Quoi de mieux que de profiter de l’intensité émotionnelle de cette fin d’année et des bonnes résolutions pour 2021 pour partager avec vous un peu de ma vie chez les Caribous.
Cela fait maintenant 3 mois que je suis arrivée au Canada et un peu plus de 2 mois à Nelson, et je dois avouer que j’ai parfois l’impression que cela fait bien plus longtemps. Dans mon dernier article je vous racontais mes débuts dans cette région que l’on appelle les Kootenays et je commençais à vous livrer un peu mes impressions sur la vie ici. Depuis, vous avez été plusieurs à m’écrire pour me demander ce qu’il en était après quelques semaines de vie en coloc et surtout, après ces quatre premières semaines de boulot en station. Malgré mon silence, j’ai pas mal de choses à vous montrer et vous raconter… Alors, travail, rencontres, quête de voiture, émotions en pagaille, désorganisation totale, bulles de bonheur, nouvelles habitudes et inconfort, je vous raconte tout…
Je vous emmène ? En route !
LA VIE EN COLOC
Dans mon dernier article, je vous avais laissé sur mes premiers jours passés à me créer une « home sweet home », m’installer et faire connaissance avec Kristy, ma coloc…et bien, depuis, rien n’a changé ! Je passe encore pas mal de temps à décorer ma chambre et je suis aux anges dans cette petite maison. Cela me fait un bien fou d’avoir un toit à moi. Je commence doucement à avoir mes petits rituels, entre les promenades avec Kristy et Oatis, son chien, la récolte des œufs de nos 10 poules, les sessions d’escalade (quand la salle était encore ouverte), ou nos discussions à rallonge autour d’un café le weekend ou d’un verre de bière en semaine. Je me sens très chanceuse d’avoir atterri chez elle car l’on s’entend à merveille et quand j’entends d’autres personnes fraichement arrivées en ville, toutes les colocs ne sont pas aussi idéales. Et puis, étant une grande fan de chien, je dois avouer qu’avoir un toutou à la maison, c’est un réconfort quotidien… Oatis est adorable !
LE BOULOT
Cela fait un peu plus de trois semaines maintenant que je travaille pour Whitewater (Wh2o), la station de ski située à 25 min de route de Nelson. Je suis serveuse dans le lodge / café, à l’étage, mais avec le Covid, notre rôle est assez polyvalent. Parfois je prends les commandes à la caisse, d’autre fois je gère les attributions de table, les réservations et les questions des clients à l’entrée. Nous avons aussi un container aménagé en foodtruck où l’on sert des tacos et burritos donc quand je suis chanceuse, j’y passe la journée. Et quand je le suis un peu moins, je passe ma journée à désinfecter pour la millième fois les tables et bancs du café…
Je dois vous avouer que les premiers jours ont été assez difficiles. Je me lève à 5h30 du matin et rentre vers 17h30, donc autant vous dire que les journées peuvent paraître un peu longues. Niveau intensité de travail, c’était d’autant plus dur que la formation en amont était assez minimale… En bonne française, j’ai des attentes et exigences bien trop hautes pour le type de personnes qui travaillent généralement dans ce genre d’endroit. Et, au vu de la paye qui ne fait pas rêver, je ne peux pas vraiment leur en vouloir… Sans compter le fait que les journées paraissent d’autant plus longues parfois car nous sommes complètement coupés du monde dans notre montagne, sans réseau téléphone et sans Wifi. C’est chouette car d’un sens, cela nous reconnecte vraiment les uns aux autres et nous permet d’apprécier la journée à son maximum, mais d’un autre côté, cela rend parfois compliqué mes connexions avec la France… D’où mon silence.
Sinon, c’est la première fois que je travaille dans une entreprise aussi grande, nous sommes plus de 130 employés, sans compter les volontaires. Et à ma grande surprise, j’adore. C’est drôle car j’ai toujours été en quête de petites entreprises familiales, persuadée que c’était ce dont j’avais besoin et ce qui me correspondrait le plus. Mais, ici, à Whitewater, je prends un malin plaisir à me souvenir des visages (ou des yeux avec le masque) et des prénoms des personnes issues des autres départements... Je suis toujours en quête de rencontres et de discussions et c’est une bonne manière au final d’avoir une vie sociale, en plein Covid !
Enfin, j’avais toujours rêvé de faire un travail saisonnier en station pour pouvoir rejoindre cet esprit très communautaire et festif qui y règne donc pouvoir réaliser ce petit rêve rend chaque journée un peu plus intense, même avec les restrictions en place dû au Covid. Ici, nous sommes entrés en « confinement » au début du mois de décembre, mais les règles sont beaucoup plus souples qu’au Québec ou qu’en Europe. En fait, au lieu de laisser le virus s’étendre puis d’imposer un confinement strict, la province a décidé de mettre en place des restrictions sur une période assez étendue pour canaliser le virus. Sur le papier, nous devons donc nous en tenir à notre cercle d’amis / famille ou notre « maison », de 6 personnes maximum. Nous pouvons aller dans les bars, boutiques et restaurants, à condition de porter un masque, de se désinfecter les mains et de respecter la limite de 6 personnes à table. En pratique, c’est un peu plus souple. Nos cercles sont généralement un peu plus étendus mais cela fonctionne plutôt bien car les gens préfèrent une vie un poil contraignante mais avec la possibilité de continuer à sortir, plutôt que de se retrouver enfermés chez eux. Évidemment, cela fonctionne aussi car nous ne sommes pas si nombreux et le nombre de cas est vraiment bas.
COPINE COPINE
Trouver une voiture aura épuisé beaucoup de mon énergie fin novembre et début décembre. Cela aura été une galère et merci l’univers car j’ai rencontré plusieurs personnes depuis mon arrivée qui m’ont permis de savoir un peu mieux vers quoi me tourner. Au final, après être passée par toutes les émotions et par de nombreuses phases de désespoir, j’ai fini par faire 3h de route avec un pote pour aller voir une voiture et l’acheter… Et oui, c’était l’option la plus viable et la plus proche !
Une fois les clés en main, ma vie a définitivement pris un tournant très différent. « À moi ce
sentiment de liberté enfin retrouvée ! »
Les premiers jours, il m’a fallu surpasser ma peur de conduire sur des routes de montagne enneigées, verglacées et en pente. Mais après une tentative sur une route de forêt, j’ai vite compris que ma petite HONDA-CRV, que j’appelle « COPINE » sera la partenaire idéale pour tout type d’aventure ! En revanche, ce qui me stresse encore un peu c’est la conduite en ville car l’urbanisation et les routes ont été pensées vraiment différemment de nos plans à l’européenne. Je suis souvent perdue, surtout avec les intersections à 4 stops… Nous en avons une à Nelson et j’avoue l’avoir évitée pendant plus de 2 semaines car, même si la règle est au : premier arrivé, premier à passer… parfois, il y a tellement de trafic que personne ne sait qui était là le premier. Drôle de système pour une française mais on finit par s’habituer ! Je dois avouer que maintenant je ne me pose plus de questions, je fonce… Si ce n’était pas mon tour et ba… tant pis !
Ah et sinon, pour la petite anecdote, j’ai tout de même réussi à verrouiller mes portes de l’intérieur, avec la clé sur le compteur et le moteur allumé, sans clé de secours, là-haut dans la montagne… Par chance, j’étais au boulot et j’ai fait le bonheur de 3 des gars qui bossent sur le parking et qui sont venus à la rescousse pour forcer ma porte… Depuis, j’ai fait refaire deux clés supplémentaires pour ma voiture, je suis maintenant préparée haha !
MES JOURNÉES OFF - DÉCOUVERTE
En dehors de tout cela, quand je ne travaille pas, je suis soit partie explorer quelques sommets de la région, soit sur les pistes de ski. Faire une activité d’extérieur avec des amis restent définitivement l’option la plus sécurisée niveau COVID donc j’avoue sauter sur cette occasion aussi souvent que possible. Je n’avais jamais vraiment randonné dans la neige, mais ces dernières semaines, c’est un peu devenu quelque chose de normal pour moi. Et j’adore ça.
Je dois dire que les vues aux alentours sont toujours incroyables… sans vous parler de ces décors de ski presque irréels. Whitewater a toujours eu pour objectif d’éviter de créer une station au style européen. Entendez-là donc, des pistes de ski très larges, où les arbres auraient tous été rasés. Ici, c’est tout l’inverse. Les arbres et la poudreuse sont les amis des skieurs. Les gens viennent spécifiquement dans notre région pour cette qualité de ski.
Au départ, cela me faisait un peu peur car j’ai beau avoir un bon niveau sur des pistes damées, je n’ai que très peu d’expérience dans la poudreuse ou à travers des arbres, en pente. C’est donc complètement stressée et avec un gros manque de confiance en moi que j’ai commencé la saison… J’avais tellement dit à mes amis que j’avais peur de ne pas avoir le niveau qu’ils ont été surpris quand ils m’ont vu dévaler la piste à toute vitesse… C’est pour vous dire à quel point je ne croyais pas du tout en mes capacités…
Au final, j’apprécie beaucoup la station. Parcourir des décors où les arbres, tous recouverts de neige, vous donnent souvent l’impression d’avoir atterri dans un tout autre monde, cela rend l’expérience vraiment fantastique. Pour ceux qui ont vu le film Narnia, Whitewater c’est un peu le décor que vous avez, une fois la porte du dressing passé ! Une session de ski ici c’est presque aussi puissant que de lire un conte pour enfant à la différence qu’ici, vous le vivez…
SKI, SNOWBOARD ET FORMATION AVALANCHE
Si la paye ne fait souvent pas rêver quand on bosse en tant que saisonnier, faire partie d’une station de ski donne tout de même droit à de nombreux autres avantages.
Le premier ? Des leçons gratuites à l’école de ski lors de la semaine d’ouverture !
J’avais toujours rêvé de m’essayer au snowboard et bien c’est chose faite ! Au départ, je pensais que j’allais passer la matinée sur les fesses. Mais après 2 heures de cours, j’étais capable de descendre la piste débutante, de tourner et de m’arrêter ! Suffisamment pour décider de m’embarquer sur le télésiège pour une descente un peu plus intense… Cela faisait tellement longtemps que je ne m’étais pas mise sur une nouvelle activité que j’en avais oublié le plaisir que l’on prend quand on met son énergie sur quelque chose de complètement nouveau ! Et puis les sensations de glisse sont vraiment différentes du ski, ce qui me permet maintenant de varier selon mes envies !
Deuxième avantage avec la station : les réductions sur la location de matériel et sur les formations. J’ai toujours eu envie d’explorer le hors-piste ou « backcountry » comme on dit en anglais, mais au vu de mon manque de savoir sur le sujet, j’ai toujours eu très peur des avalanches. Avant donc de me lancer dans ce type d’aventures, j’ai décidé de m’inscrire ce mois-ci à la formation Avalanche. Objectif ? Savoir planifier une sortie ski en ayant pris en compte les risques et apprendre les gestes pour secourir un compagnon enfoui sous la neige.
Au final, 2 jours pour aborder un sujet aussi lourd que celui-ci, c’est vraiment court. Le programme était toutefois très complet et très riche : lecture des prévisions météo et des bulletins d’avalanche, anticipation des risques, planification, choix de routes, plan B, analyse en temps réel, utilisation des émetteurs en mode émission et en mode réception, procédés d’urgence en cas d’accident, découvertes et compréhension des différentes couches de neige, scénarios pour apprendre les gestes et techniques de secours, évaluation de terrain et j’en passe.
Sans compter toute la partie sur le ski de randonnée ! Il m’a fallu apprendre à mettre des peaux de phoques sous mes skis (ce sont ces bandes que l’on colle sous la surface glissante du ski et qui permettent de skier en montée, ce ne sont d’ailleurs plus des peaux de phoques de nos jours ;)) et apprendre les techniques de ski une fois les talons libérés ! Le ski de randonnée ressemble un peu au ski Telemark, en montée, le talon est libre, en descente en revanche, on change l’attache et on repasse en mode ski. On s’habitue vite au final, sauf quand on descend, avec les peaux de phoques sous les skis… Impossible pour moi de m’arrêter sans tomber ou sans foncer dans la personne devant moi !
LA VIE CANADIENNE ET NOËL
Vous vous souvenez, j’appréhendais beaucoup l’anglais canadien avec les masques et l’accent québécois, toujours un peu compliqué pour moi à comprendre. Au final, je m’en sors plutôt bien. Les Canadiens sont faciles à comprendre, ils ont certes des expressions et traditions complètement nouvelles pour moi mais rien d’insurmontable. Quant au français québécois, je m’habitue. En fait, j’aime beaucoup ce pays pour la facilité que j’ai de pouvoir passer d’une langue à l’autre. Je préfère toujours autant parler anglais, mais le fait que les gens puissent parfois me dire quelques mots en français, parce que cela leur fait plaisir d’essayer, me touche énormément. Je me sens davantage considérée en tant que personne et non pas seulement en tant qu’étrangère comme cela a pu être le cas parfois en NZ. Ici, mon français ne dérange pas. Au contraire, il attire ! et pour rebooster sa confiance en soi quand on arrive dans un nouveau pays, il n’y a rien de mieux…
A l'approche des fêtes de fin d'année je dois avouer que je commençais un peu à paniquer à l'idée de fêter Noël. Les lumières ont vite envahi les rues début décembre et le souvenir de mon père, qui aimait tant décorer notre maison dans le nord de la France, me laissait un léger pincement au cœur. Sans compter les restrictions liées au Covid, j'ai donc eu beaucoup de mal à me décider sur ce que je ferais. Au final, après un repas partagé en visioconférence avec ma famille en France, j'ai passé le 24 au soir avec des amis, en mode séance ciné à l'extérieur et j'ai passé le 25 avec un autre groupe d'amis, à fêter Noël version canadienne. Une expérience de plus dans mon lot de traditions vécues à l'étranger et une jolie surprise puisque le soir du 25 décembre tombait 15 cm de neige. De quoi passer mon premier Noël blanc.
EXPAT EN PLEIN COVID
Beaucoup de gens m’ont demandé comment c’était d’arriver dans un nouveau pays en plein COVID. Sincèrement, il y a pire et je dois dire que j’apprécie beaucoup le fait de pouvoir découvrir le Canada sans l’afflux de touristes qui envahissent habituellement les stations de ski en hiver. Ce qui a été plus dur, c’est que pour une fois, je ne me suis pas vraiment laissée le temps « d’atterrir » avant de me lancer dans une vraie vie ici. Pire, je n’ai pas été très tendre avec moi-même. J’avais tellement envie et besoin de redémarrer quelque chose à zéro, que je me suis mise une pression qui aura eu le don de m’épuiser plus d’une fois. En fait, j’en avais oublié à quel point l’arrivée dans un nouveau pays requiert énormément d’énergie pour s’adapter. Tout est nouveau même quand les choses se ressemblent. J’ai passé beaucoup de temps à observer pour comprendre comment tout fonctionne ici, cette nouvelle culture, l’administration locale, les habitudes des locaux, le langage… Et, j’ai aussi donné beaucoup de mon temps et de ma personne pour pouvoir rencontrer du monde à mon arrivée. Se créer de nouvelles amitiés peut paraître anecdotique quand on connaît l’animal sociable que je suis, mais je vous assure que cela requiert une présence assez intense. Et je crois que c’est ça qui est le plus dur dans une expatriation en période de pandémie. Trouver l’équilibre entre le temps dédié à soi, celui dédié à l’installation dans ce nouvel univers et celui dédié aux autres.
DECALAGE HORAIRE
A tous ceux qui ont essayé de m’appeler ces derniers mois : mes excuses pour mon silence et mes absences de réponse. Mes excuses aussi pour tous ces appels manqués. Je crois que ce décalage horaire est l’un des plus durs émotionnellement que j’ai vécu, car il me faut constamment choisir entre vous et moi. Entre ma vie avec vous et ma nouvelle vie ici. Ce temps personnel que je prends habituellement le matin pour écrire et réfléchir s’est retrouvé envahit par les connexions avec l’Atlantique ou par les journées de ski dans la station sans réseau ou Wifi. Autant vous dire donc, que je n’ai passé que très peu de temps à m’asseoir avec moi-même et faire ce dont j’ai le plus besoin : écrire. Et cela aura participé certainement de très près à ce sentiment d’épuisement par vagues vécu depuis 2 mois.
Sans compter le fait aussi que j’ai beaucoup de mal avec le décalage horaire avec la France. Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais, en Nouvelle-Zélande, j’aimais bien blaguer sur le fait que je vivais dans le futur. C’est bête mais je n’avais jamais vraiment réalisé à quel point cela rendait les choses beaucoup plus faciles car je pouvais vous souhaiter Noël ou la nouvelle année en retard pour moi, j’étais toujours en avance pour vous... J’avais souvent l’impression d’avoir quelques heures de plus dans mes journées pour tout faire… Ici, je vis techniquement dans le passé par rapport à tous les pays dans lesquels sont mes amis. J’ai quasiment un jour de moins que la NZ et je suis 9h derrière la France. Vous me direz que cela ne change a priori pas grand-chose mais pour moi, cela n’a fait qu’intensifier ce sentiment constant d’être en retard sur tout… car quand vous commenciez à me souhaiter Joyeux Noël ou Bonne année, je ne faisais que commencer ma journée.
MEILLEURE AMIE/ENNEMIE
Le retour des conflits avec moi-même… C’est drôle comme l’amour de soi peut aussi venir par vagues... Depuis mon arrivée en terre des Caribous, j’ai été très déstabilisée par ce manque cruel de confiance en moi, comme ressurgit de nulle part. Allez savoir pourquoi, tout d’un coup, toutes ces étapes d’expatriation qui d’habitude me donnent des ailes et me surprennent pour ma capacité à les gérer haut-la-main, sont ici redevenues des sommets impossibles à gravir. Il y a des jours où je suis ma meilleure amie, d’autres où je suis clairement ma meilleure ennemie. J’ai eu beaucoup de mal à accepter le fait que je me sente aussi stressée ou paniquée et que je n’arrive pas à me poser 5 minutes pour souffler et relativiser. Je déteste ce sentiment de manque de temps et de manque de confiance en moi… Et je crois que le fait d’en être pleinement consciente est parfois encore plus dur à affronter que l’ignorance à ce sujet…
J’ai aussi été très impatiente avec moi-même depuis mon arrivée et vous écrire ce mois-ci m’aura enfin permise de m’en rendre compte… Je me suis mis une pression inutile, avec des exigences certainement un peu trop hautes pour des premières semaines en terre inconnue. Après tout, je ne suis dans ce pays que depuis trois mois et si d’habitude je m’en donne plusieurs pour prendre mes marques, ici tout est allé très vite ! De quoi provoquer donc ce sentiment d’avoir les émotions complètement en pagaille.
Tout cela sans compter aussi le fait que les mois de décembre et janvier ont depuis 2 ans cette saveur un peu amère qui me plonge chaque année dans un chaos émotionnel. L’anniversaire de mon papa au 15 décembre, les fêtes loin de ma famille, et la date anniversaire de sa mort au 12 janvier… Autant vous dire qu’il n’y a rien de plus remuant pour l’estomac et pour la tête que cette période de l’année. Si je me suis souvent sentie seule dans cette expérience du deuil qui, soyons honnête, ne s’arrête jamais vraiment mais s’espace juste dans le temps, j’ai eu la chance de rencontrer 3 personnes depuis mon arrivée, qui ont elles-aussi perdues un proche. Pouvoir partager mon histoire et mes vagues d’émotions sans peur du jugement avec quelqu’un qui soit aussi passé par là, c’est assez nouveau pour moi… Quand je leur dis que cela fait déjà deux ans ils me répondent que cela ne fait que deux ans… et ça, ça n’a vraiment pas de prix…
LA GRATITUDE
Au final, les jours passent, la vie continue et l’on a enfin atteint la fin de 2020. L’occasion pour moi, au milieu de ce bordel émotionnel qui aura comblé ces deux dernières années, de me rappeler que j’ai tout de même beaucoup de chance d’en être arrivée là.
J’ai déjà rencontré des gens formidables ici qui me soutiennent et m’épaulent depuis le début de cette aventure chez les Caribous et sans qui, je pense, l’expérience aurait été un poil plus intense. La chance aussi d’avoir trouvé une région qui me corresponde aussi bien, d’avoir un boulot et d’être dans une province où le Covid nous laisse encore vivre presque normalement. La chance d’avoir des amis de l’autre côté de l’Atlantique ou du Pacifique (oui oui, vous qui me lisez) qui m’ont aussi beaucoup soutenue ces dernières semaines. Et la chance d’avoir une famille et des amis formidables qui me laissent poursuivre et vivre mes rêves, coûte que coûte.
Alors, malgré toutes ces émotions en pagaille que je traverse et malgré toutes les vagues d’amertume, de tristesse et de manque, quand je pense à ces trois derniers mois chez les caribous, à mon année 2020, à ces deux ans depuis le décès de mon papa, ou à ces trois ans et demi depuis ma renaissance en Nouvelle-Zélande, je n’y vois que du positif. Et ce que je retiendrais à la fin ? Toutes ces rencontres incroyables, tous ces paysages magnifiques que j’ai parcourus, tous ces amis en or qui m’accompagnent depuis des années, tout cet amour qui m’a été donné, cette famille qui se ressoude après le drame, tous ces moments inoubliables passés à vos côtés, tout le soutien et les mains tendues, tous ces rires à n’en plus finir, ces soirées autour d’un verre de vin, ces pleurs partagés et tout ce chemin et cette évolution depuis le jour où j’ai décidé de prendre les routes de la vie…
Alors peu importe si les expériences qu’il me faut traverser soient tragiques ou magiques, heureuses ou malheureuses, faciles ou difficiles, elles me font chaque jour me sentir vivante et je crois bien que c’est ça, le sens de la vie. Ne pas chercher à vivre heureux, mais tenter de vivre pleinement, tout simplement.
HAPPY 2021 everyone
Je vous écris tout bientôt,
Prenez soin de vous,
Love. Co.
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