Quand je me suis réveillée le matin de mon 25ème anniversaire il y a 5 ans,
j'ai paniqué.
Je me demandais alors si tout ce que j'avais réalisé dans ma vie jusque là était par choix, ou si j'avais atterri dans ma vie parisienne parce que la société voulait que je sois là. J'achetais des nouveaux vêtements toutes les deux semaines. Je portais du maquillage tous les jours. Je me rendais au musée, je faisais la queue pendant des heures pour entrer dans un nouveau concept store et j'essayais avec acharnement d'accéder aux événements "fancy" qu'on trouvait en ville. J'achetais plein de choses inutiles que je devais ensuite empiler ingénieusement dans mon appart' microscopique du 11ème. Je mangeais des tomates en hiver et je mettais de la viande en barquette dans chacun de mes repas.
A cette époque, je n'avais jamais grimpé de sommet. Ni même escaladé de mur. Je n'avais jamais fait de VTT de descente ou campé en montagne. J'avais peur de parler anglais, je n'avais jamais voyagé seule et je n'avais aucune idée de comment me connecter avec la nature ou avec moi-même. Je ne savais pas qui j'étais et j'étais persuadée que mon monde était le même que celui dans lequel les autres vivaient.
Et puis, je me suis réveillée ce jour-là et j'ai décidé de tout quitter pour m'essayer à quelque chose d'autre. Je voyagerais et expérimenterais d'autres pays, juste pour voir si j'avais raison ou tort. J'ai vite compris qu'en étant loin de tout ce que j'avais été, j'avais chaque fois un peu plus l'opportunité de devenir qui je suis réellement.
Et puis nous y voilà. Au Canada, à célébrer mes 30 ans en plein cœur d'une épidémie mondiale, avec une vague de froid extrême qui recouvre la plupart de cette planète, loin de ma famille et de mes amis. 30. Ce n'est qu'un chiffre. Une nouvelle décennie, mais juste un chiffre. C'est ce que je me suis répété sans cesse depuis ce jour-là. J'entends déjà ce que la société va me dire : "Qu'est-ce que tu vas faire de ta vie ? Est-ce que tu as pensé à te trouver un mec, à te marier, à avoir des enfants avant qu'il ne soit trop tard ? Et qu'en est-il de devenir propriétaire ? Et est-ce que tu as ne serait-ce qu'un plan de retraite pour ton futur ?"
J'ai paniqué. à nouveau.
Et puis, j'ai regardé 5 ans en arrière et j'ai compris tout ce que j'avais atteint en peu de temps. J'ai vu tellement d'endroits, expérimenté tellement de cultures, rencontré tellement de personnes. Ma curiosité m'a amené à me sentir à la maison dans plusieurs pays. Mon courage m'a aidé à affronté le deuil et ma nature vraie m'a fait tomber amoureuse plus d'une fois.
Quand j'ai quitté Paris, je me sentais paralysée par le monde.
Aujourd'hui, il crée en moi des étincelles.
De bien des manières.
Ce chemin parcouru à travers les joies, les peines, l'amour, les aventures, la nourriture, le deuil, la spiritualité, les larmes, le voyage, l'exploration de soi, l'amitié, la communication, l'amour de soi et les languages m'a comblée plus que ce que j'avais espéré, durant ces 5 dernières années.
Oufff. Je respire à nouveau.
Alors non, je n'ai pas de réponses à donner à ces questions. Je n'ai aucune idée de là où je serai dans 2, 5 ou 10 ans. Mais quand la Coralie de 25 ans s'est réveillée ce matin-là, elle n'avait, elle non plus, aucune idée de ce dans quoi elle allait se lancer. Ce feu qu'elle a démarré en elle ce jour-là, c'est ce dont elle avait besoin pour commencer à vivre. Il aura fallu parfois affronter la douleur et marcher à pieds nus dans les cendres brulantes. D'autres fois, savoir s'arrêter pour observer les étincelles, telles des lucioles, flotter dans l'air. Elle y a souvent trouvé la chaleur qui réconforte le cœur mais s'y est aussi parfois brûlée, jusqu'aux cendres.
Et, si j'avais le choix, ces flammes, je ne les éteindrais pour rien au monde. Car, même si les questions m'ont taraudée, le matin de mes 30 ans, je me suis réveillée, j'ai pris un grand bol d'air frais et je me suis dit : "quelle chance j'ai de me sentir aussi vivante. "
Love. Co.
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