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Photo du rédacteurCoralie Marichez

3 outils pour gérer sa sensibilité face à un nouvel environnement



MOUNTAINS THAT WE CLIMB, ARE MOUNTAINS OF THE MIND.

Avez-vous déjà fait l'expérience d'un nouveau lieu, d'un nouveau décor qui en un instant vous apporterait apaisement, douceur de vivre, sérénité ? Au contraire, vous êtes vous déjà sentis complètement accablés par un nouvel environnement ?


La première fois que cela m'a frappée, c'est quand je suis allée vivre en Norvège. C'était juste après la disparition de mon papa et la première fois vraiment que je m'ancrais dans un village au milieu des montagnes. Pour une fille venant du nord de la France, je n'avais jamais réalisé à quel point le plat pays et l'horizon pouvaient avoir un impact positif sur mon état mental... jusqu'à ce que je n'ai plus que des murs de pierre autour de moi. Je me souviens avoir la sensation constante d'être enfermée. D'être bloquée. D'être complètement perdue sans être capable de me projeter dans un futur quelconque. Un peu comme si ces montagnes à gravir étaient devenues des obstacles dans mes quêtes personnelles.


Quand je suis partie pour la première fois à Bali en 2018, j'étais sans dessus dessous. Le vacarme dans les rues, le nombre de gens qui circulaient, la misère cachée derrière les murs, la saleté des rivières, le regard des gens appauvris et/ou assoiffés par l'argent du tourisme, les boutiques de surf ou de luxe qui ont remplacé les rizières, les bars et complexes qui ont envahi les plages... Tout semblait si intense que mon cerveau n'avait de cesse de questionner chacun de mes pas. Pendant que mon copain de l'époque s'épanouissait dans ce voyage, à l'intérieur de moi, je bouillonnais. J'étais déchirée par la beauté des paysages et par la réalité que personne ne semblait voir. Je n'arrivais absolument pas à profiter de ces vacances comme un touriste lambda et plus mon mec me le reprochait, plus je me sentais coupable de ne pas être "normale", de ne pas être capable "d'ignorer" tout ce que je voyais, comme 90% des touristes autour de moi.


Vivre en Nouvelle-Zélande a vraiment été une expérience à part entière. Avec leur culture du "she'll be right", les kiwis ont instauré un climat doux et apaisant sur l'ensemble des deux îles. Un contexte qui pour moi, venue tout droit d'Europe, avait eu le don de faire taire mes angoisses, une année durant. Sans parler de ces plaines vertes et des collines de la région de Tauranga, là où je vivais, qui avaient le don d'adoucir mon esprit. Un peu comme-ci tous ces sentiments que je traversais à l'époque n'étaient qu'émotions en mouvement. Toutes ces collines verdoyantes, je pouvais les grimper, les dégringoler, à toute vitesse comme une enfant. Il n'y avait rien physiquement dans mon environnement qui aurait pu m'arrêter d'avancer, mentalement. A l'époque, c'était comme une petite révolution en moi. Je n'avais absolument pas conscience des schémas de pensée que j'avais instauré, j'étais comme une enfant, à qui le monde ne faisait plus peur.


3 décors, 3 pays, 3 expériences et 3 états d'esprits complètement différents.


Depuis mon arrivée à Nelson, en Colombie-Britannique, je suis de retour dans les montagnes. J'ai longtemps cherché une ville qui puisse allier culture, sorties, restaurants, activités sportives, art et spiritualité alors je dois dire que, quand j'y pense, je me sens plutôt chanceuse d'avoir atterri ici. J'adore cet endroit. Mais, certains matins, je me réveille, je regarde par la fenêtre et je fais ce même constat. Ces montagnes que j'admire, elles m'étouffent aussi. Un peu comme ci elles avaient un pouvoir sur moi que je ne peux contrôler.


Quand on est une personne à la sensibilité élevée, le milieu dans lequel on vit ou dans lequel on évolue peut avoir un impact assez crucial sur notre monde intérieur. (Et vice versa.) J'en ai longtemps fait les frais, me détestant un peu plus chaque fois pour ma sensibilité qui m'empêchait de profiter de la vie autant que les autres. Pire, dans mes relations amoureuses, je me suis souvent sentie incomprise et jugée, car "incapable de faire l'impasse sur des émotions qui ne devraient pas avoir lieu d'être."

Mais alors, comment faire quand tout autour de nous nous impacte émotionnellement ?


3 OUTILS POUR APPRIVOISER SA SENSIBILITÉ DANS UN ENVIRONNEMENT CHALLENGEANT


1. ACCEPTER SA SENSIBILITÉ

Facile à dire, plus difficile à faire, mais accepter sa sensibilité c'est le premier pas à faire pour soi. En reconnaissant ce trait, on lui donne la place qu'il mérite et surtout, on réapprend à s'écouter soi-même. Aujourd'hui encore, j'ai beaucoup de mal à accepter ces moments où les montagnes qui m'entourent me paraissent trop noires, trop imposantes, trop présentes. Le plus compliqué c'est la frustration de ne pouvoir rien y changer. Je ne peux pas prendre la route pour la mer puisqu'elle se trouve à 8h de route de moi. Je ne peux pas grimper au sommet aussi facilement et rapidement puisqu'il n'y a d'autre accès que la randonnée. C'est un décor dont je n'ai pas le contrôle. Et ne pas avoir le contrôle sur quelque chose, est l'un des sentiments les plus compliqué à vivre pour une personne hautement sensible.

Toutefois, quand je parviens enfin à accepter que cette situation puisse me confronter à de l'inconfort, alors j'arrive bien plus rapidement à lâcher prise.


2. CHANGER DE PERSPECTIVE

Prendre de la hauteur, prendre du recul, changer de point de vue pour changer mon état d'esprit. Cela peut être de conduire jusqu'à un point de vue Ou entreprendre une randonnée pour me rendre au sommet. Ou reformuler mes pensées pour engager une autre vision sur ma situation. Parfois, pour avoir de nouvelles perspectives sur les sujets de la vie sur lesquels je suis bloquée, il me suffit d'observer la ville, cette fois non plus depuis la vallée, mais depuis le sommet ! et indirectement, c'est ma vision des choses du quotidien qui change. Je peux décider de détester ce micro appartement, sombre et en sous-sol dans lequel je vis OU je peux me répéter à quel point je l'aime pour son coté cozy qui me fait me sentir dans un cocon, à la maison.


3. PARTIR À L'AVENTURE

Cela peut être de prendre la route pour se rendre à quelques kilomètres et s'offrir un autre décor. Ou aller s'immerger dans les bois le temps d'une balade. Me poser au bord de la rivière pour quelques heures. Aller camper une nuit au bord du lac. Ou entreprendre un road trip de quelques semaines. Ce n'est pas toujours donné à tout le monde, mais pour moi, c'est définitivement l'outil le plus efficace. Être capable de reconnaître ma sensibilité et de pouvoir m'offrir des parenthèses. Même courtes. Et il n'y a rien de plus guérisseur que ce sentiment de liberté retrouvée.


Bon et puis, si aucun de ces outils ne fonctionne, et selon la situation, il peut être bon aussi parfois, de s'écouter, de changer de décor, et de le faire peut-être pour de bon... ! Quand j'ai quitté Paris j'étais terrifiée. Aujourd'hui, pour rien au monde, je ne voudrais retourner y vivre. Si j'ai passé beaucoup de temps ces dernières années à me sentir coupable et à me détester de ne pas être capable, "comme tout le monde", de passer outre les émotions provoquées par mon environnement, depuis la découverte de mon trait d'hypersensible je revis. La culpabilité qui me rongeait s'est estompée et je réapprends chaque jour à lâcher prise. Parce que je suis convaincue qu'au fond, cette sensibilité nous pourrions en faire un moteur plutôt qu'un frein dans notre quotidien.


Et vous, c'est quoi vos stratégies face à des environnements qui vous mettent au défi ?


A très vite,

Love.

Co.

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