"Pourquoi tu pars ? Pour aller où ?" "Qu'est-ce qui ne te plait pas ici ?"
"tu seras toujours celle qui part n'est-ce pas ?" "J'savais bien que tu ne resterais pas."
Cela fait un moment que je n'ai pas pris le temps d'écrire un peu ce qui se passe ici, depuis mes montagnes perdues en Colombie-Britannique mais vous vous doutez bien que cela ne veut pas dire que c'est le calme dans ma tête. Oh ça non... Jamais :)
Je m'étais arrêtée il y a quelque mois après la visite des Etats-Unis en van, avec Mily (article de blog 1, blog 2, blog 3) et le retour à Nelson en Août. J'avais reçu la visite de ma maman en Septembre et après tant de péripéties durant l'été, j'espérais juste retrouver le confort d'un endroit familier et douillet, du moins, le temps de passer l'hiver.
Maintenant que les mois les plus sombres sont passés, mes projets ont repris de plus belle et au vu du titre de cet article, vous l'aurez deviné : oui, je m'en vais.
J'ai récemment eu beaucoup de questions au sujet des raisons qui me poussent à partir et cela m'a fait renouer avec un sentiment bien trop familier et inconfortable : celui de me sentir incomprise. Comme j'ai la certitude, cette fois, d'être en train de faire le bon choix, j'avais envie d'utiliser ce blog pour tout vous expliquer, comme par le passé.
Alors, partir oui, mais vers où, pour faire quoi et pourquoi, je vous raconte. Je vous emmène? En route...
Pourquoi je pars ?
Si vous me suivez depuis le début de mon aventure au Canada, vous savez à quel point il m'a fallu du temps pour prendre mes marques ici, en Colombie-Britannique (C-B).
Cela fait un peu plus de 3 ans et demi que j'ai fait de Nelson ma "home sweet home". Trois ans et demi que je pars et que je reviens dans cet endroit si spécial. Trois et demi à adorer cette petite ville de montagnes, tout en la détestant à la fois.
Alors, il n'y a pas eu une minute où je n'avais pas la tête à aller explorer d'autres régions. Je suis partie en road trip durant l'été, je suis allée passer un mois sur l'île de Vancouver, j'ai exploré des paysages tous différents les uns des autres, je suis allée jeter un œil à la province d'à côté, mais je n'ai jamais vraiment trouvé ce sentiment que j'étais venue chercher.
En fait, j'ai l'impression que cela fait 3 ans et demi que je tourne en rond. Je n'arrive pas à me projeter ici sur le long terme. Et c'est ça, la raison principale de mon départ. Cela fait 3 ans que j'essaie de me convaincre de rester... On est entourés de montagnes et de randonnées, la rareté de la qualité de la neige pour le ski l'hiver, la culture et l'art à tous les coins de rues, le nombre incalculable de restos et de bars, le lac et les plages en été, sans compter tous les services "spiritualité et bien-être" dont la ville regorge, sur le papier, ici, c'est le Paradis.
Oui mais...
La saison des feux m'angoisse chaque été.
L'hiver passé dans cette cuvette sombre m'étouffe.
L'accès routier pour entrer et sortir d'ici est compliqué voire impossible la moitié de l'année
L'aéroport international le plus proche est à 4h de route
Le rapport qualité/prix de l'immobilier ne fait aucun sens
Les opportunités de rencontres amoureuses sont très limitées.
L'argent est au centre des conversations car source principale de stress
Et bien que les Canadiens de C-B soient ultra bienveillants, je ressens comme un manque d'authenticité dans les communautés et relations ici et ça me tue
Quand le poids du négatif l'emporte sur le poids du positif, c'est qu'il est temps...
Au printemps, je pars.
Pour aller où ?
En Décembre 2022, j'ai obtenu ma résidence permanente au Canada. Un visa de 5 ans, renouvelable, qui me permet de vivre et travailler ici. Et, au vu du budget dépensé dans l'obtention de cette carte, je n'avais pas envie de tout gâcher en quittant le sol Canadien sur un coup de tête.
Par chance, les provinces canadiennes sont comme des mini-pays, ce qui signifie qu'elles ont toutes des cultures propres à elle-même et que le dépaysement peut se faire, sans avoir à passer les frontières. Après quelques mois de recherches, mon choix s'est fait sur la côte Est, avec la visite de 3 nouvelles provinces : la Nouvelle-Ecosse, l'île du Prince Edward et Terre-Neuve et Labrador.
Changement de culture et retour vers l'océan donc, l'envie d'un dépaysement garanti... Et puis, en déménageant vers l'Est, ça veut dire que les avions pour rentrer en France se feront de plus en plus courts :) et ça, c'est une chouette nouvelle.
Partir et pour faire quoi ?
Recommencer, encore une fois, mais en prenant le temps.
J'envisage de voyager durant tout l'été, pour me laisser le temps de voir et découvrir où me poser sur du long terme. L'idée c'est d'atterrir à Halifax, en Nouvelle-Ecosse, d'acheter un véhicule et d'en faire ma maison pour 3 mois.
Si j'avais pu, j'aurais emmené Speedy D, (mon van), mais au vu de la distance à parcourir (+ de 5000 km), c'est mieux que je prenne l'avion et que je me retrouve un véhicule dans l'est.
Et puis le reste, on verra.
Celle qui part...
Ces dernières semaines, j'ai l'impression d'avoir déjà entrepris le deuil de Nelson et des amis que je laisse derrière moi. Dans chacune de mes vies à l'étranger, j'ai rencontré des personnes tellement formidables et elles m'ont toutes marquées d'une manière qui rend et a rendu chacun de mes départs si difficile.
"J'savais bien que tu ne resterais pas."
Vous savez, j'en ai marre moi aussi d'être celle qui part. Et je pense que d'un sens, c'est ça qui a fait que je suis restée aussi longtemps ici. J'avais la flemme de tout vendre à nouveau, pour tout recommencer. Ça me tue chaque fois de devoir dire au revoir. De savoir que certaines de mes amitiés, ne survivront pas à mon départ. Que c'est la dernière fois que cet endroit me paraîtra aussi familier. Même si un jour j'y remettais les pieds.
Mais, vous savez, quand j'ai pris la route des voyages il y a 7 ans, j'étais en quête de moi. Je voulais comprendre qui j'étais, ce que je voulais vraiment et vivre à ma façon, loin de tout. Des réponses à mes questions j'en ai trouvé. En partant loin et en vivant à l'étranger, j'ai compris d'où je venais. J'ai rassemblé les morceaux du puzzle et appris à m'accepter, à m'aimer, comme j'en avais un peu toujours rêver. J'ai trouvé une vocation (ou 4 ^^) et tout ce qu'il me manque maintenant, c'est un endroit où je me sente bien, pour pouvoir me poser. Et pour ça, il faut que je continue d'explorer.
Alors même si parfois, vous avez l'impression que je vous abandonne, en soi, à chaque fois que je pars, ce n'est pas de vous que je m'éloigne, c'est de moi que je me rapproche.
Et cette fois, je sais que je suis très proche.
Love.
Co.
Comments