, le retour au quotidien après leurs départs respectifs aura été un peu brutal. Entre plaisir de vivre ailleurs et solitude incontrôlée, mes émotions de juin auront été un peu plus compliquées.

 

ALORS C'EST COMMENT LA NORVÈGE ?

"Alors c'est comment la vie en Norvège ? Il faut que tu me racontes !"

Ma discrétion de ces dernières semaines et mon absence de réponse à vos messages parfois ont eu tendance à susciter quelques questionnements de votre part et je vous comprends. On va dire que la période a été à la fois vide et chargée, ennuyeuse et surexcitante mais surtout pleine d'interrogations que j'ai eu beaucoup de mal à surmonter. J'avais envie d'être seule tout en me sentant déjà extrêmement seule.


L'enthousiasme dans vos mots et l'impatience d'en savoir plus sur ma vie de viking ont eu tendance à me mettre un coup de froid dans le dos. Car ces émotions, aussi basiques soient-elles, j'ai eu beaucoup de mal à les ressentir le mois dernier. La Norvège est un pays magnifique, les paysages sont grandioses, les norvégiens plutôt sympas et la ville de Voss semble être le compromis idéal pour des gens en quête d'aventures qui doivent aussi remplir les comptes à la fin du mois. Pourtant, le quotidien ici, je ne m'y fais pas. Quand je voyage ou visite les environs, j'ai l'impression d'avancer. Quand je reste ici, à travailler, j'ai l'impression de stagner.


Reprendre la route en début de mois et pouvoir partager cette expérience avec des amis proches m’a fait réaliser combien ce sentiment de liberté pouvait me manquer. C’est vrai que depuis la fin de mon séjour en Nouvelle-Zélande en août dernier, j’ai eu beaucoup de mal à apprécier les petites choses du quotidien telles qu’elles sont. Et j’imagine que l’épisode de janvier, suite au décès de mon papa, ne m'a pas soulagée.


En fait, j'ai toutes les pré-dispositions ici pour être heureuse. Mais dans ma tête, le terrain est trop instable et sinueux pour que j'arrive pleinement à apprécier la situation dans laquelle je suis. Il y a des matins où tout va bien. Et puis il y a les autres.


TEMPÊTE EN MOI


Quand je suis partie la première fois, je faisais le deuil complet d’une vie passée. J’avais une date limite : 6 mois pour profiter à fond d’un pays dans lequel je pensais ne jamais remettre les pieds. C’était mon seul et unique objectif et il ne m’a jamais vraiment quittée. Face à toutes les pensées négatives, face à toutes les situations désagréables j’activais le mode « je m’en fou, c’est pas grave, je n’ai pas de temps à perdre pour ça » et je reprenais là où je m’étais arrêtée. J’avais conscience que ce voyage aurait une fin, donc je vivais le bonheur, j’observais les épreuves de la vie avec un peu de recul et j’avançais. J'en suis sortie grandie, changée, avec tout le recul nécessaire sur les situations rencontrées jusque là. Je crois que je n'avais jamais autant été en paix avec moi-même que dans cet autre bout du monde.


Oui mais voilà. Ces derniers mois, j’ai traversé plusieurs tempêtes émotionnelles qui ont eu raison de moi. Il m’a fallu dire au revoir à cette année incroyable en Nouvelle-Zélande sans avoir aucune idée de projets qui la suivrait. Il m'a fallu réapprendre à vivre sans Cachou à mes côtés. Il m’a fallu quitter une vie pleine de sens que j’adorais pour retourner dans une autre, a priori, sans intérêt. Il m’a fallu dire au revoir à mon papa avant même de savoir que ce serait un adieu.


En perdant mon père, j'ai perdu mes repères. Quand tout bascule et se déséquilibre il faut réapprendre à vivre avec l'idée que ce que l'on était grâce à lui, perdurera même sans lui. Et au final, c'était la même chose avec mon départ de Nouvelle-Zélande. Cette nouvelle Coralie, totalement en paix avec elle-même, je crois que je l'ai laissé sur le sol néo-zélandais la première fois que je l'ai quitté.


Cette idée que l'on peut rester soi-même, quand l'autre s'en va, quand le contexte change, quand le voyage se termine, c'est celle-là la route sur laquelle je voyage en ce moment. Je ère entre montagnes lacs et forêts. Entre brouillard, pluie et soleil. Mais j'avance. Je perçois quelques bouts d'horizons parfois avec de nouveaux projets qui doucement se dessinent. J'arrive à nouveau à ressentir un peu de joie intérieure ou d'enthousiasme pour ce futur qui se profile. Notre road trip en Norvège début octobre. Notre futur au Canada (puisque nous avons tous les deux enfin reçus nos visas). C'est un monde au ralentit dans lequel je vis mais un monde en mouvement. Le temps est le seul et le meilleur de mes alliés. Voyager m'aide juste à avancer.


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Pour ceux qui me connaissent le mieux, vous savez oh combien je ne me livre pas facilement quand ça ne va pas. C'est pourquoi j'ai longtemps hésité avant de vous livrer cet article tel qu'il est. Depuis, j'ai réalisé que la période du mois de juin et de début juillet avait juste été très compliquée à traverser. Beaucoup de situations différentes qu'il m'a fallu endurer : l'ambiance au boulot s'était totalement dégradée, mes copains ici passaient leur temps à annuler nos sorties, cela faisait 6 mois aussi sans mon papa, sans compter les montagnes russes émotionnelles des retrouvailles de début juin... C'était beaucoup pour un seul mois ! Comme juillet est déjà bien entamé, je peux d'ores et déjà vous dire que ma météo intérieure est un peu plus estivale. J'ai retrouvé un peu de soleil au milieu des nuages et j'ai fait quelques pas en avant, pour peut-être enfin reprendre le cours de cette vie de nomade qui me plaisait tant !


En attendant, je vous dis à très vite, Love. Co.

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