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Photo du rédacteurCoralie Marichez

CO CHEZ LES CARIBOUS - 9ème et 10ème mois

Deuxième article en moins de deux semaines, je crois qu'il y a des avantages à se retrouver confinée chez soi pour cause de fumées intenses à l'extérieur... J'en profite donc pour vous partager mes mois de juin et de juillet et vous raconte ce à quoi ressemble un monde où fantaisie apocalyptique et réalité ne font plus qu'un. Je vous emmène ? En route...


COFFEE CREEK CAMPING

Je commence avec des images pleines de légèreté et une aventure camping du mois de juin, à Coffee Creek, une plage située à 45 minutes de route de Nelson. Une échappée, juste le temps d'une soirée, d'une nuit et d'une matinée. De quoi aiguiser nos compétences en matière de camping sauvage et profiter une fois de plus des paysages assez grandioses de la Colombie-Britannique. Je dois avouer que ma soif d'aventures m'a beaucoup poussée depuis le mois d'avril à explorer la région que j'appelle "home sweet home". Et je ne sais pas si c'est parce que je suis "coincée" dans un job de 40h par semaine, pour une durée indéterminée, ou du moins, jusqu'à obtenir les heures nécessaires pour la résidence permanente, mais c'est presque devenu vital pour moi et pour ma santé mentale d'être en capacité d'aller m'immerger en pleine nature.


OLD GROWTH FOREST


L'avantage avec la région des Kootenays c'est qu'il y a énormément de choses à voir, à faire, tellement que parfois, je me mets une pression un peu trop intense à l'idée de vouloir tout faire. Comme si mon temps était compté et que mon besoin de découverte était plus important que le reste. A seulement 30 minutes de Nelson se trouve le parc national Kokanee Glacier. Et sur la route qui mène à ces montagnes, se trouvent "Old Growth Forest", une forêt dont certains arbres seraient vieux d'au moins 800 ans. Autant vous dire que l'on se sent tout petit entouré de ces grands géants et qu'il nous rappelle ô combien Mère Nature est magnifique, quand l'Homme ne passe pas son temps à la détruire... Pour moi, chaque forêt est un peu comme un terrain de jeu. Celui d'une quête d'images, de sensations, de bruits. Chaque respiration est comme une bouffée d'oxygène. Et quand par chance, certains oiseaux, écureuils ou tamias rayés viennent nous narguer avant de disparaître, je perds pieds... et c'est exactement ça que j'étais venue chercher...




ROAD TRIP TO KELOWNA


Si ma vie en plein nature me plait énormément, j'avoue que parfois, la vie citadine me manque. N'ayant que très peu découvert les grandes villes de la province, j'ai profité d'un jour férié pour poser une seconde journée de congés en juin et partir à la conquête de Kelowna avec John. Cette ville d'au mois 130 000 habitants (2015) se situe à 4h30 de route à l'ouest de Nelson. Cependant, pour y aller, plusieurs options s'offraient à nous dont celle de conduire à travers la vallée de l'Okanagan, considérée comme la plus chaude de la province. Entre désert, vergers et cultures intensives, c'est de là que viennent bon nombre des fruits l'été et du vin, toute l'année.


Une belle découverte qui m'aura étrangement rappelé les paysages de vignes des Vosges et de l'Alsace.

Une fois arrivés sur Kelowna, nous avons passé la nuit dans l'hôtel ZED, un lieu tout en couleurs, qui lui, m'aura rappelé les concepts hôteliers des grandes villes. Ce n'est pas Paris mais avec ce genre de lieu un peu fou et très fun, c'était tout comme. Après une balade le long du lac, nous sommes allés profiter des bars et restaurants beaucoup plus animés que ceux de Nelson. L'occasion de passer un bon moment, qui plus est, aux frais d'un gras qui a eu l'âme ce soir-là de payer sa tournée à tout le bar, 3 fois de suite...


C'était très étrange comme ambiance et je crois que ça m'avait beaucoup manqué. Les gens titubaient dans la rue, l'atmosphère était très festive malgré le COVID et les restrictions toujours en place à ce moment-là. Le temps d'une soirée, j'ai réalisé à quel point cela me manquait d'avoir la liberté de pouvoir sortir ou d'aller danser. Bien sûr, les bars et restaurants n'ont jamais vraiment fermés ici, mais la pression sociale et gouvernementale autour du virus aura été tout aussi intense dans ce pays.


Au lendemain matin, l'heure était au shopping pour acheter toutes ces choses que nous ne pouvons trouver sur Nelson. Un début en douceur, à parcourir les rues et boutiques de Kelowna avant d'enchainer par une tournée des centres commerciaux. De quoi me confronter au rythme incessant des gens qui défilent dans les couloirs des grands magasins et au trafic propre aux grandes villes. C'est drôle mais la veille, nous avions tout fait à pied, ce qui m'avait donné une tout autre image de cet endroit. Une fois sortie de cet hyper centre, je dois avouer que je me suis soudainement rappelée pourquoi j'ai choisi de ne plus vivre en ville de nos jours...


Deuxième soirée donc, nous nous échappions du vacarme citadin pour camper sur une plage du parc national Kalamalka, près de Vernon. C'était en plein pendant la canicule, avec des températures constamment au-dessus de 40°C. Et je crois que cette journée là, il faisait 47°C dehors... Autant vous dire que nous n'avions pas besoin de grand chose d'autre que le moustiquaire de la tente pour dormir.

Ces micros-vacances de deux jours étaient aussi pour moi l'occasion de renouer avec ce que j'aime. C'est donc avec excitation que j'avais mis le réveil à 4h du matin pour assister à un lever de soleil très coloré. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu l'opportunité d'assister à un tel spectacle alors je dois avouer que j'étais aux anges...


Plus tard, nous sommes allés prendre un café et avons découvert que c'était le jour de fin des restrictions liées au masque pour la Colombie-Britannique. Un peu bizarre comme sentiment à la vue de ce mec, derrière le comptoir, qui préparait nourriture et boissons sans aucune protection. C'est drôle comme on oublie ce à quoi la vie pouvait ressembler, avant. Avant de reprendre la route, nous sommes retournés profiter du lac Kalamalka, à bord de nos kayaks, histoire de nous rafraîchir aussi. L'eau était encore plus émeraude que celle de la région des Kootenays. Les paysages eux, bien plus secs et rocailleux.




MC KEAN LAKES


Après tant d'aventures en bord de lac, j'avais hâte de reprendre mon sac à dos et de pouvoir partir randonner et camper sur les sommets que forment certains parcs nationaux des Kootenays.

Première randonnée bivouac de l'année, direction Mc Kean Lakes, proche du parc national de Valhalla, juste le temps d'un weekend.


C'est ma collègue Laura qui nous en avait parlé et par chance, c'est un site encore assez peu connu, même de certains locaux. Les températures restaient toujours intenables pour envisager une grosse randonnée, (on passait la barre des 30°C cette fois) mais j'avais tellement peur que l'été ne m'échappe un peu plus tard, à cause des feux dont tous les locaux me parlaient que j'avais décidé d'y aller, coûte que coûte.


C'est avec Dave, un autre collègue et ami que je suis donc partie à l'aventure. Presque 2h de conduite plus tard dont 1h30 sur une route à gravier nous étions au pied de la randonnée. Nous savions qu'en général, les gens prennent 2h30-3h pour atteindre le sommet, mais puisque nous avions des sacs de 10 à 14 kgs sur les épaules, nous doutions un peu de nos compétences. Sans compter la chaleur, les moustiques qui nous attaquaient tout au long du chemin et la pente raide qui nous forçaient à reprendre notre souffle toutes les 7 minutes... Pour une première vraie randonnée de l'année, je dois avouer que je n'avais pas choisi la plus facile. (Et je crois que Dave a très vite regretté de m'avoir suivie ^^).


Mais une fois au sommet, on pouvait tout oublier... Le ciel était d'un bleu intense, il n'y avait aucun autre bruit que celui du clapotis de l'eau sur les rochers et des marmottes qui sifflaient. Le vent était à l'arrêt donnant au lac l'aspect d'un miroir reflétant arbres et sommets. C'était magique. C'était beau. Et, nous n'avions pris que trois heures pour atteindre ce site... De quoi nous sentir fiers et soulagés d'y être arrivés !

Après un repérage des environs, nous décidons de poser nos tentes sur un énorme rocher surplombant le lac. De quoi observer le soleil disparaître avant de se faire dévorer par les moustiques / micro-mouches... Nous n'avions pas prévu de faire de feu mais ces petites bestioles étant affamées, les flammes se sont très vite avérées être notre seul outil pour les faire fuir... De quoi immortaliser cette soirée par un autre bon moment autour du feu avant de s'endormir sous les étoiles.



KOKANEE GLACIER


Seule randonnée de ces dernières semaines de juillet, un petit tour du côté du parc national de Kokanee Glacier. Je crois que nous avons pris 1h30 pour atteindre le lac Kokanee et une fois de plus, les vues étaient éblouissantes, surtout celle située à mi-chemin, révélant le lac Gibson en contrebas. Et puis, cette fois, j'ai pu enfin immortaliser nos rencontres avec les marmottes par quelques photos ! Elles sont partout ici dans ce pays !! c'est incroyable et parfois, elles sont très joueuses !


DESCENTE EN BATEAU GONFLABLE SUR LA VALLÉE DE SLOCAN


Il y a trois semaines, je me suis retrouvée clouée au lit, sans trop de raisons apparentes, avec une fatigue extrême me laissant sans aucune énergie mentale ou physique. J'ai bien cru à un épisode Covid mais mon test s'est avéré négatif. À la base, je devais partir faire une grande randonnée avec Carly, le weekend juste après mais au vu de mon état, impossible de m'engager dans des efforts trop intenses. C'est donc après un rapide brainstorming que nous avons décidé de partir à la conquête de la rivière Slocan, pour une aventure de 3 heures. Pas besoin d'escalader une montagne, là il s'agissait simplement de se laisser flotter le long de la rivière, dans des bouées ou bateaux gonflables. Tout le monde m'en avait parlé cet hiver et j'étais diiiingue à l'idée de pouvoir le faire et je dois avouer que c'était la parfaite aventure pour me remonter le moral après mon épisode de fatigue. Malheureusement, ce jour-là nous n'étions pas les seuls. La rivière avait des allures d'autoroutes où les voitures et les camions avaient été remplacés par des objets flottants aux mille couleurs. En revanche, l'ambiance était vraiment bon enfant et j'ai passé un très bon moment en compagnie de Carly, Alex, et Dave.


MICRO-AVENTURES EN JUIN / JUILLET

Le reste du temps, si je n'étais pas partie camper, randonner ou visiter, j'ai profité des paysages pour aller faire du vélo, du kayak ou juste m'aventurer sur les routes forestières à la recherche de point de vue sur la ville de Nelson. Une belle manière au final de passer mes journées off, à essayer de me déconnecter sans cesse de la vie très routinière dans laquelle je me sens parfois un peu bloquée. La région a vraiment beaucoup à offrir et s'il n'y avait pas de changement climatique qui pèse au-dessus de nos têtes, je vous avoue qu'elle aurait vraiment tout pour me plaire...



UN ÉTÉ PARTI EN FUMÉES


Le temps de vous écrire cet article et j'avais presque oublié ce à quoi ressemble les paysages depuis maintenant presque trois semaines... C'est drôle car, cela arrive à un moment où j'avais retrouvé pas mal de positivité et d'élan, après ce coup de la trentaine qui m'avait un peu assommée. Après ce court séjour aux urgences, ce verdict nul et une facture à me faire pleurer pendant toute une soirée (car les docteurs ne reçoivent pas les patients à cause du COVID) ce sont les fumées qui ont pris le relais...


En fait, les feux de forêts sont complètement naturels dans ce pays où les arbres recouvrent quasiment tous les espaces libres possibles mais le problème c'est qu'avec le changement climatique, nous faisons face à des périodes beaucoup plus intenses de sécheresse, de chaleurs et/ou d'inondations. Pendant que la Belgique, l'Allemagne et le nord de la France se faisaient recouvrir d'eau, nous, toute la région s'est mise à brûler, entrainant des évacuations de villes, pas très loin de chez moi, et nous forçant à vivre dans un brouillard, semblable à ceux de l'hiver, mais cette fois chaud (30°C) et irrespirable...


Je n'avais jamais autant compris cette fameuse danse de la pluie dont on parle souvent en Amérique du Nord jusqu'à ces derniers jours. Parfois on se lève le matin et l'air est si lourd que l'on n'y trouve aucune énergie. Je rêve de me réveiller la gorge libre et non plus serrée par l'effet produit de la pollution sur le corps. Mes poumons suffoquent. Et mon mental, il se bat. C'est drôle car tout ce travail fait sur moi-même ces dernières semaines, toutes ces angoisses liées à mon futur que j'avais réussi à dissoudre, se sont soudainement retrouvées confronté à une réalité bien plus palpable que ce que je n'espérais.


Parfois je jalouse les gens ici autour de moi. Cela les effare bien sûr, "mais la vie continue" ils me disent. Moi, je suis choquée, je suis révoltée et je suis désespérée à la fois. Croyez-moi, j'aimerais tellement être capable moi aussi d'ignorer complètement ce qui se passe sous nos yeux. Mais dans ma peau d'hypersensible c'est bien plus compliqué. Je pleure un monde que j'adore et que je vois partir en fumées. Quand les gens me parlent de futur ou de retraites, je ris. Mais je ris jaune. Le futur, s'il ressemble à ça, je vous le dis, ce ne sera ni beau, ni fun...



ET SINON LA VIE EN GENERAL ?


J'ai bien conscience que j'ai eu pas mal la bougeotte sur mon temps off ces derniers mois et je dois avouer que cela était plus que nécessaire. Plus j'avance dans mes voyages, dans mes expériences de vie, plus je suis capable de déterminer mes besoins et mes envies. Je suis souvent partagée par l'idée de bouger et aller tenter la vie ailleurs en Colombie-Britannique et celle de rester ici, dans cet endroit que j'apprécie, avec cette belle brochette d'amis. Ce n'est pas parce que je n'aime pas Nelson, bien au contraire, mais parce que je sais qu'il y a d'autres types de paysages et de communautés et que l'inconnu m'attire...


Chaque nouveau lieu a été pour moi l'occasion d'en apprendre plus sur moi-même. De me sortir de ma zone de confort. De découvrir le monde avec de nouveaux yeux. Et de me reconnecter davantage avec moi-même. En me retrouvant à Nelson pour du long terme, j'ai parfois peur de m'y perdre. De m'oublier. Un peu comme quand je me mets en couple en fait. Sauf que cette fois, j'ai décidé d'essayer de rester. De ne pas fuir. D'affronter tous ces sentiments qui se bousculent, que ce soit au sujet de ma vie amoureuse ou au sujet de ma vie de sédentaire tout court. L'occasion de m'essayer à un schéma peut-être un peu plus classique. Un de ceux qui parfois me rassure et m'enlève tout un stress inutile mais aussi qui parfois m'effraie ou m'horripile.



Je ne sais pas vraiment si c'est elle est là, la vie dont je rêve pour ces prochaines années, mais ce qui est sûr c'est que j'adore cet endroit, j'adore les escapades qui s'offrent à moi dans cette région et j'adore les gens que j'ai ici autour de moi. Les grandes questions qu'il me reste sont davantage liées à mon taf et la planète. J'ai l'envie de pouvoir faire mon travail de colibri dans ce monde qui prend feu. J'ai envie d'apporter la goutte d'eau qui peut-être inspirera à un meilleur avenir. Et ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas avec le travail que j'ai en ce moment, bien que créatif et inspirant, que je me sens utile et complètement épanouie.


M'enfin, cela reste une quête à part entière, qui sait, peut-être que j'aurais une révélation tout bientôt et que j'arriverais à mêler toutes ces choses que j'adore et qui me tiennent à cœur dans un boulot qui ait du sens !


En attendant, prenez soin de vous,

love.

Co

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