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Photo du rédacteurCoralie Marichez

MA VIE DE CONFINEE CHEZ LES KIWIS



Depuis que j’ai mis les pieds chez les kiwis j’ai un peu perdu la notion du temps. Pourtant, il y a quelques jours j’entamais déjà ma 8ème semaine au bout du monde. J’ai parfois l’impression d’être arrivée hier et parfois le sentiment d’avoir été enfermée depuis une éternité. Sûrement l’un des effets secondaires de ce confinement vous me direz. Alors, ça se passe comment quand on est confinée à l'étranger ? Je vous raconte.


QUARANTAINE EN SOLITAIRE VS BULLE FAMILIALE


A mon arrivée dans le pays, la Nouvelle-Zélande n’était pas encore confinée, mais du fait de mon récent voyage, j’étais contrainte d’effectuer 14 jours en quarantaine. Par chance, Ben et ses parents m’avaient aidée à planifier cette étape et c’est au nord de l’île du nord que j’ai passé mes deux premières semaines, dans leur maison de plage. Le décor parfait pour doucement digérer tout ce qui venait de se passer… Au départ, je dois avouer que cela me faisait un peu peur. 14 jours en solitaire, sans contact direct avec l’extérieur, sans possibilité même d’aller ne serait-ce que faire des courses, c’était un poil effrayant. Mais au final, ce fut une aventure plus que positive.

Lecture, méditation, écriture, Yoga, peinture, projets personnels et de nombreux coups de téléphones ont fini par rythmer mon quotidien. Sans internet, j’avais parfois peur de tourner en rond, mais quand on prend le temps de s’asseoir avec soi-même, le temps passe étrangement vite…


Pour éviter de sombrer dans une folie incontrôlable, j’avais décidé de tenir chaque jour un micro-journal de mes émotions. Une manière pour moi de me répéter qu’il y a "des jours avec et des jours sans". J’avais très peur que cette quarantaine en solitaire m’emmène dans des flots de pensées négatives. Alors ce journal, c’était mon gilet de sauvetage, ma bouée de flottaison. À chaque moment de faiblesse je replongeais dans mes écrits me rappelant alors que rien ne dure vraiment…

À la fin des deux semaines j’écrivais :


« Cher journal, Aujourd’hui c’est le jour J. Le dernier de ces 14 jours de quarantaine. Le positif dans l’histoire c’est que je vais bien. Aucun symptôme. Je me sens chanceuse, car demain, je pourrais tout de même rejoindre Ben et ses parents, pour 3 semaines supplémentaires d’isolement puisque tout le pays est maintenant confiné depuis 8 jours. Je suis contente. Mais j’ai peur. Et je suis impatiente aussi. Le robot froid que j’étais devenue ces derniers jours a retrouvé vie. Partir d’ici signifie éclater ma bulle de confinement pour entrer dans la leur. Du changement donc, probablement ce dont j’ai besoin, là maintenant. Mais j’ai peur. Car il va falloir tout recommencer. Trouver un rythme, des habitudes, une routine. Cette fois dans un environnement en interaction avec d’autres. Cela fait partie de mon mode de vie, mais cela me fatigue aussi parfois. De toujours devoir tout reprendre à zéro. Et puis il va me falloir retrouver mes marques, dans une bulle qui existe déjà, avec des personnages de mon passé... Jusque-là, je pensais avoir enfin tourné la page. Mais l’ai-je vraiment tournée ? Le futur me le dira. Bref, demain, c’est une nouvelle aventure qui commence. »



MES AVENTURES DE CONFINÉE


Quand j’ai quitté la maison de plage je pensais rejoindre ma seconde bulle pour 3 semaines seulement. Mais, suite à l’évolution du virus, le gouvernement néo-zélandais a prolongé le confinement d’une quinzaine de jours supplémentaires. Cela fait donc maintenant 5 semaines, bientôt 6, que je vis avec Ben et ses parents.

Si patience, routine et persévérance ont rythmé mes deux premières semaines de confinement en solitaire, les 5 dernières semaines ont été plus chaotiques d'un point de vue équilibre intérieur.



Trouver mes marques dans un groupe, dans une famille, ou en colocation ne me pose pas vraiment de problème. Je m’adapte plutôt facilement à n’importe quelle situation. En revanche, ce qui s’est avéré plus compliqué, c’est la gestion de mon temps et espace personnel. Comme c'était le cas déjà du temps de ma relation avec Ben, j’ai eu beaucoup de mal à prendre du temps pour moi et à retrouver mes propres habitudes. J’ai réalisé durant ce confinement que j’aime tellement partager des activités et moments avec les autres que j’en fais souvent une priorité, oubliant peu à peu de m’accorder des moments à moi. Ce n’est pas forcément un défaut, mais pour ma part, cela m’enferme dans des relations amicales ou amoureuses malsaines. En d’autres mots, puisque je n’accorde moi-même pas d’importance à ce dont j’ai besoin, je projette sur d'autres ce sentiment et m’enferme dans cette idée que, eux non plus, ne m'en accordent pas, comme si tout tournait autour de leur monde à eux. Or, je ne peux attendre d’autrui ce que je ne donne pas à moi-même… Cela vous semblera peut-être familier (ou pas) mais c’est exactement ce que je reproduis à chacune de mes relations amoureuses et dont j’avais parlé ici sur ce blog après la rupture avec Ben. Bon et bien, apparemment, là-dessus, il y a encore du boulot !


Et puis, intégrer sa vie, c'était comme affronter le passé en effaçant toute opportunité de vie personnelle. Dans une situation où je ne pouvais avoir aucune sociabilité, en dehors de sa vie à lui et sans aucun plan possible pour le futur, les choses ont bien souvent été plus compliquées que je ne l'espérais. D'habitude, prendre de la distance physique m'aide à y voir plus clair. Or, en étant confinée je n'avais d'autre porte de sortie que celle de ma conviction pour tenter de ne pas m'enfermer dans des histoires du passé. Un challenge qui m'aura valu l'écriture d'un autre article que je vous partagerai d'ici quelques jours. ;)



En revanche, se retrouver confinée avec celui qui un jour fût mon meilleur ami m'aura tout de même permise de remettre le nez dehors. Après 4 semaines en niveau 4, les règles se sont légèrement assouplies nous permettant de reprendre doucement les activités de plein air. L'occasion de renouer avec mon amour du VTT que j’avais un peu mis de côté depuis la Norvège et de me reconnecter à cette nature néo-zélandaise que j'aimais tant. C'est drôle mais j'avais presque oublié ce à quoi ressemble la Nouvelle-Zélande... Tout me semble à la fois étranger et familier. Par exemple, il y a une semaine, je suis sortie faire les courses pour la première fois en deux mois, juste par curiosité. J'en suis revenue la boule au ventre... J'avais ce sentiment de déjà-vu comme à mes retours en France mais cette impression aussi d'être complètement perdue. Comme quand vous revoyez un ami d'enfance que vous n'aviez pas vu depuis très longtemps. Je savais bien que mes zones de confort évoluaient au fil de mes voyages, mais je ne m'étais jamais posée la question d'un retour en arrière. Au final, ce qui était normal pour moi hier ne le sera peut-être plus demain. Leçon retenue !



ÊTRE CONFINÉE CHEZ LES KIWIS


Au départ, le plus dur, en étant confinée à l'étranger, c'était de vivre avec cette idée que s'il arrivait quoi que ce soit à l'un de mes proches, je ne pourrais pas rentrer... J'étais bien consciente que même les français ne pouvaient se rendre au chevet de leur famille, mais l'idée de revivre une situation comme celle-ci à nouveau du bout du monde avait le don de m'angoisser... Après quelques jours coupée des médias j'ai enfin pu respirer et profiter de ma vie de confinée à l'étranger.


Si j'ai mis du temps à réaliser la chance que j'avais d'être ici, c'est un peu grâce à mes échanges avec vous, confinés en France, que j'ai doucement noté les différences de gestion de crise d'un pays à un autre. Les Kiwis sont chanceux d'avoir un gouvernement qui a réagi très vite. Les chiffres sont restés très bas rendant les risques de contamination bien plus faibles qu'en Europe. Nous parlions d'une dizaine de personnes contaminées par jour quand vous parliez de centaines de morts. Pourtant, nous étions confinés d'une manière presque plus stricte que chez vous. Il n'y a pas eu de réels moments de panique (les supermarchés ont bien connu des rayons vides les premiers jours, mais une fois la première vague passée, c'était retour à la normale). Et puis, la vie isolée, c'est un peu ce qu'il se passe toute l'année chez les kiwis. Je vous rappelle qu'il n'y a qu'un peu plus de 4 millions de kiwis répartis sur les deux îles et environ 6 fois plus de moutons que d'habitants...


Tout cela sans parler des réponses du gouvernement face à la crise, de la clarté du discours employé, de l'efficacité des outils de communication développés, du dialogue mis en place à double sens entre institutions et population, de la sincérité et l'empathie que continue de montrer la première ministre Jacinda Ardern, de la générosité des kiwis, du ton léger mais fédérateur employé par l'ensemble du pays, l'usage des réseaux sociaux dans la communication gouvernementale, le design graphique frais et moderne, et j'en passe...

Certes, le contexte est bien différent de la France puisque d'une part la NZ est un pays jeune, la population bien moindre et nous parlons d'une île dont les frontières maritimes sont une force en cas d'épidémie. Mais il y a certainement beaucoup à apprendre des kiwis ! Là où certains pays échouent d'autres réussissent, voire excellent... Cela aura évidemment renforcé mon amour pour ces îles du bout du monde, mais aussi redonné confiance en l'idée qu'un jour je puisse moi aussi m'installer dans un pays où la politique globale coïnciderait avec mes valeurs, que ce soit ici ou ailleurs !



ET LA VIE APRÈS LE VIRUS ?


Une fois le niveau 2 enclenché, (dès jeudi) je pourrais reprendre la route et descendre sur Tauranga pour y rejoindre Terri, Aunty Fat et mes amis qui vivent toujours là-bas. J’ai hâte car je crois avoir fait le tour de ce que j’étais venue chercher ici. Bien que la situation ne soit pas désagréable, cela commence à devenir néfaste pour moi et il est temps que je retourne vivre ma vie. La décision du gouvernement arrive juste à temps donc et puis pour la suite on verra. Je ne peux pas travailler dans le pays pour l’instant, n’ayant qu’un visa de visiteur. Être ici me donne parfois l’envie de rester et de tenter l’aventure d’un visa travail. Mais mes projets de Canada continuent tout de même à me faire de l’œil, bien que mon visa soit en suspend pour l’instant. Bref, je laisse le monde avancer et puis, je fais confiance à l’univers. Je suis persuadée que j’atterrirai là où je dois atterrir, quand il le faudra, tout comme j'ai atterri ici il y a bientôt deux mois...

En attendant, je développe mes services de Coco-Freelance depuis le bout du monde, avec un site tout beau tout neuf que je vous partage La CocoFactory. Avec un peu de chance cela me permettra de survivre ces prochains mois en attendant de voir où le vent me mène !

Je vous écris vite. Love. Co

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