S’il y a bien un voyage sur lequel j’avais hâte de pouvoir écrire, c’est celui de mon retour en France. Cela fait exactement quatre mois que je suis rentrée et mise à part le partage de mes aventures à travers quelques posts et stories Insta, j'avoue avoir pris mes distances avec le monde du digital et des réseaux sociaux. Une pause plus que nécessaire pour me concentrer sur moi et sur cette nouvelle vie que je me construis ici.
Les deux premiers mois ont été à mon image : un beau rollercoaster émotionnel. Partagée entre des retrouvailles plus qu'attendues, mes milles envies et la réalité d'un quotidien que je n'arrivais pas à faire mien, j'ai eu du mal à prendre mes marques et à me sentir moi-même dans cette région que j'avais pourtant hâte de retrouver. Sans compter : l'alternance de maisons dans lesquelles j'ai posé mes bagages, les difficultés à me projeter professionnellement dans une culture qui me semble comme 10 ans en retard, les galères pour trouver le véhicule de mes rêves, ce sentiment de déracinement qui me colle sans cesse à la peau, les difficultés à me trouver des activités qui me plaisent dans la région, les histoires de famille, mes peurs, ma solitude et j'en passe...
Si le temps me semble court et long à la fois, les raisons derrière mes décisions semblent encore en surprendre plus d'un. Sans parler de l’impression presque pour moi, de vivre le retour de celle que l’on n’attendait plus. “Mais qu’est-ce que tu fais là ? T’es rentrée ? Et tu vas faire quoi maintenant ? Tu vas vraiment t'enterrer ici ? Moi je rêve de la vie que t'avais. C'est mon rêve à moi d'aller vivre au Canada” ...
Ah si vous saviez... En décidant de rentrer, j'avais bien conscience que ce serait là le défi le plus fou que je me sois jamais donnée. Alors, quatre mois de France, le pari du nord, de l'amour, et le défi d'une vie à redessiner dans un décor si familier... Je vous raconte ? En route!
Le pari du nord…
Ce retour aux sources, dans mon cher nord, est peut-être l’élément qui ne cesse de vous questionner. "Mais pourquoi le nord ? Pourquoi pas les montagnes des Alpes ou encore celles des Pyrénées ?”
D’une part, parce que c’est là d’où je viens. Parce que c’est là que tout a commencé. Parce que c’est cette image de la fille du nord avec son accent et ses expressions qu’on moquait à Paris ou ailleurs que j’ai tant fuis que j’avais envie d’affronter à nouveau. Parce que le nord, ce sont mes racines. C’est ma culture malgré tout. Parce que les gens du nord me manquaient. Parce que cette quête de sens vécue à l’étranger, m’a constamment ramenée à qui je suis et d’où je viens. Parce que cette gêne, presque honte, de tous ces clichés (parfois si vrais) que s’en font les autres, c’est ce qui a nourri ma fuite. C’est ce qui a fait mon questionnement, ma quête de sens. En allant chaque fois un peu plus loin, j’me suis déracinée un peu plus de moi-même.
J'ai longtemps cru que j'avais honte de mes racines mais les voyages m'ont fait prendre conscience que l'on ne change pas d'où l'on vient. Il était temps donc, de revenir aux sources pour faire la paix avec cette fille du nord que j’ai tant laissé et tant détesté. Et que je trouve à l'accepter elle aussi, pour tout ce qu'elle est.
… et le pari de l’amour, toujours.
“T'as vraiment changé tes plans et tout quitter pour un mec ?” Ça c'est ce que je craignais le plus d'entendre. Changer mes billets sur un coup de tête pour suivre une intuition, vieille de plus de 20 ans, ça aurait été un peu de la folie. Et pourtant... le cœur a ses raisons que la raison ignore non ?
Le pari d'un retour et celui de l'amour pour me laisser enfin vivre l'histoire qu'au fond, j'ai toujours rêver de vivre... et pourquoi pas ?! Après tout, vous le savez bien, suivre mon cœur, c'est ce que je fais de mieux.
Une histoire sur laquelle je suis restée (et je reste) assez muette et secrète, peut-être par peur, par égoïsme ou par envie de la protéger. Et pourtant une histoire qui me fait vibrer et qui vient réécrire toutes les définitions erronées que j'ai pu avoir de l'amour par le passé. Un nouveau cadre, celui de tous les possibles. Et l'occasion pour moi d'enfin lâcher prise dans une relation sans avoir la peur de vouloir un jour rentrer puisque je suis là où tout a commencé... Au final, c'est plus facile de s'engager sur du solide "à la maison", que de prendre le risque de construire quelque chose à l'étranger quand dans ma tête, je n'ai jamais su dire si je voulais vraiment y rester...
Le défi de rester soi-même...
Le plus gros défi de ce retour aussi, c'est de tenir tête face au monde pour rester moi-même. C'est de rester fidèle à cette version de moi, qui a changé au fil des années, des pays, des cultures, face à des gens qui eux n'ont peut-être peu, voire pas, évolués. C'est de rester forte dans mes choix, surtout quand les autres n'ont de cesse que de tout négocier et de me rappeler que je n'étais pas comme ça par le passé.
C'est de garder en tête les raisons positives qui m'ont poussée à rentrer et de ne pas tomber tête la première dans ce piège de la comparaison en mode "ah oui mais vous les français, vous ..." et puis "au Canada, c'était mieux, on faisait comme ça..." (parce que la comparaison c'est ce qui rassure et nous relie au passé mais c'est aussi ce qui nous sépare de la réalité...)
Dur de donner une chance à ses proches et de passer outre les idées préconçues que l'on se fait d'eux... Car quand on vit si loin, si longtemps, on oublie souvent qu'eux aussi peuvent avoir changés. Et encore plus dur de ne pas reprendre toutes ces mauvaises habitudes, ces schémas toxiques qui font indéniablement partie de ce décor si familier.
Et puis, le plus gros défi de ce retour c'est celui qui m'accompagne depuis des années : ce sentiment d'être en décalage, différente, pas comme les autres. A l'étranger, c'était tellement plus facile de se cacher. On passe pour la française avec ses habitudes un peu bizarre mais les gens se disent que c'est culturel, c'est pas toi. Maintenant, en France, je suis un peu tout ça. La fille du nord, qui a vécu partout, qui a eu milles vies, qui ne bosse pas comme les autres, qui ne rentrent pas dans les mêmes cases, qui pensent différemment, qui donnent beaucoup, qui ressent beaucoup et dont les exigences en dépassent plus d'un... Mais cette fille là, c'est celle que j'ai appris à accepter et à aimer au fil du temps et des pays. Alors ce retour, en terre natale, c'est justement l'occasion de m'accepter là où ma différence m'a toujours parue le plus difficile à supporter.
...et de se créer sa propre vie...
Le dernier défi, dans ce retour c'est aussi celui de toutes les possibilités. Road trip solo dans les Pyrénées, escapade au Monténégro, vie tranquille dans les Alpes... j'ai pris l'été pour voyager, découvrir, réfléchir et surtout pour me créer une vie ici qui me ressemble.
Quitter le nord, pour mieux revenir. Prendre de la distance pour souffler. Partir pour me rendre compte que j'avais toujours très vite envie de rentrer. Au final, ces milles et une vies vécues à l'étranger me rappellent quotidiennement qu'il est toujours possible de s'inventer et se réinventer à foison, même à la maison.
Je ferais certainement toujours preuve d'ambivalence dans mes choix de vie. Mon envie de stabilité et d'aventures, mon envie d'enracinement et de liberté, mon insatisfaction permanente et ma gratitude sans limite envers le monde et les autres... Mais c'est justement là, que se trouve le plus beau terreau de créativité. C'est justement là, que je peux écrire mon histoire, cette fois, sans la fuir et dans un cadre où je n'y arrivais pas, par le passé.
Et finalement, je crois qu'il est là, le secret de n'importe quel changement ou projet de vie... C'est celui d'oser l'aborder avec inventivité. C'est de renoncer aux paroles de ceux qui vous disent que c'est impossible et de vous laisser rêver à tous les possibles. C'est de trouver la patience et le courage d'avancer, malgré tout. C'est d'essayer et d'échouer. C'est de s'écouter et de sortir du cadre quand il le faut. C'est de s'accepter, coûte que coûte. De s'entourer de gens qui vous soutiennent malgré tout. C'est d'apprendre à lâcher prise parce que la vie est elle aussi pleine d'ambiguïté. Rien n'est jamais complètement immuable. On ne sait jamais vraiment de quoi demain sera fait. Mais si l'on est heureux, là dans l'instant présent, alors que demander de mieux ?!
Love
Co.
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