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Photo du rédacteurCoralie Marichez

LA DERNIERE PIÈCE DU PUZZLE

Découvrir mon hypersensibilité l'année dernière m'aura valu de faire les montagnes russes pendant quelques mois. Alors, imaginer ne serait-ce que 2 secondes, que je puisse appartenir à une autre catégorie de profils dits "atypiques", c'était quasi impossible... Et pourtant... Cela m'a pris quelques mois de lectures, d'écoutes de podcasts, de questionnements avant d'en venir à cette question :


ET SI J'ÉTAIS CE QU'ON APPELLE UN HAUT POTENTIEL ?


Ça peut paraître complètement con, mais quand j'ai écris à ma sœur pour lui faire part de mes doutes et de mon questionnement, sa réponse fut sans hésitation. "je l'ai toujours dit moi que t'étais surdouée!".


A la lecture de son message c'est une tempête qui se déclenche en moi. Surdoué. Je HAIS ce mot. Je le hais d'une force qui me désarçonne. Et c'est bien là surement la preuve de tant d'années passées dans le déni. A l'école, j'avais déjà du mal à accepter l'étiquette de l'intello, alors celle de surdouée, je vous en parle même pas...


Et puis dans surdoué, il y a sur. Sur, au sens de plus, certes, mais aussi au sens de au-delà. Plus intelligent donc, mais aussi supérieur à quiconque en dessous de cette norme de douance. Mes émotions et moi, on avait bien compris qu'on était déjà "trop" alors j'avais pas envie qu'on pense que j'étais aussi "sur"...


Aussi, pour être honnête, à l'école, j'étais loin d'être un génie. Ce n'était pas mon savoir qui me donnait de bons résultats mais plutôt le fait que j'avais compris ce que les profs attendaient de nous et que je leur servais sur un plateau. Il était là mon génie mais jamais je n'aurais pu penser que finalement, mon sens de l'observation et ma perception des autres faisait mon intelligence.





LA DECOUVERTE


Cette année, sous les conseils de deux amis, j'ai creusé le sujet. J'ai lu des livres, écouter des audiobooks, des podcasts, avec le doute constant en moi d'une possible réalité du sujet. Je me reconnaissais bien dans la plupart de ces écrits mais c'est finalement le livre "Je pense trop" de Christel Petitcollin qui m'a fait l'effet d'une claque. Peut-être parce qu'elle y parle de "surefficients mentaux" et qu'elle évite le mot surdouance, justement parce qu'elle évoque le rejet complet de ce mot par les surdoués eux-même.


Elle revient sur l'activité même du cerveau des surefficients mentaux. Ce fonctionnement si atypique. Elle parle du sentiment de différence que la plupart des hauts potentiels ou HPI tentent de cacher, de dissimuler dans leur relation. Elle évoque ce mal-être intérieur que personne ne comprend, parfois, pas même les psychologues s'ils n'ont pas repéré ce trait chez leur patient. Elle évoque les différences accrues entre "normopensant" (entendez donc ceux dans la normalité, 70 à 80% de la population, à la pensée linéaire) et les surefficients mentaux, à la pensée en arborescence. Elle aborde le sujet en long en large et en travers, et je crois bien que c'est sa droiture et la franchise de ces mots qui ont fini par me convaincre.



L'ACCEPTATION


Pourtant, pour être honnête, ces derniers mois, je suis un peu passée par tous les sentiments :

  • LA COLERE : celle de ne pas avoir été repérée, enfant, et d'avoir mis un mot sur ce que j'étais, plus tôt. (apparemment, c'est très fréquent que les petites filles HPI, passent plus inaperçues que les garçons, à cause des normes imposées par la société)

  • LA DECEPTION : j'ai perdu tant d'années dans un "faux-self" (ou faux-soi si je traduis) pour tenter en vain de me fondre dans la masse... Alors que je découvre aujourd'hui que je ne serai jamais comme les autres. Comme un deuil à faire.

  • LE SOULAGEMENT : découvrir mon hypersensibilité m'avait doucement amener sur cette voie mais je dois vous avouer qu'il y avait encore parfois des moments où je me disais "mais qu'est-ce qui cloche chez moi". Comprendre que je fonctionne tout simplement différemment de la plupart des gens et que, ma différence souvent pointée du doigt par mes ex partenaires, n'est pas si unique que ça, m'a enlevé un sacré poids des épaules.

  • L'ACCEPTATION : l'écrire aujourd'hui en est la preuve. Assumer qui je suis, faire corps avec cette sensibilité et ce cerveau si accablant parfois, mais enfin pouvoir me redonner la liberté d'être moi.


ET MAINTENANT ?


Dans son livre, elle évoque ce besoin continu des surefficients mentaux de parler de leur différence pour tenter d'être mieux compris. Avec inconsciemment l'envie profonde de changer le monde. Pour moi, dans mes relations amicales, je crois que c'est toujours passé. Dans mes relations amoureuses et familiales, en revanche, toujours un échec. Et je crois que c'était un peu l'idée derrière ce blog au départ. J'avais envie de crier au monde ma différence pour la faire accepter des autres. Mais si j'en crois son livre, ma quête sera vaine.


Elle confesse, sans filtres, que la plupart des gens (normopensants) feront un blocage face au concept lui-même de surefficience mentale. Et qu'ils n'auront pas l'envie d'en discuter. Non pas, parce qu'il ne m'apprécie pas en tant que personne. Mais tout simplement parce que leur cerveau se nourrit de faits, plus scientifiques et linéaires, que ceux plus abstrait dont se nourrissent les cerveaux droits. (Et évidemment, les choses ne sont pas justes noires ou blanches. Vous pourriez être un "normopensants" prêt à vous lancer dans une conversation très profonde à chaque instant ou être un HPI qui refuse de parler de ce genre de chose). Et vous savez quoi ? Ce n'est pas grave, c'est même très bien. Il faut de tout pour faire un monde non ?



Et puis, après tous ces voyages, toutes ces années de doutes et de questions, je crois que j'ai enfin trouvé la dernière pièce du puzzle qui me manquait. Celle de la réconciliation. Avec moi-même et avec le monde...


Auparavant, quand je regardais des photos de mon enfance, j'y voyais constamment comme une énigme. Je me trouvais souvent comme perdue sur les photos. Mais, aujourd'hui tout prend son sens.


Et c'est bien la première fois que je me plonge dans les yeux bleus de toutes ces petites versions de moi-même avec sympathie, amour, pardon et compassion.


Et je vous assure que ça, ça n'a pas de prix.

à très vite,

Love. Co.


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