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Photo du rédacteurCoralie Marichez

NEUVIÈME MOIS - MA VIE DE KIWI

Ça commence à en faire des souvenirs de ces 6 mois devenus 11 en Nouvelle-Zélande. Ces 4 dernières semaines ont certes été moins vertigineuses que les précédentes mais pas moins téméraires. Entre mon nouveau job de serveuse et mon déménagement, j’ai eu de quoi tester encore un peu plus la vie de kiwi, la vraie, et de quoi conserver mon esprit d’aventurière tout en le transposant dans une vie plus terre à terre. Au programme : mon déménagement, mon boulot, ma cachou, et mon retour. Restés connectés jusqu’à la fin du voyage car pour le mois prochain je vous concocte un article spécial « ONLY IN NEW ZEALAND » avec toutes ces petites choses surprenantes ou intéressantes qui existent ici et n’existent pas chez nous. Allez en route ;) !

DÉMÉNAGEMENT

Après quelques jours chez Terri, j’ai finalement eu l’envie et le besoin de me trouver un chez moi, un peu plus à moi. Ça fait maintenant plus d’un an que je vis ma vie de sac à dos, de voyages en voyages, à naviguer entre vos chambres d’amis, vos canapés, ma chambre d’enfant, les dortoirs d’auberge de jeunesse, la famille de fille au-pair en Espagne, le van et la chambre de wwoofer… Toutes ces expériences ont été ultra enrichissantes pour moi (et certainement pour vous aussi ahha) mais pour entamer l’hiver, j’avais vraiment besoin de me retrouver avec moi-même et de partager mes derniers moments posée et entourée de kiwis un peu plus proche de mon âge. Et puis, depuis chez Terri, le trafic jusqu'à mon boulot était assez horrible en heure de pointe. J’ai donc cherché principalement à me rapprocher du café tout en me trouvant des gens sympas avec qui vivre. L’occasion de me remettre dans un mode de vie que je n’avais testé depuis longtemps : la colocation.


Après 4 semaines de cohabitation, je revis ! Mine de rien, ça m’avait manqué ce petit goût de collectivité tout en ayant sa propre indépendance. Je dois quand même vous avouer que je ne suis pas aller chercher très loin, je vis finalement en coloc avec Jessi (la sœur de Ben), Mat (le meilleur pote de Ben) et Ben (quand il n’est pas en mission à des km de là). En théorie, 4 à vivre sous le même toit, en pratique, 2,5 car Ben et Mat jouent les abonnés absents. Bon ils nous manquent un peu ces deux là, mais on en profite pour se faire des aprèm shopping ou balades avec Jessi après le boulot (elle bosse avec moi au café donc niveau horaires c’est pratique) et on enchaine avec des bons petits plats et des soirées Netflix.


On est d’ailleurs allée au Mc Laren Falls Park l’autre jour car tout le monde nous parlait de ses couleurs automnales et hivernales à ne pas manquer. Et bien, ils n’avaient pas tort ! Ça faisait du bien de respirer un peu d’air frais et de partir à l’aventure à nouveau. C’est fou comme on oublie trop facilement de s’aérer l’esprit en pleine nature quand on vit en ville... Un job, une maison et hop la routine. Et pourtant je vous parle des villes néo-zélandaises… j’n’ose même plus imaginer ce que ça donnerait dans une ville française.



J'ai également profité d'un weekend off pour aller refaire un tour du côté du Northland et de Whangarei. Ben étant resté travaillé 6 semaines là-haut, c'était une bonne excuse pour repartir à l'aventure. 4h30 de route à chanter toutes les chansons du monde... J'en avais mal à la gorge en arrivant. HAHA Mais bon, la vue depuis le bach (=maison de plage kiwi) en valait largement la peine :)



BOULOT

Concernant mon boulot, je continue à en apprendre beaucoup sur moi-même. Je me plais en tant que serveuse même si la barrière de la langue créée encore parfois quelques frustrations. Malgré mon bon niveau d’anglais, il faut quand même les comprendre ces kiwis. Ils ont 15 variétés de cafés, ils utilisent 100 expressions différentes pour les nommer et ils rajoutent leur accent par-dessus. De quoi me laisser encore perplexe parfois lors de leurs commandes.

Par exemple : un jour, une dame entre dans le café et me demande un « banana latte ». Je cherche alors désespérément sur l’écran pour trouver le prix et la faire payer. Je me dis que ça pourrait être un extra shot comme pour le caramel ou la vanille mais en vain. Je finis par demander à Lloyd, le boss, qui répète, regarde la cliente et explose de rire… Cette dame m’avait en réalité demandé un « vanilla latte »… mais entre l’accent kiwi et la différence de prononciation avec le mot « vanille » en français, j’avais compris banana... Well. ça c'est fait !

Un autre jour, vers 15h de l’après-midi, une autre cliente me demande si elle peut avoir un « english breakfast ». Je lui réponds alors gentiment que la cuisine est fermée. A son regard, j’ai tout de suite compris que je venais de dire quelque chose de stupide. Elle sourit et finit par reprendre « english breakfast tea. » Ah ba oui, c’est vrai que c’est le nom d’un thé. Mais si tu me dis pas tea aussi, mon cerveau traduit en live « petit-déjeuner anglais ». Ne cherchez pas, je crois que finalement je suis bien plus drôle en anglais qu’en français ahah.

Malgré ça, j’adore être au contact des clients. Moi qui fuyait littéralement les clientes du salon de coiffure de ma mère… Ici je les préfère ! Peut-être que c’est culturel... le fait de parler une autre langue avec les gens ça donne envie d'être un peu plus sociable :)


(oui c'est le café !!)

Sinon, je me suis finalement rendue compte que ma position de « manager » me manque quand même un peu parfois… le fait d’être dans une position de pro-activité, pouvoir prendre n’importe quelle décision pour moi ou pour l’équipe, sans devoir s’en référer obligatoirement à un autre que moi, avoir ce sentiment de confiance, de liberté et surtout de responsabilités dans ce que je fais, finalement ça, ça me manque. Niveau horaires et rythme de vie c’est la révolution. Je démarre au plus tôt à 7h, finis au plus tard à 16h30. Je peux faire des « grosses » journées de travail tout en ayant une vraie vie à côté. J’ai redécouvert ce qu’était d’avoir du temps pour soi, avant et après le boulot. Les soirées sont tellement longues que je peux aller me balader, boire un verre, partager un bon dîner et quand même être couchée à 22h30. (avec les repas à l’heure kiwi, entre 18 et 19h, ça change la vie !) Moi qui aie toujours été du soir et très peu du matin, j’ai complètement changé de cadence. Je suis bien souvent couchée avant 23h et levée vers 7-8h. La révolution je vous dis. (bon allez je vous mets quelques photos de ce que l'on y sert, histoire de vous donner envie de prendre un avion pour venir tester !)


Sinon, plus je me force à rentrer dans des métiers contractuels, plus j’ai des envies d'indépendance. Au final, je suis plutôt chanceuse avec le contrat que j’ai au café puisqu’il s’agit d’un « casual contract ». Cela signifie que je peux accepter ou refuser les heures qu’ils me donnent autant qu’ils peuvent décider de m’en donner plus ou moins. Pas de minimum assuré, mais pas d’obligation de ma part non plus en permanence. Ce qui pourrait en apeurer plus d’un, me rassure. Car même si être employé sous contrat protège bien souvent les salariés de déconvenues, pour ma part, cela ne me donne le sentiment que d’être piégée et « manipulée » par un employeur. Certes je ne vais pas devenir milliardaire à ce rythme, mais ma liberté n’a pas de prix :) (enfin je crois ! ;)) Et puis, de toute façon, avant de voler uniquement de mes propres ailes, il faut que j’apprenne à vendre mes compétences plutôt qu’à me laisser marcher dessus sous prétexte de « manque d’expérience ». J’y travaille, j’y travaille ;)


WINTER IS COMING ! AH BA NON. IL EST DEJA LA EN FAIT

L'été arrive pour vous, l'hiver est déjà là pour moi. J’ai découvert que pour faire plus simple, en Nouvelle-Zélande, l’hiver démarre au 1er juin chaque année tout comme l’été débute au 1er décembre. Ba ouais pourquoi faire compliqué avec les solstices quand on peut faire plus simple avec les mois. Ah ces kiwis ! =) En théorie, c’est donc l’hiver. Mais j’n’ai pas vraiment vu l’automne arriver ou passer car quand le soleil est là, on se croirait encore parfois en été. « Les 4 saisons en une journée » qu’ils disaient. Bon ba c’est peut-être vrai alors. En fait, je crois que j’ai vraiment commencé à réaliser le changement de saison en me baladant dans les allées de supermarché. Les couleurs de citrouilles et les odeurs de courges en plein mois de mai… y ’a de quoi être déboussolée. Dehors, il commence à faire bien froid le matin et le soir mais là où il fait le plus froid, c’est dans les maisons des kiwis. L’isolation et le chauffage ne font pas partie de leurs habitudes (j’ai d’ailleurs découvert que bon nombre de kiwis dorment les fenêtres ouvertes toute l’année). Du coup, j’ai investi dans de la chaleur portative. Un peu comme ça. AHAH.



Bon puis qui dit hiver, dit froid, chocolat chaud, neige et Noël. Ah ba non en fait. Pas pour les kiwis. Les odeurs dans les rues sont les mêmes à la différence que rien n’arrive. Je commençais à me sentir un peu seule avec mes envies de Noël en plein mois de juillet, quand j’ai finalement découvert que certains kiwis aiment faire ce qu’ils appellent un « mid-winter Xmas ». Un Noël au milieu de l’hiver ! Ouff je suis sauvée ! Il n’en fallait pas plus pour me convaincre… Du coup, en juillet, avec Jessi, on a décidé qu’on fêterait Noël ! Et en juillet aussi, j’irai voir la neige ! Seules 2 petites heures me séparent des sommets enneigés de l’île du nord. Parfait pour une petite expédition découverte avant le départ …En attendant, c'est l'hiver à la plage ! (quand il ne pleut pas :))



ET CACHOU ALORS ?

Bon tout le monde me demande « et Cachou alors ? » Ba Cachou elle va bien ne vous en faites pas. Elle vit et travaille toujours à 300 mètres de chez Terri dans les kiwis fruits. Son job lui plait vraiment et même si je la vois beaucoup moins souvent, on arrive à se faire un dîner tous les 7 -15 jours chez Terri avec notre kiwi family. C’était d’ailleurs son birthday fin mai, de quoi fêter ça tous ensemble autour d’un dîner.

Et puis, on s’était payées des places pour le match des ALL BLACKS vs FRANCE sur Auckland, le 9 juin. L’occasion de reprendre la route toutes les deux avec Toto pour une aprem et soirée des plus animées. Je ne sais pas si vous avez suivi le match mais c’était mouvementé. Après une première partie trépidante, les bleus se sont finalement fait écrasés par des All Blacks acharnés en deuxième partie de soirée. Malgré cela, c’était une chouette expérience à vivre !



Et puis, c’est l’occasion d’enfin vous parler de l’humour kiwi unique en son genre. Je ne saurais vraiment l’expliquer autrement qu’avec cet exemple : dans le stade, assis juste devant nous, 6 kiwis (dont certains maoris) habillés et maquillés aux couleurs de la France. Ils ont passé l’ensemble du match à encourager les bleus, essayer de chanter alors qu’ils ne connaissaient pas un mot de français et à huer les all blacks lorsqu’ils marquaient un essai. Lors de la mi-temps je leur ai demandé pourquoi. Il s’avère que le père et le frère de l’un d’entre eux, ont toujours supporté l’équipe adverse des All-Blacks. Ils avaient donc décidé de leur rendre hommage ce soir-là. Et ils l’ont fait dans toute la splendeur et l’esprit bon enfant des kiwis. Un humour comme celui-là dans un stade français, je ne sais pas trop si ça passerait ?!


ET APRÈS ?

Je l’entends régulièrement celle-là : « Alors ça avance ta réflexion ? Tu sais ce que tu vas faire en rentrant ? Tu vas reprendre ta vie à Paris ? ». Bon alors déjà, comme ne le dit pas la chanson mais presque « Paris, c’est fini ». Pour le reste, sincèrement, oui ça avance, mais un peu dans tous les sens. J’ai jamais eu une pensée linéaire alors pour ce qui concerne mes choix de vie, c’est aussi éclectique que tout ce que je fais, tout ce que je suis. J’ai plusieurs idées, complètement différentes voire opposées. Mais je continue de me laisser vivre un peu plus chaque jour pour voir où le vent me portera. Evidemment c’est pas sans inquiétude… j’ai beau appliquer mes principes de « fais confiance à la vie » et « vis au jour le jour » j’ai quand même un poil d’appréhension sur mon retour. En fait, j’ai des doutes sur le fait d’appliquer ces idées une fois de retour chez vous parce qu’on est si nombreux dans ce pays, que tout requiert un minimum d’anticipation… Et là tout de suite, j’ai pas vraiment envie d’anticiper.


D’ailleurs, j’ai lu pas mal de commentaires sur les réseaux sociaux au sujet de gens comme moi qui voyagent et qui faisaient part de leur appréhension au moment de rentrer. Et dans beaucoup de commentaires, on pouvait lire « ouais, c’est pas facile de revenir à la vie réelle hein ! mais on ne peut pas vivre dans un rêve toute sa vie ». Mais en fait qui te dit que c’est ça la vie réelle ? Celle de devoir rentrer, te poser, trouver un taf, un mec, fonder une famille, acheter une maison, prendre quelques vacances, prendre ta retraite et mourir ? Et si finalement le rêve que je vis depuis quelques mois c’était ça vivre la vie réelle ? celle de partir à la rencontre des autres et de soi-même, celle de bousculer ses habitudes, de fuir la routine, de s’essayer à de nouveaux jobs, à de nouveaux modes de vie ? C’est peut-être pas ce dont je rêverai toute ma vie, mais pour l’instant, je crois qu’elle est là ma vie réelle.


Et c’est vrai que parfois, je me dis que j’ai choisi de voyager pour échapper à ma vie. Mais au final, après un an sur les routes, aujourd’hui je vous dirai plutôt que je voyage pour que ma vie ne m’échappe pas. J’ai peut-être aucune idée du job que je veux faire, mais je connais mes compétences et mes capacités, j’ai pris conscience de ce que je vaux, il me reste juste à trouver comment les utiliser dans des domaines et des sujets qui me tiennent à cœur et qui ont du sens. Et des choses à faire pour cette planète, pour nous humains, il y en a tellement que j’ai du mal à en choisir une seule et à la démarrer. Mais le process il est en cours. Des idées j’en ai plein la tête. Mon seul problème, c’est de savoir par laquelle et par où je vais commencer.


Je vais terminer tout ce blabla et racontage de vie par une vidéo, croisée aujourd'hui. Il s'agit du résumé d'un an de voyage en Nouvelle-Zélande pour ce couple de français. Je la partage avec vous car même si je ne suis pas encore partie, tout cela me manque déjà. Et la vidéo est vraiment magnifique. (UPDATE : malheureusement la vidéo a été supprimée depuis. Elle s'appelait A WASTED YEAR sur Vimeo...) Comme il le disait la description de la vidéo : "J'ai l'impression que c'est un rêve. Comme si nous n'avions jamais été là. C'est devenu difficile de se souvenir du vent dans mes cheveux, du sable noir dans mes mains et du cri de l'oiseau Tui..."Une année de perdue lui disait sa grand mère au début de la vidéo. Et bien des années de perdues comme celle-là, j'en reprendrai bien encore un peu. Si le rêve m'échappe déjà un peu, c'est pas grave, je retrouverai le sommeil. J'en démarrerai un nouveau. Je me battrai pour en atteindre un nouveau. Pour continuer à me sentir heureuse comme je l'ai fait ici. A me sentir épanouie. A me sentir vivante. En attendant, je vis à fond mes dernières semaines néo-zélandaises. Et je vous dis à dans un mois pour ce qui sera certainement le dernier article écrit depuis le pays des kiwis.


Bonne journée ou bonne nuit,

Love

Co.

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